Psychiatrie - Théorie - La Kleptomanie [Mégami-Niamh-Klaus] / Fini

4 heure du matin. Un horaire quelque peu repoussant pour certains, nécessaire pour d'autres. Pour le psychiatre Drew Kaiten, c'était à l'heure actuelle, un mal nécessaire. Son déménagement avec sa fille, Mélodia, était récent et le nombre de cartons encore intacts ne semblait pas diminuer avec le temps. Bien qu’étant parvenu à louer une résidence luxueuse grâce aux fonds qu’il touche en réalisant des conférences, cela ne l’exemptait pas de la corvée de rangement. Plutôt que de passer ses soirées à se créer un endroit agréable à vivre, le quinquagénaire préféra donc se lever tôt afin de libérer de l’espace dans leur nouvel appartement. Quitte à faire cette corvée, autant le faire tandis que sa fille dort encore. Petit à petit, les cartons se vidèrent à l’inverse des étagères et autres commodes qui rapidement accueillirent les effets personnels de ces deux êtres apparentés. Le maître des lieux rangeait, tandis que sa compagne de toujours, Seriha, s’assurait que chaque élément prenne place sans dépareiller. Une attention au détail qui la caractérisait bien.

5 heure du matin. Le nombre de personnes réveillées dans le quartier semble augmenter petit à petit au vu du nombre croissant de lumière que l’on peut deviner à travers les volets et autres stores des riverains. C’est également le cas ici même, puisque Mélodia malgré l’heure précoce, vient de se réveiller pour venir saluer son père. Un petit sourire toujours présent sur ses lèvres, malgré son incapacité à parler, réchauffe un peu le cœur du veuf qui a enterré sa femme à peine quelques semaines auparavant. Cessant son rangement, Drew commença à préparer le petit déjeuner tandis que sa fille s’installa tranquillement sur l’un des tabourets surélevés de la cuisine. Un chocolat chaud, quelques tartines beurrées, le géniteur et sa progéniture partageaient un moment convivial bien que presque entièrement silencieux. Une fois leur petit déjeuner pris, ils entreprirent tous les deux de commencer à visiter la ville avant de se rendre à l’académie.

8 heure. L’escapade matinale prend fin alors que Drew et sa fille se rendent en salle de classe. Cette salle de classe allait être son lieu de travail pendant l’année à venir. Presque vierge de toute dégradation ou décoration, Drew n’hésiterait probablement pas à l’agrémenter de divers éléments au fil de ses cours. En entrant, on pouvait directement observer à sa droite un tableau blanc ainsi qu’une petite estrade en forme de L. Cette estrade suivait l’entièreté du mur jusqu’au coin droit et continuait jusqu’à la moitié du mur suivant où l’on pouvait retrouver un bureau et une chaise réservée au professeur. Ainsi, Drew disposait d’une vue légèrement en hauteur sur sa classe afin de pouvoir surveiller efficacement ses élèves en cas de comportement inadéquat.

Il était désormais temps pour l’ancien maître de conférence de commencer à prendre ses fonctions. Mélodia prit une chaise et s’installa dans le coin droit de la salle, à gauche du tableau sur la petite estrade. De son côté, Seriha se positionna sur le haut d’une étagère à gauche du bureau, étagère délimitant ainsi la limite de l’estrade professorale. 8 heure 30, la cloche sonna enfin, entraînant avec elle la formation d’un rang d’élève à côté de la porte d’entrée. Drew se positionna au niveau de la porte afin de les observer tandis qu’ils se disciplinaient. Une fois le groupe prêt, il se décala pour les laisser entrer.

« Entrez, le placement dans la classe est libre, peu m’importe où vous vous installez. »

Le désormais professeur, Dr Drew Kaiten, s’assied sur sa table de travail, les pieds dans le vide à cause de la hauteur supplémentaire imposée par l’estrade et commença ainsi à se présenter.

« Bonjour à tous. Mon nom est Drew Kaiten et je serai votre professeur de psychologie pour l’année en cours. Dans cette salle, je tâcherai de vous enseigner des notions de psychologie théoriques et vous aiderai ensuite à les appliquer dans la pratique. A première vue, ce que je vais vous enseigner aura probablement l’air inutile ou impraticable dans la vie courante, mais à l’instar des règles que je vous imposerai dans ce cours, chaque élément, chaque notion, a une raison d’être. Et ce n’est que lorsque vous aurez compris ces raisons que vous pourrez considérer ces notions comme acquises. »

Se redressant, Drew continua à expliquer sa méthode pédagogique à ses élèves afin qu’ils ne soient pas perdus dès la première heure.

