Errare humanum est [Ft. Klaus] / FINI

Ces deux petites pestes étaient rapides. Pour améliorer ma mobilité en milieu accidenté, mes pokémons et moi faisions parfois des courses, ce donnant un objectif d'arrivé qui était généralement difficilement accessible. Pour l'instant, Pableau avait le plus de victoires, suivi de près par Roméau. N'ayant pas l'agilité et la finesse d'un Pokémon, j'étais bon dernier.

Néanmoins, aujourd'hui était une belle journée et j'étais motivé à battre ce vieux Pableau et ce niais Roméau. Nous avions dû interdire à ce Métamorph chromatique de se transformer en Pokémon oiseau, puisque cela rendait le jeu beaucoup trop facile et beaucoup trop débalancé. Vêtu de mon attirail de sport, j'étais enfin prêt à leur mettre la raclé de leur vie.

Nous nous sommes dispersé assez vite, ayant comme point d'arrivé, un petit plateau en hauteur sur la montagne au loin. Les deux Queulorior partirent dans des directions opposés. Je fonçai directement vers la forêt, me disant que c'était ma seule chance de gagner. Je sautai habilement par-dessus les racines et les petits arbustes, esquivant adroitement les branches et les petits Pokémons larves qui ne faisaient que chercher un peu de soleil dans cette dense forêt.

Après une vingtaine de minutes, je m'arrêtai, essoufflé, et je regardai autour de moi, cherchant l'emplacement de la montagne. D'un geste rapide, j'enlevai la sueur de mon visage sans lunette, je courus vers un arbre géant et, en faisant un petit saut, je m'accrochai à une branche. Il n'était pas question de perdre plus de temps à courir dans une direction pour seulement me perdre davantage. Faisant mon Capumain, j'escaladai l'arbre suffisamment haut pour voir les environs. Je devais traverser une clairière et contourner légèrement le lac pour atteindre la montagne. Prenant une grande bouffé d'air pur, je descendis de mon perchoir, assez rapidement et un peu inconsciemment, en amortissant mon atterrissage avec une petite roulade stylé, m'impressionnant moi-même. Le temps n'était cependant pas à la rigolade. Je me remis à courir à en perdre haleine.

Les événements suivants se passèrent tellement vite. Alors que je franchis le seuil de la forêt aveuglé par la lumière du soleil, une tête bleue se jeta sur moi, me faisant tomber. Je fus surpris de voir un joli visage à quelques centimètres du mien. Quelques secondes après, je sentis une substance chaude couler le long de ma joue, puis une vive douleur commença à se faire ressentir. J'avais évité de justesse quelque chose d'extrêmement coupant, grand merci à cette mystérieuse demoiselle. Elle posa ses mains sur ma mâchoire, assez près de la blessure.

« Aaah… Ex-… Excusez-moi ! Oh… Nom d’Arceus… Je suis terriblement désolée… Vous êtes blessé. Je m’en veux terriblement… Je suis désolée ! Vous allez bien ? » dit-elle en s'asseyant sur ses genoux mettant un peu plus de poid  sur mes parties intimes.

Heureusement que j'avais cette coupure au visage, parce que vous pouviez être sûr que mon visage serait devenu rouge et que d'autres réactions se seraient produites. Toujours couché, je portai une main à ma joue pour voir l'étendue des dégâts. Ça commençait à brûler, mais je survivrai. Je m'empressai de rajouter pour la demoiselle.

“Je vais bien, je pense…, “ dis-je toujours un peu confus par ce qui venait de se passer.

Je me redressai en m'appuyant sur mes coudes, puis j'examinai rapidement la situation. Un Moustillion était présent à quelques pas de nous, il semblait inquiet. Je suspectais que c'était le coupable de l'attaque sournoise, mais il ne devait pas l'avoir fait exprès. Je reposai mon regard sur la jeune femme, avant de remarquer du sang couler le long de son bras et de son épaule.

“Mais vous saignez !” m'exclamai-je oubliant presque ma propre blessure.

Délicatement, je me dégageai de sous la demoiselle, faisant bien attention à ne pas faire de gestes trop brusques ou qui pourrait s'avérer embarrassants pour nous deux. Une fois mes jambes libres, ayant repris un peu de mes esprits, je m’assis aux côtés de l'adolescente et je regardai la blessure de la demoiselle attentivement.

