Hey les jeunes !

Petite précision:

L'odeur de la terre froide et des feuilles en décomposition embaumait l'air. J'avançais avec prudence pour ne pas glisser sur le tapis piqueté d'orange ou trébucher sur une racine camouflée. Tous les arbres n'étaient pas encore dénudés, évidemment. Mars était encore jeune et plusieurs arbres portaient toujours leur feuillage vert, mais le changement de couleur et le dépouillage avaient commencé. Tout près de moi, mon Goupix chromatique avançait, s'arrêtait pour humer les feuilles mortes et recommençait, prenant garde à ne pas se laisser distancer. Alpha adorait le parfum de l'automne. Cette saison éveillait sa curiosité et lui donnait de l'énergie. Pas comme l'hiver, qui le rendait amorphe. Le manque de soleil et la neige l'ennuyaient profondément.

Las d'enfoncer sa truffe dans les feuilles, Alpha attrapa une brindille et vint marcher à mes cotés, le bout de bois dans la gueule. Des débris naturels s'accrochaient à sa fourrure, que je me promis de brosser en rentrant. Pour l'heure, je devais me concentrer sur notre destination : la cascade. D'après les rumeurs, M. Gontrand y avait été aperçu. Apparemment, le Donneur de Capacités adorait les balades en nature et ne demeurait jamais trop longtemps au même endroit. Il m'évoquait un peu Papi Fraser et son amour pour le camping. Un sourire fleurit sur mes lèvres. Je poursuivis mon chemin en imaginant les deux vieillards échanger des histoires autour d'un bon feu de camp.

L'écho de la cascade vint bientôt remplacer le murmure des arbres et le chant des Étourmi. Mes mains devinrent moites et mon estomac se contracta à mesure que j'approchais du torrent. Je n'aimais pas particulièrement les cours d'eau pour commencer, mais les chutes, c'était pire. Elles m'angoissaient. J'avais la désagréable impression qu'un rien pouvait me faire tomber à l'eau, que je m'assommerais et me noierais comme ça, brusquement, accidentellement.

Anxieuse, je soulevai Alpha pour le mettre en sécurité. Se sentant décoller, mon Goupix décontracta la mâchoire. Sa branche tomba par terre dans un bruit sourd. Agacé, il se dégagea et se hissa sur mon épaule. Je le sentis chercher son équilibre un moment, tournoyant comme un Caninos en quête de la bonne façon de se coucher. Ses pattes glissaient sur mon manteau, ses petites griffes refusaient de s'y enfoncer correctement. Il poussa un cri indigné, bondit dans mon capuchon et remua jusqu'à ce qu'il soit confortable. Enfin, il cessa de bouger. Par Zacian… C'était pas trop tôt !

Heureusement pour nous, M. Gontrand se trouvait un peu à l'écart de la cascade. Il était assis sur un rocher baigné de lumière, un bouquin entre les mains. Le lieu qu'il avait investi était idéal pour l'entraînement. Relativement plat, formé de terre et de plateformes rocheuses, comportant son lot d'obstacles naturels. Ces derniers étaient suffisamment distancés pour permettre aux Pokémon de se mouvoir, mais offraient également plusieurs possibilités à ceux qui aimaient jouer avec le terrain. Et bien sûr, le torrent pouvait accueillir les Pokémon Eau et leurs puissantes attaques. Le Donneur de Capacités avait l'œil. Je ne pouvais m'empêcher d'être impressionnée.

Lorsqu'il m'aperçut, il referma son livre et le déposa sur ses cuisses. Un sourire avenant étirait ses lèvres. J'accélérai un peu et lui souris en retour.

— Bonjour !
— Bonjour, répondit-il avant de se frotter le menton, songeur. Mmm… Si mes souvenirs sont bons, tu es… la demoiselle au Grillepattes. Un tout petit bonhomme auquel j'ai appris Sable Ardent, n'est-ce pas ? Un sacré caractère, cet insecte.
— Oui, c'est ça. Putain la mémoire ! Euh… non… Je veux dire… Wow !

M. Gontrand s'esclaffa, nullement offensé par mon langage. Ouf !

— Alors, qu'est-ce que je peux faire pour toi… ?
— Kalian. Et euh… Je peux vous poser une question ?
— Je t'en prie.
— Avez-vous déjà enseigné des attaques à des… Pokémon handicapés ?
— Handicapés ? répéta-t-il, décontenancé. Oui. Ils sont plus rares que les autres Pokémon, mais j'en ai vu passer. J'ai eu l'honneur d'enseigner Queue de Fer à un Libégon qui avait perdu son aile gauche. Un magnifique Pokémon, très déterminé. Son propriétaire en prenait bien soin, ça ne faisait aucun doute.
— Je vois… Dans ce cas, j'aimerais vous confier mon Ponyta. Il a une malformation au genou avant droit, mais il adore bouger et combattre. J'aimerais lui apprendre un truc… pour se défendre ? Ou pour contre-attaquer ? Enfin… Je ne sais pas trop… Mais j'aimerais qu'il ait plusieurs cordes à son arc !
— Ho ho ! Je pense que j'ai exactement ce qu'il lui faut : Météores. Tu la connais peut-être déjà, mais dans le doute, je t'explique. Peu importe où ton Ponyta se situera sur le terrain, et peu importe sa posture, Météores lui permettra de frapper l'ennemi. Cette capacité ne rate jamais sa cible. C'est une attaque spéciale, alors il n'aura pas besoin de bouger ─ et donc de se fatiguer ─ pour la lancer.
— Oui, je connais ! Météores, ce serait super ! approuvai-je joyeusement. Je vais vous présenter Messala !