« Vous serez évalués en fonction de trois critères distincts : la théorie, la pratique et l’assimilation du sujet. 15% de votre moyenne sont attribués à la théorie et à la pratique. Les 70% restants seront attribués à l’assimilation du sujet. Autrement dit peu m’importe que vous me récitiez mon cours ou que vous parveniez à passer les épreuves que je vous imposerai à vous et à vos Pokémon. Si vous passez à côté de l’essentiel du sujet, vous ne validerez pas ma matière. Je ne peux donc que vous conseiller de vous intéresser au fond et à la façon avec laquelle vous allez aborder les sujets que nous verrons ensemble. »

L’organisation de la notation fut rapidement écrite au tableau, histoire que l’image et le geste se joignent à la parole. C’est donc avec un feutre noir à la main que Drew se retourna pour leur faire face à nouveau.

« Pour finir, les Pokémon et tout autre objet relatif à vos compagnons de poche n’ont pas leur place lors de mes cours théoriques. En revanche, rien ne vous empêche de les sortir pendant les cours pratiques tant qu’ils ne perturbent pas son déroulement. Est-ce clair ? »

À ces mots, le regard de Drew se fit plus dur au point d’en glacer le sang des élèves les plus facilement impressionnables. Cette condition était non négociable et toute tentative d’y déroger se révèlerait vouée à l’échec.

« Je vous laisse 3 minutes pour vous assurer que vous êtes en adéquation avec cette règle. »

Tic.. Tac… Tic… Tac… Le nouveau professeur ne plaisantait pas. Dans 3 minutes, tout Pokémon ou objet relatif à ces petites créatures de poche aimées de tous serait immédiatement pris en charge par le professeur. Une prise en charge que peu de gens apprécieraient comme le suggérait l’expression marquée sur le visage du psychiatre.

« Des questions ? »

HRP - Merci de bien préciser où vous vous placez dans la classe. Ce sera important pour moi plus tard.

Psychiatrie - Théorie - La Kleptomanie

Comment ça, la kleptomanie ?!

Niamh avait passé la nuit à faire ses comptes. Pertes, bénéfices, bonus, imprévus : bourse d'études, pourboires ou vols. Sa comptabilité, malgré son jeune âge, était très minutieuse. D'autant plus que ses activités avaient été bien mouvementées, ces temps-ci : avec la rentrée, et le stress qui y était associé, elle avait multiplié les sorties, et s'était contrainte, du même coup, à multiplier les spectacles et les larcins afin de remplumer son porte-monnaie.

Bref : il était 8h10, et l'adolescente venait de se réveiller, son visage enfoui dans ses bras... Encore assise à son bureau.
Elle avait regardé l'heure, fatiguée, puis son emploi du temps, vaguement paniquée.
Et maintenant, elle courait comme si sa vie en dépendait.

Elle avait tout de même pris le temps de se coiffer, tout en enfilant une simple robe rouge : et, il lui restait donc cinq minutes pour faire son arrivée en classe.
Baron sous le bras, ses pieds frôlaient à peine le sol (ou du moins, c'est ce qu'on dirait), et elle espérait arriver à temps. Pas que la matière l'intéressait plus que ça, mais elle savait, depuis le temps, que rater les premiers cours était rarement une bonne idée : surtout lorsqu'on était une élève dissipée.

Niamh faillit rater la salle de classe, faisant demi-tour précipitamment pour se retrouver aussitôt face à un rang d'élèves. Elle se retourna une nouvelle fois, et aperçut au bout du dit rang, un homme d'âge mur, un tantinet intimidant, qui semblait attendre le silence. Essoufflée, confuse, l'apprentie coordinatrice attendit la suite, se demandant s'il s'agissait de sa classe ou pas. Elle jeta tout de même un oeil aux élèves présents.

Oooh, mazette.
Il y avait le type à l'holokit.
Hum. Claus ?

Pas de problème : de toute façon, impossible de se faire reconnaître dans cet accoutrement ! Après tout, sa robe simple était bien loin du faste de son costume de scène, notamment sa sublime cape de velours-- et ses bottes, qui lui donnaient l'air d'être un peu plus grande.

Les élèves entrèrent en classe, et Niamh, qui n'avait pas trop écouté, se contenta de les suivre distraitement. Elle évita soigneusement les deux premiers rangs, s'installant comme à son habitude au troisième, côté couloir, son Bulbizarre allongé sur la chaise voisine à la sienne. Pendant que le professeur-- Drew Kaiten, se présentait, le regard de la magicienne vagabonda dans la salle, pour s'arrêter sur la jeune femme assise près du tableau. L'accoutrement et l'allure de la demoiselle laissa une impression étrange à Niamh, qui ne pouvait s'empêcher de la fixer, intriguée. Son goût prononcé pour les costumes, de plus, la rendait définitivement curieuse.