“Ce n’est pas profond, mais il va falloir désinfecter et panser les blessures pour ne pas que ça s’aggrave.” Je regardai autour cherchant quelque chose qui pourrait faire office de bandage, je n’étais pas un expert, mais j’avais des bases quand même.

A part des feuilles, des branches et des arbres, les choix étaient plutôt limités. Je me résignai à prendre le bas de mon t-shirt entre mes deux mains et, habillement, je déchirai une languette de tissu, puis une autre. C’était rustique, mais cela suffirait. Une fois mes bandages improvisés fait, je portai mon poignet à la joue retirant un peu plus de sang qui s’écoulait le long de ma joue avant que ça s’aventure sur mon cou, faisant attention à ne pas contaminer le tissu.

“Ça vous arrive souvent d'attaquer de pauvres randonneurs sans défense, comme ça ? “ demandai-je avec un petit sourire narquois, pour détendre l'atmosphère, en étant visiblement concentré à faire le noeud dans le tissu pour arrêter le saignement.

Une fois satisfait, je soulevai le bras de la demoiselle aux cheveux bleus et je me mis à couvrir l'autre blessure, me retenant, pour une fois, de tout commentaire inutile.

“Voilà ! Ce n'est pas beaucoup, mais ce sera suffisant jusqu'à votre retour à Gakuen,” dis-je en retirant le restant de mon t-shirt, faisant une boule que j'appuyai délicatement sur ma joue, faisant la grimace.

Il était déjà ruiné, autant bien s'en servir d'éponge. Je laissai échapper un léger soupire, ayant toujours un petit sourire au visage. J'espérai secrètement que la blessure ne laisserait pas une vilaine cicatrice, laissant une marque hideuse sur mon si joli visage.

Alors que je me hâtai à la tâche, la jeune demoiselle s'était inquiétée de ma blessure, partageant sa crainte sur la possible cicatrice que la blessure pouvait provoquer. Cette inquiétude était mignon, ce qui me fit légèrement sourire, tout en continuant de traiter les blessures. Après tout, j’étais comme ça, je devais m’occuper des autres avant tout.

Elle appela son compagnon, qui était terriblement triste et semblait se sentir atrocement coupable. Il semblait jeune, possiblement un bébé et il ne devait pas savoir contrôler ses pouvoirs correctement. Il éclata en sanglot et se colla sur sa maîtresse. Je fronçai les sourcils ressentant une pointe de pitié, pauvre petite créature.

Elle répondit à ma question en me disant qu'elle regrettait presque de ne pas avoir l'habitude de faire ce genre de chose, réponse accompagnée par un petit sourire craquant et un petit clin d’oeil.  

Au retrait de mon t-shirt, je sentis que la jeune demoiselle était un peu déstabilisée, elle bafouilla un “merci” en devenant aussi rouge qu'une tomate, tout en détournant le regard. Je souris de plus belle, appuyant légèrement le tissu sur la blessure de ma joue, essayant de tamponner le plus gros du sang.

Quelques choses attira mon attention près du visage rouge de la jeune demoiselle. Une petite tâche toute jaune était présente, accrochée à une mèche de ses cheveux. Je me relevai, la main toujours appuyée sur la joue et j'approchai mon visage de cette chose, essayant de démystifier ce petit point jaune.

“Qu'avons-nous là ?” Un petit mouvement. “Ah, c'est un petit insecte qui semble bien vous aimer,” murmurai-je pour ne pas affoler la créature, petite, mais possiblement très puissante. “Ne faites pas de geste brusque, il pourrait prendre peur et vous attaquer… “

La créature devait avoir environ sept centimètres et il s'accrochait tant bien que mal à une mèche de cheveux comme si sa vie en dépendait, le vent risquant de le faire tomber à chaque bourrasque. On appelait cette araignée un Statitik, si ma mémoire était bonne.

Je levai ma main non ensanglanté vers la créature. Je sentis ses quatre petits yeux regarder ma main, mon visage, puis retourner sur ma main. Elle semblait considérer la possibilité de changer de perchoir. En effet, à peine trois secondes plus tard, en un petit saut, elle quitta la tête bleue de l'adolescent et vint se coucher dans le fond de ma paume.

“Je ne pense pas que nous nous sommes présentés. Je suis Klaus, apprenti Ranger et peintre, pour vous servir. “ dis-je en faisant une petite révérence.