M. Gontrand se redressa et abandonna son bouquin sur le rocher. Pendant ce temps, j'invoquai mon Pokémon et le rassurai à l'aide de caresses et de mots doux. Messala était un peu méfiant. Il alla d'abord renifler la main tendue de l'homme, puis pressa ses naseaux contre sa paume, comme il l'avait fait avec moi. Enfin, il lui emboîta le pas, non sans me lancer des regards nerveux, pour s'assurer qu'il ne risquait rien. Chaque fois que ses prunelles noires me trouvaient, je hochais paisiblement la tête. Il n'y avait rien à craindre.

Contrairement à la dernière fois, je décidai d'observer cet entraînement particulier. M. Gontrand présenta verbalement la capacité à mon Pokémon, qui l'écoutait avec attention. Messala était un bon élève. J'avais pu le constater lorsque je lui avais appris les bases de l'attaque Hypnose. Le seul point sur lequel il était désobéissant, c'était le repos. Il ne savait pas quand s'arrêter, ne respectait pas ses propres limites.

La paire enchaîna avec le volet pratique de l'enseignement. De longues minutes s'écoulèrent avant que quelque chose de significatif se produise. Le Ponyta commença par se concentrer sur un rocher. Ses oreilles remuèrent, ses flammes dansèrent plus lentement. Une éternité plus tard, il relâcha quelques traits de lumière dans sa direction. C'étaient de minuscules traces luminescentes ─ la queue d'une étoile filante à très petite échelle. M. Gontrand applaudit néanmoins, et Messala, qui souhaitait prouver sa valeur, réitéra l'exercice.

Les éclats de lumière grossirent peu à peu, jusqu'à ce que de véritables petites étoiles se détachent de mon poulain. Elles relâchèrent de jolies étincelles en percutant la roche et je me fis la réflexion que Météores devait être une capacité assez populaire en concours. Fier comme un roi, mon Ponyta hennit et secoua sa crinière de feu. L'ancêtre l'acclama de bon cœur, cette fois, et pas seulement pour l'encourager. Me laissant emporter, j'applaudis moi aussi.

— Et voilà, Météores ! s'exclama M. Gontrand lorsque le duo revint vers moi. Ton Ponyta a un don pour les attaques spéciales. Je vois que tu l'as bien entraîné.
— Merci beaucoup ! Et merci, mais… je n'ai rien à voir là-dedans. Je pense qu'il a développé ce don tout seul pour survivre dans la nature, révélai-je, tout sourire, en caressant l'encolure de Messala.
— Oui, les Pokémon sont très débrouillards. Alors, alors, alors… Que je me souvienne, le mois précédent, je te racontais comment j'avais attendu le bateau à la pluie battante, quelques semaines après mon arrivée ici. Oui… Il pleuvait très fort, tu sais, si fort que même les Goélise n'osaient pas tournoyer dans le ciel. Mais moi, ça ne me faisait pas peur. J'ai rassemblé mes affaires et…

Comme je l'avais fait la dernière fois, j'écoutai le conteur. Décidément, même s'il savait comment tenir son auditoire en haleine, ses histoires m'ennuyaient. J'avais besoin d'un visuel pour apprécier les récits, comme dans les mangas, comme dans les œuvres cinématographiques ou au théâtre. Les longs bouquins, les anecdotes de guerre, c'était moins ma tasse de thé. J'adorais celles de Papi Fraser, mais… c'était Papi Fraser, justement. Un personnage haut en couleurs. Le passionné de nature qui m'avait offert un canif à onze ans.

J'interrompis le Donneur de Capacités après trente ou quarante minutes, le remerciai à nouveau et rappelai Messala. Alpha somnolait toujours dans mon capuchon et n'avait sans doute pas eu conscience des récents événements, mais ça ne changeait rien. Mon petit doigt me disait qu'il serait très fier des progrès de son coéquipier ─ et beaucoup moins enthousiaste lorsque je le confronterais à la brosse, une fois de retour dans ma chambre.

J’étais content que Gontrand se trouve près d’un point d’eau ce mois-ci. Cela était un endroit parfait pour Makō. La Lohklass allait être heureuse de finalement pouvoir apprendre quelque chose de nouveau. Après tout, au moins, que je ne me rendre à un point d’eau celle-ci devait rester dans sa ball, chose que je trouvais assez triste. Enfin, je pouvais toujours la sortir sur la terre ferme, mais cela n’était sûrement pas très agréable pour celle-ci d’y être trop longtemps.

Ce fut Qrow qui avait trouvé Gontrand cette fois-ci, il était revenu nous chercher pour nous y guider. C’était drôle que ce fût lui qui l’avait trouvé, lui qui préférait se la couler douce, hors combats et moment plus chaotique. J’étais assis sur petit frère, petite sœur suivait à côté de ce dernier. On était arrivé près de Gontrand assez vite, la Feunard était aller le rejoindre d’un pas joyeux.

- Bonjour toi, tu as évolué aussi. Souriait-il. La Feunard poussait un cri joyeux, alors que l’Arcanin, donc moi aussi, par logique, avait fini à côté de notre sœur. – Ce sera toi, aujourd’hui ? Demandait-il envers la renarde de feu.
- Nan, comme y’a de l’eau, tu pourrais apprendre quelque chose à Makō. Libérais-je la Lokhlass de sa ball. Celle-ci semblait heureuse de sortir prendre un peu l’air.
- Bien sûr !

On avait, alors laisser l’homme avec Makō, allant attendre un peu plus loin. Cela avait duré assez longtemps, après tout, la Lohklass était encore jeune. Elle était tout de même parvenue à apprendre une attaque plutôt simple, qui était nul autre que Glas de Soin. Par la suite, j’avais remercié Gontrand pour simplement partir, puisqu’un nouvel étudiant était arrivé pour voir le vieillard.

Makō apprend Glas de Soin.