Néanmoins, elle prêtait une oreille attentive à ce que racontait le professeur, attendant qu'il parle des modalités d'examen. Le but : savoir si elle pouvait se permettre de sécher les cours suivants, ou pas. Le sujet lui paraissait parfaitement quelconque : la psychologie, ça ne l'intéressait pas du tout. Elle estimait comprendre comment sa propre personne fonctionnait, et, de ce fait, n'en avait rien à faire de la psyché d'autrui-- néanmoins, elle se demandait, au fond, si certaines connaissances ne pourraient pas l'aider à accomplir ses larcins, et cacher sa double-identité.

Mais, peu après, l'adolescente fut incapable de masquer sa déception.

« ... Autrement dit peu m’importe que vous me récitiez mon cours ou que vous parveniez à passer les épreuves que je vous imposerai à vous et à vos Pokémon. Si vous passez à côté de l’essentiel du sujet, vous ne validerez pas ma matière. »

Elle était obligée de venir. Oh... Quelle plaie. Elle soupira : soupir, discret, qui était probablement passé inaperçu, parmi les autres élèves. Et puis, autre déception : voilà que m'sieur Kaiten voulait faire rentrer tous les Pokémon. Et son Mentali là-bas, il en fait quoi ?! Mais, fatiguée, Niamh ne trouva pas la force de protester : d'ailleurs, m'sieur Kaiten lui faisait un peu peur. Elle se contenta de soupirer une nouvelle fois, avant de faire rentrer son Bulbizarre chéri dans sa copain-ball. Voilà : elle n'avait plus rien à admirer, à présent. Alors son regard se posa à nouveau sur la jeune femme de l'estrade, dans son accoutrement excentrique.

« ... Des questions ? »

Il ne l'avait pas présentée. Pas que ça intéressait particulièrement Niamh : lasse, l'adolescente voulait seulement retourner dans son lit. Elle était surtout intriguée par l'apparence singulière de la demoiselle. De ce fait, l'étudiante attendit simplement la suite, sa tête enfouie dans ses bras.

note : Niamh est donc placée au troisième rang, côté couloir.

awful

Les sciences et les mathématiques étaient probablement les matières dont j'avais le moins d'affinité. C'est pour cette raison que j'avais plutôt hâte de suivre le cours de psychologie qui suivait le lendemain. Il est vrai que je ne voyais pas tant le lien de la psychologie avec mon cursus de Ranger, mais je pouvais bien m'imaginer utiliser cet future connaissance et l'incorporer dans mes dessins. Peut-être que ça rendrait mes dessins plus… vivant ?

Systématiquement, j'étirai le bras vers le haut de ma commode, là où devait être mon Holokit, avant de m'arrêter dans mon geste et en laissant échapper un petit soupire, me rappelant que je l'avais perdu. Je m'étais renseigné auprès des gens, la majorité des élèves s'était moquée de moi pour avoir été si naïvement été victime de Goupelin III, reconnue pour être une prestidigitatrice qui ne faisait pas qu'uniquement disparaître des pièces, mais également votre porte-monnaie.

J'apportai quelques touches sur le portrait que j'avais fait de Goupelin III dans mon petit cahier de note. Si nous regardions ce carnet depuis le début, nous y verrions une panoplie de feuilles blanches, puis environ à une vingtaine de pages de la fin, plusieurs portraits.

La série commençait avec un dessin de Theodore dans toute sa magnificence portant un sourire narquois au visage et à ses côtés, son fidèle Cizayox. Le portrait d'après consistait d'un couple heureux avec de grand yeux remplis d'amour, mes parents. Deux pages vides plus tard, nous pouvions y voir Meera le regard perdu dans un horizon invisible, Mimikyu dans les bras. La page suivante contenait Leon avec un petit sourire moqueur, de grand yeux perçant et un air prétentieux, mais charmeur, celui-ci n'était évidemment pas une caricature comme je lui avais donné lors de mon arrivée. Pour finir, la mystérieuse Goupelin III dans son costume élégant, les bras ouvert et sceptre à la main, omettant volontairement la cape de velours.