De la paume ouverte, le Statitik semblait faire la même chose. Un petit rire sortit de mes lèvres, étirant la coupure sur ma joue, me faisant grimacer quelques secondes plus tard. C’était pénible, sourire m’était douloureux et, étant un type généralement souriant…  

“Je pense qu’il ou elle vous aime bien. “ dis-je en approchant la petite chose de la jeune femme, protégeant la créature des bourrasques de vent soudaines qui pourraient avoir raison de sa petite taille. “Je pense qu’il souhaite faire votre connaissance également.”

Voyant la réaction de Luna, je reculai légèrement pour écarter la petite créature de la jeune éleveuse. Elle semblait avoir horreur des araignées, ce qui était compréhensible. Après tout, chacun avait ses phobies et ses craintes. Les miennes ? Qui sait, peut-être que je n’en ai pas ?

Le Moustillon de Luna s’approcha du Statitk pour l’observer. Il posa une patte sur la créature, qui lui donna un violent choc électrique. Surpris, moi et le Moustillon sursautâmes. Il retourna rapidement sur les jambes de la jeune femme aux cheveux bleus, se tenant la main, ayant les larmes au yeux. Pour ma part, je retournai près du seuil de la forêt et je déposai délicatement l’araignée sur un arbre. Je lui donna un petit taptap sur la tête, faisant attention à ne pas l’écraser et je lui suggérai de faire attention à l’avenir. Sans demander son reste, il partit.

Je retirai le bout de tissu que j’avais d’appuyer sur la joue, faisant la grimace lorsque je sentis le tissus contre la plaie. Il était complètement rouge désormais. Je devais aller vite faire soigner cette mauvaise coupure au plus vite, mais je ne pouvais pas partir en laissant mes compagnons seuls dans la forêt. Ils ne devaient pas être si long.

D’un geste de la main que j’apportai vis-à-vis ma bouche, j’émis trois petits sifflements très aigues. Un seul signifiait danger imminent. Deux voulaient dire qu’on était perdu et que l’on avait besoin d’assistance. Trois fois désignait qu’il fallait se regrouper à l’endroit d'où provenait le bruit. Je retournai près de la demoiselle et je m’assis de nouveau, essayant de contenir la douleur à ma joue.

“Vous faites une bien jolie pairs, tout les deux. Dans d’autres circonstances, je pense bien que vous auriez pu être mes muses, “ dis-je avec un petit sourire charmant, je rajoutai rapidement. “Désolé pour le Statitik, je ne pensais pas qu’il serait aussi vénère…”

Je regardai distraitement au loin, tenant mon éponge d’une main et jouant avec l’herbe de l’autre, un peu distrait, attendant l’arrivé de mes compagnons. D’après les pratiques que nous avions fait, ils étaient toujours présents une dizaine de minute après le sifflement. C’était évidemment selon leur position à eux. Je demandai, pour pouvoir combler le silence.

“Parlez moi un peu de vous, Luna, d'où venez-vous, pourquoi être venue à Gakuen pour y apprendre l'élevage ?"

Alors qu’elle disait que son pokémon était peu doux avec les autres, j’eus un petit sourire. Les pokémons étaient, la plupart du temps, comme des humains. Ils avaient des caractères et des pensées bien à eux. C’était une des raisons pour lesquelles j’étais végétarien, je ne supportai pas de savoir qu’un Pokémon avait souffert simplement pour combler mon besoin de consommation.

J’écoutai l’histoire de la jeune demoiselle. Comme moi, elle venait de la région de Kalos, mais c’était une campagnarde puisqu’elle disait venir de Port Tempères. Enfin, campagnarde était assez exagéré, mais c’était comme ça que nous appelions les gens qui habitent à l’extérieur de la métropole. Était-ce prétentieux ? Un peu. Allais-je lui dire en plein visage? Pas du tout.

Elle déclara qu’elle avait pensé à être Ranger aussi, mais que finalement elle s’était décidé sur une profession un peu plus tranquille après s’être occupée de son compagnon sur deux pattes. Compréhensible, être Ranger était atrocement dangereux, la preuve était sur ma joue même et je n’étais même pas en train de sauver de jeune demoiselle en détresse, ni de Pokémon sans défense !