Satisfait des changements apportés sur le dessin, je fermai le cahier et ma lumière pour sombrer dans un doux sommeil. Je me réveillai naturellement vers six heures du matin, je m'étirai et me préparai à faire mon entraînement matinal pour commencer la journée du bon pied. En cette matinée printanière, l'air était pur et frais, je regrettai quasiment de devoir aller au cours, mais j'avais des responsabilités et des devoirs !

Il ne me restait qu'une heure environ avant le début du cours. Je pris une dizaine de minutes pour aller manger de bons fruits frais à la cafétéria et je retournai dans ma chambre, me préparant pour le cours à venir. Je m'habillai d'une petite chemise blanche à manches longues et d'une paire de jean. Malgré le style simpliste, j'avais quand même fier allure ! Voyant qu'il était déjà huit heures dix, je pris mes lunettes, les glissai sur le bout de mon nez, pris mon cahier et sortis de ma chambre en direction de la classe, laissant Pableau faire la grasse matinée pour la cinquième journée consécutive.

La cloche sonnait à peu près cinq minutes après mon arrivée devant la porte du local. C'était sans surprise que je constatai que ni Leon, ni Meera n'étaient présents au cours de psychologie. Après tout, ils étaient tous deux éleveurs, ils devaient bien avoir d'autres classes à suivre, par exemple comment faire l'élevage de Magicarpe. J'entrai dans la classe dans les premiers, je me dirigeai vers une table qui était au centre, bien devant le professeur.

Justement, parlons de ce professeur. Il était intimidant avec son regard froid, ses cheveux et barbe poivre sel et la grande aura de confiance qu'il dégageait. Je me doutais qu'il n'était pas du genre à prendre les choses à la légère, que ce soit des élèves turbulents ou un simple rhume, tout devait si intense avec lui. Heureusement que j'étais un jeune homme courtois et studieux, je n'avais pas à m'inquiéter… J'espère. Professeur Kaiten pris la parole, j'ouvris discrètement mon cahier sur une des premières pages et je commençai à prendre des notes.

Professeur Drew Kaiten. Pratique et théorie égale quinze pourcent chaque. Assimilation de la matière égale soixante-dix. J'écrivis ces informations sans regarder ma feuille, portant une attention particulière aux paroles du professeur, essayant seulement de noter les informations pertinentes.

Il nous avisa que les pokémons étaient interdits durant ses cours pratiques, mais pas durant les pratiques, ce qui était très logique. Personne ne voulait entendre un Goifrex ronfler pendant que le professeur faisait son monologue. Il nous laissa exactement trois minutes pour faire revenir nos petits amis de tous les jours dans leur Pokéball. Naturellement, même si Roméau n'était pas sorti, je m'assurai quand même que sa balle soit toujours sur moi.

« Des questions ? »

Une fois la vérification faite, je levai ma main libre dans les airs, j’attendis quelques instants pour qu’il la remarque et je lui demandai en essayant de soutenir son regard intimidant, commençant à douter de la pertinence de celle-ci.

‘'Juste une toute petite question... Est-ce que nous devons vous appeler Monsieur Kaiten, Professeur Kaiten ou Docteur Kaiten?”

Une fois le dernier mot sorti, je détournai le regard. Je n’étais pas facilement intimidé, mais je devais m’avouer vaincu devant cet homme de stature imposante.

Megami avait passé la nuit à bien dormir. Entraînements, matchs, stratégies, lancers de balls ou simples songes loufoques. Ses rêves, malgré son jeune âge, étaient optimisés. D'autant plus que son sommeil avait été bien mouvementé, ces temps-ci : avec le changement de chambre, et le lit qui y était associé, elle avait multiplié les coups dans le mur, et s'était ainsi trouvée dans l'obligation d'augmenter en conséquence les premiers soins afin de faire disparaître ces vilaines contusions...

Ah ouais non mais si vous mettez un post entre temps aussi, on va pas y arriver, hein. C'est malin ça.

Bref. Ce qu'il faut retenir, c'est que la jeune dresseuse disposait d'un bon rythme de sommeil, qui lui permettait d'être en forme toute la journée en étant performante en cours et bien réveillée. Cela en parvenant, bien entendu, à se lever suffisamment tôt chaque matin pour faire quelques exercices de base avec Bombydou, pour renforcer son obéissance. « Par ici ! Recule ! Attrape-ça ! Attrape-les tous ! »
Ce genre d'ordres simples à comprendre et à mettre en œuvre, qui permettent malgré tout de bien travailler. C'était une première étape avant de passer à l'exécution parfaite des attaques, moyens de défense et esquives, tel qu'on le pratiquait en combat.

Cette activité leur prenait une petite quinzaine de minutes généralement, entre le moment où la jeune blonde s'habillait, et le moment où elle prenait son petit-déjeuner, ou déjeuner tout simple pour nos amis les Québecois.
Un mode de vie bien saint, en somme, qui était généralement chamboulé les jours où elle n'avait pas cours, en passant plus de temps sur des jeux vidéo.

Une fois prête et ayant enfilé son précieux manteau dans lequel les balls de ses Pokémon étaient enfermées, ainsi que son sac de cours, elle descendit tranquillement le dortoir des élèves depuis son quatrième étage, en laissant son esprit vagabonder d'une pensée à l'autre sans vraiment faire attention à ce sur quoi elle se concentrait. Même le sujet du cours ne l'intriguait pas plus que ça pendant cette route et n'occupa pas énormément ses pensées, se disant tout simplement qu'elle verrait bien ce qu'il en serait une fois assise dans la salle de classe. La psychologie était sans doute un sujet à propos duquel elle n'avait jamais profondément réfléchi auparavant, donc il s'agirait possiblement d'un nouveau centre d'intérêt qui s'ouvrirait à elle.
Et si elle était appliquée à celle des combats, c'était encore mieux !

Voilà, ce fut à peu près tout ce à quoi elle pensa concernant cette matière, et ainsi quelques minutes plus tard, elle arriva parmi les premières devant la salle de classe, plus ou moins dix minutes avant le début officiel des cours, toujours sans faire attention à ce qui se passait autour d'elle et quel genre de personnes y aurait-il dans cette salle de classe.
Le professeur, ponctuel, les invita à rentrer à l'heure, et Megami rejoint à ce moment la place qu'elle avait pour habitude d'occuper, du côté de la fenêtre au deuxième rang. De cette façon, elle était en mesure de tout écouter sans peine, en jetant parfois un regard au dehors par la fenêtre lorsqu'elle se déconcentrait quelques instants ou pour y chercher des idées, tout en n'étant pas au contact direct avec le professeur, fait qui pouvait parfois la perturber en sentant un regard potentiellement lourd de significations vers sa feuille.

Elle sortit rapidement de quoi écrire, puis écouta les présentations du professeur qui se trouvait être un homme plutôt âgé et intimidant, avec sa grande taille. Sérieux et qui rigole pas, aussi. On voyait directement qu'il était du genre à aimer faire des mots-croisés et mettre son pied dans quelques arrière-trains, en tout cas. La question était maintenant : Est-ce que M. Kaiten n'avait plus de mots-croisés... ?

Mais ne soyons pas médisants ! Pas tout de suite.

Alors qu'elle écoutait attentivement ses modalités d'évaluation, qu'elle appréciait assez soit dit-en passant puisqu'elles semblaient s'appuyer vraiment sur la compréhension du cours plus que sur un apprentissage bête, la dresseuse ne pouvait s'empêche de jeter quelques coups d’œils interloqués à la jeune fille plantée sur la chaise à côté du tableau. Elle avait en effet bien une question, « C'est qui elle en fait ? », mais elle préféra se raviser, non seulement parce que ce n'était sans doute pas utile de le savoir, mais en plus car ça ne la concernait certainement pas. Peut-être une stagiaire, tout simplement ?

Inutile pour Megami de répondre à cette demande de rangement des Pokémon, puisqu'elle ne les sortait de toute façon jamais en cours sauf quand cela était nécessaire.
Elle se contenta donc d'attendre la suite des événements, et notamment la réponse à la question qu'un jeune homme venait de poser, qui lui semblait au passage bien insignifiante.

Le coude posé sur la table et le poing retenant son manteau, tandis que son autre main s'occupait de tenir un stylo, elle patienta.

Les trois minutes étaient désormais écoulées. Il y eut comme attendu quelques soupirs et quelques petites interjections, mais rien qui ne méritait que l’on s’y attarde. Globalement, la presque intégralité de la classe s’est rapidement adaptée à cette règle. Drew se serait attendu à rencontrer quelques récalcitrants, après tout, certaines personnes sont tellement entichées de leurs Pokémon qu’ils sont incapables de s’en séparer ne serait-ce qu’une heure. Heureusement, ce ne fut pas le cas ici. Ces petites têtes blondes n’étaient pas encore devenues accro à leurs compagnons de poche. Un bon point en somme.

"Juste une toute petite question... Est-ce que nous devons vous appeler Monsieur Kaiten, Professeur Kaiten ou Docteur Kaiten?"

Une question légitime après tout et qui méritait une réponse plus subtile que la moyenne. Drew récupéra son trombinoscope dans sa mallette afin de pouvoir retrouver rapidement le nom de ce jeune homme à la taille imposante.