Luna s’excusa encore et me demanda à mon tour de me présenté, de lui donné mon histoire. Je pris une petite respiration, mon histoire n’avait rien d'exceptionnel.

“Vous êtes pardonnés.” dis-je en commancant, avec un petit sourire narquois. “Alors, je suis aussi originaire de Kalos, plus précisément Illumis. Mes parents étaient de célèbres Coordinateurs, mon grand frère est en voie de le devenir également.” repris-je cette fois plus pensif, les doutes sur mes choix revenait me hanter pendant une brève seconde. Je rajoutai en reportant mon attention sur la demoiselle, avec un petit sourire timide. “Vous devez vous demander pourquoi je ne le suis pas également ? Eh bien, sachant que je ne serais jamais à aussi doué que le grand Oliver Nirello, je me suis tourné vers quelque chose que je pourrais exceller sans avoir à subir la pression familiale.”

Je pris une petite pause, me surprenant d’être aussi franc avec une parfaite inconnue. Je réalisai qu’autant de détail ne l'intéressait probablement pas.J’haussai les épaules, avant de rajouter nonchalamment.

“Enfin, j’étudie pour être Ranger surtout pour protéger les autres et faire de ce merveilleux monde, un monde meilleur.” dis-je en désignant notre environnement de mon bras valide, comme pour appuyer mes propos.

Un froissement se fit entendre derrière moi, venant de la forêt. Curieux, je ne fis que tourner la tête pour voir ce que c’était. Ça ne pouvait pas être mes compagnons, ils ne pouvaient certainement nous avoir retrouver à peine cinq minutes après le signal…

Un petit sourire soulagé apparut sur mes lèvres lorsque Luna déclara ne pas connaître mes parents. A Illumis, j’étais connu pour être; “Le dernier gosse de Nirello et Valentino”. ou encore “Le petit frère de Theodore”. C’était difficile de se faire comparé en permanence comme ça.

La jeune demoiselle commença à jouer avec une de ses mèches de cheveux bleus, distraitement. Possiblement un petit tic nerveux, c’était mignon quand même. Regardant ses yeux bleus, je me demandai à ce qu’elle pensait. J’espérais qu’elle ne pense pas encore que c’était de sa faute cette petite blessure, c’était déjà du passé. Enfin, la blessure était toujours là, me faisait vachement mal et j’avais hâte de faire quelque chose pour guérir le tout, mais ce n’était pas sa faute, ni celle du Moustillon.

Elle reprit la parole en disant qu’être Ranger avait quelque chose de noble, puisqu’il la plupart des pokémons n’étaient que des créatures naïves. Acquisai à ses paroles, je ne pouvais qu’être d’accord avec cette affirmation. Elle s’arrêta subitement en lâchant un petit cri de douleur, d’un geste de la main, elle se débarrassa de ce qui venait de la piquer. Je plissai les yeux, curieux. Le statitik était de retour et il semblait vraiment vouloir l’attention de la jeune demoiselle. Il semblait têtu, surtout que je lui avait bien dit de faire attention aux humains.

Et il était tenace, cet petite araignée. Chaque fois que Luna le retira et le déposa au sol, il revenait à l'assaut. Amusé, je regardai la scène sans rien dire, lorsqu’elle demanda ce que le petit Statitik voulait d’elle. La petite créature jaune poussa un petit cri qui se voulait probablement être une réponse à sa question. Sans être mentaliste, je me doutais bien de ce que voulait ce Pokémon. L'éleveuse me regarda d’un air interrogateur. J’haussai les épaules et je dis d’un ton taquineur.

“Je vous ai déjà dit qu’il vous aimait bien. Je suppose que maintenant, vous êtes la nouvelle maîtresse d’un tout petit Statitik.”

Le Statitik s’arrêta et se tourna vers moi pendant un bon cinq secondes, comme s’il venait de comprendre ce que je venais de dire. Je lui fis un tout petit clin d’oeil à peine perceptible, bien qu’il ait ignorer mon conseil, j’aimais bien l’attitude de cette créature. Je repris à l’intention de Luna.

“En espérant que votre petit Moustillon ne soit pas jaloux de lui ! Ah, d’ailleurs, avez-vous déjà un nom pour ce petit bonhomme ?” dis-je en regardant le Statitik essayer de nouveau de grimper sur la demoiselle.