« Mr… Nirello c’est bien ça ? C’est à vous de décider. Il est vrai que je suis psychiatre de profession et qu’à ce titre, l’appellation de docteur me fut accordé au terme de mes études. Toutefois, à moins que vous ne deveniez mon patient, je ne pense pas que l’usage de cette étiquette soit nécessaire. Pensez-vous avoir besoin d’une consultation Klaus ? »

Un peu d’humour ne fait pas de mal. Maintenir les élèves sous tension à chaque fois qu’ils seraient face à lui ne serait pas propice à leur progression. Bien que choisissant de rester sévère, le professeur aurait avant tout besoin de tisser un lien de confiance entre ses élèves. Une relation délétère n’aurait que très peu de chances de porter ses fruits.

« Quant au fait d’utiliser ‘Monsieur’ ou ‘Professeur’, je vous en laisse le choix. Bien qu’ayant déjà réalisé des conférences au niveau universitaire je n’ai pas obtenu le titre professeur durant ma carrière. Vous n’avez qu’à m’appeler ‘Monsieur Kaiten’ pour commencer et si au cours de l’année vous estimez que j’aurai mérité cette appellation, vous n’aurez qu’à passer à ‘Professeur Kaiten’. Ce sera une bonne façon pour moi d’observer l’évolution de nos relations Professeur-Élèves. »

Les bases étaient posées. Toutefois, on pouvait sentir quelques regards interrogatifs présents dans la salle. Des yeux qui, se détournant du professeur, se fixaient principalement sur sa fille. Puisque ces regards avaient peu de chance de s’éteindre pendant le cours, il valait mieux ne pas laisser d’ambiguïtés sur la présence de Mélodia. Ainsi, les élèves pourront plus rapidement se concentrer sur le cours. Drew se tourna donc vers sa fille et lui demandât :

« Mélodia, revue de détail ? »

La jeune femme se leva et acquiesça. Lentement, elle descendit de l’estrade se révélant donc entièrement au regard du public. Petit à petit, son regard se posa sur chaque élève et leurs affaires, cherchant à voir si quelques rares contrevenants subsistaient dans cette classe. Passant dans les rangs, elle s’arrêta à un moment face à l’un des élèves.

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Ce petit sourire n’annonçait rien de bon. Mélodia se baissa et posa sa main sur le sac à dos de la personne concernée. Lentement, elle ouvrit la fermeture éclair dudit sac, révélant à l’intérieur la présence d’un Chenipan qui accueillit la jeune femme dans son antre avec un grand sourire. Malheureusement, le charme de cette chenille ne suffirait pas à changer son destin.

« Il y en a toujours un qui pense pouvoir tirer son épingle du jeu. »

Drew se rapprocha de l’élève en question, un jeune qui n’en menait désormais pas large après avoir été débusqué ainsi devant toute la classe. Se mettant à sa hauteur, le psychiatre commença à le fixer de ses yeux froids.

« Jeune homme. Votre conviction à croire que vous pouvez vous permettre de déroger à certaines règles m’interroge. Elle vous sera probablement précieuse plus tard lorsque vous serez en difficulté, ne la perdez donc pas. En revanche, je ne vois pas dans le cas présent ce qui valait la peine de prendre un tel risque. Apprenez à faire preuve d’un peu plus de discernement. Je vous prie de ramener ce Chenipan dans sa Poké Ball avant que je ne m’occupe de lui personnellement. »

Le jeune garçon avait perdu et il avait eu l’intelligence de le comprendre. Sans faire plus de vagues, il rappela donc sa créature. Mélodia continua sa revue de détail et s’arrêta à l’extrémité du troisième rang, au niveau d’une jeune femme habillée d’une magnifique robe rouge. Son aînée aux yeux écarlates pouvait ressentir sa frustration face à la situation actuelle. Il ne faisait pas de doutes qu’elle commençait à remettre en cause le bien-fondé de sa présence dans ce cours, mais contrairement à son camarade, elle n’avait pas souhaité mettre son professeur au défi. Depuis le début du cours, Mélodia avait senti les regards attentifs que cette jeune femme lui portait mais ne s’en était pas vexé pour autant. Elle sentait que son regard était plus interrogatif qu’autre chose. Elle désigna sa robe de sa main, puis montra l’une de ses pupilles avant de la gratifier d’un magnifique sourire. Bien que muette, elle exprima le fait qu’elle appréciait beaucoup la couleur du vêtement de cette élève encore inconnue, qui lui rappelait la couleur de ses yeux.

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Terminant ensuite son tour, la sentinelle improvisée de cette salle de cours remonta sur l’estrade aux côtés de son père.

« Je vous présente Mélodia, ma fille. Elle fut victime d’un grave accident de train il y a quelques semaines et a perdu l’usage de la parole suite au traumatisme. Bien que cela puisse sembler sibyllin et inhabituel, je préfère donc la garder auprès de moi pendant sa convalescence. J’ai l’espoir que les rencontres qu’elle fera dans cette académie lui permettront d’améliorer son état. Je vous serai reconnaissant de la considérer comme des vôtres bien qu’elle soit votre aînée et qu’elle travaillera avec moi à votre éducation. »

A ces mots, Mélodia salua tout le monde en s’inclinant légèrement en avant. Puis, elle retourna s’installer sur sa chaise dans le coin de la classe. Drew reprit ensuite la parole. Le cours allait pouvoir commencer.

« Bien. Il est temps de commencer. Pour ce premier cours, je souhaiterai vous parler en premier lieu d’une maladie mentale simple et connue, mais généralement mal comprise ou interprétée : la Kleptomanie. Cette maladie est assez rare vu qu’elle ne touche qu’entre 0.3 à 0.6% de la population d’après les statistiques de la région de Kanto. Pour la résumer simplement, elle est définie comme la tendance aberrante à voler des choses sous une impulsion qu’il est difficile de contrôler. »

Se tournant vers le tableau, il cessa d’observer ses élèves afin de se réserver une forme de « surprise ». Il continua ses explications en commençant à noter les éléments centraux au tableau.

« Les critères de diagnostic principaux sont les suivants : en premier lieu, un fort et incontrôlable désir de voler qu’il est presque impossible de contenir, la victime tends à voler au minimum 3 fois par an. Le second critère est que le vol n’est ni prémédité, ni soutenu par un besoin personnel ou une question pécuniaire. Les objets volés sont rarement de valeur et sont principalement des éléments du quotidien. Il n’y a donc pas de motif particulier à réaliser le vol. Le troisième critère est la propension de la personne à s’imaginer en train de commettre un vol ou à se voir en voleur lors d’hallucinations ou de fantasmes par exemple. Pourtant, ces personnes n’ont aucun désordre mental, leur structure éthique et les valeurs sont pleinement développées et généralement semblable à celle de leurs proches. Ils ne volent donc pas pour exprimer une colère, un désir de vengeance ou autre forme de frustration. Lorsque le vol a été réalisé avec succès, ils en retirent en revanche une forme d’excitation face au succès qui leur procure un fort sentiment de relaxation et de satisfaction. »

Le professeur marqua une petite pause avant de se remette à faire face à ses élèves.

« Tout ceci concerne donc l’action du vol en lui-même. Lorsque l’on s’intéresse à la phase qui suit, on se rend compte que les kleptomanes ont tendance à garder les objets dans un endroit secret et sécurisé sans les utiliser ou les vendre. Ils peuvent très bien les garder ensemble parce qu’ils apprécient de pouvoir les voir. Ils peuvent également les détruire ou les ramener à leur propriétaire d’origine. Un point très important en revanche : ils agissent seuls. Leur démarche est strictement personnelle et ne se repose pas sur un partenaire ou un assistant. »

Drew commença à observer le degré d’attention de ses élèves, tâchant de voir par lui-même si certains sortaient du lot ou non. Il termina son explication en s’attardant sur les conséquences psychologiques du vol.

« Pour finir, étant donné comme je le disais que les kleptomanes ont un sens de l’éthique et de la droiture semblable aux autres, il leur arrive de s’auto-accuser du vol ou bien de se sentir coupable après avoir commis leur forfait puisqu’ils considèrent que leur action est en désaccord avec leurs propres valeurs. De plus, lorsque l’on demande à un kleptomane la raison de ce vol, ils répondent généralement qu’ils ne savent pas pourquoi ils l’ont fait. Ils n’ont pas idée de la raison puisque le vol n’est que pur impulsion et lorsqu’ils sont pris sur le fait, ils confessent généralement leur méfait. Enfin, les personnes victimes de cette maladie ne proviennent pas de milieu sociaux ou économiques difficiles. Ce sont généralement des femmes ayant un emploi ou un statut légal avec un salaire fixe et une vie décente. Certaines sont mêmes des célébrités locales, détenteurs d’un haut diplôme ou d’un bon statut social. »

Les réactions de plusieurs personnes semblaient indiquer un potentiel intérêt pour le sujet, voir une liaison directe avec la notion de vol. Pour s’en assurer, Drew se tourna cette fois vers son Mentali afin de confirmer ses soupçons.

« Seriha ? »

La Mentali frappa l’étagère sur laquelle elle se trouvait avec sa queue à trois reprises. Trois personnes. Trois personnes, dont les réactions furent observées par Seriha, semblent avoir une réflexion plus poussée sur le sujet ou des questions susceptibles de faire avancer ce cours dans la bonne direction. Leur réaction, plus singulière que celle de la moyenne, attira donc l’attention du Pokémon de Drew, seule créature présente dans la pièce. Seriha les désigna uns à uns de sa queue vertébrale, permettant ainsi à Drew de les nommer avec son trombinoscope.

« Mesdemoiselles Megami Hells, Niamh Mafoxy et Monsieur Klaus Nirello. Pourriez-vous partager avec nous vos interrogations ou votre ressenti sur ce sujet ? Chacun votre tour, comme vous le souhaiter, nous sommes là pour débattre. Si vous me sembler vous écarter du sujet je vous réorienterai si nécessaire. »

Psychiatrie - Théorie - La Kleptomanie

Comment ça, la kleptomanie ?!

Niamh, épuisée, n'avait pas prêté attention à la question de Klaus, ni, pour ainsi dire, à la réponse qui lui avait été donnée. Son visage enfoui dans ses bras, elle relevait parfois la tête pour s'assurer de ne rien rater d'important. Quand soudain, le professeur Kaiten s'adressa à une certaine Mélodia : ce qui ne manqua pas d'intriguer la magicienne, qui associa presque immédiatement ce nom à la mystérieuse jeune femme assise non loin de là. C'est avec une surprise teintée de curiosité que l'adolescente aperçut cette... assistante ? Stagiaire ? Détecter un Pokémon dissimulé dans le sac d'un élève sans difficulté apparente. Lorsque M. Kaiten s'adressa à l'élève en question, Niamh ne put réprimer quelques frissons : elle-même loin d'être irréprochable, elle n'aimait pas trop l'attitude de l'enseignant, et espérait ne pas s'attirer ses foudres. Il avait l'air extrêmement professionnel, et ne cherchait pas à faire ami-ami avec les étudiants : si la coordinatrice faisait une erreur, elle était sûre de ne pas échapper à la sanction, quels que soient les efforts déployés pour y parvenir.

Quelle ne fut pas sa surprise, par ailleurs, lorsque Mélodia s'arrêta en face d'elle. Niamh ne put s'empêcher de remarquer sa beauté plutôt juvénile : néanmoins, toujours fatiguée, elle était confuse, et se demandait sincèrement la raison de cette attention. Avait-elle fait un erreur ? Déjà ? De par ses précédents, la voleuse ne put s'empêcher de sentir un soupçon d'inquiétude pointer en elle. Et si quelqu'un savait ?
Mais, à sa grande surprise, la jeune femme se contenta de comparer, d'un geste, la couleur de ses yeux à celle de la robe de la magicienne, avant de sourire de toutes ses dents. Ne s'attendant pas à une telle réaction, Niamh ne trouva rien à redire à tout cela, et se contenta d'esquisser un mince sourire de politesse, confuse-- avant de se réjouir intérieurement de ce petit compliment. Peut-être qu'elle devrait porter cette robe plus souvent ?...

Vinrent ensuite quelques explications au sujet de cette mystérieuse Mélodia, qui s'avéra finalement être la fille du professeur.
Ce qui ne manqua pas d'étonner Niamh.
La ressemblance n'était pas frappante. Était-elle atteinte d'albinisme, ou quelque chose comme ça ?
Néanmoins, l'adolescente ne s'attrista pas particulièrement de l'accident, qui, si quoi que ce soit, ne fit que l'intriguer davantage. Elle avait entendu parler du mutisme induit par traumatisme, mais n'avait encore jamais rencontré de personnes souffrant de ce mal : et, amatrice de tout ce qui est atypique, cela ne faisait que confirmer son intérêt pour la dénommée Mélodia. Un intérêt cependant un peu vague, comme à chaque fois que la demoiselle s'intéressait à autrui-- présent, mais en arrière-plan. Comme une petite voix : comme des volutes de fumée, vagabondes, et faciles à dissiper.

Et là, catastrophe :
De tous les sujets possibles, il fallait que ce soit la kleptomanie.
Niamh, soudain bien réveillée, ne put retenir un sursaut.

Bien sûr, elle n'était pas diagnostiquée, ni même certaine de correspondre aux symptômes (qu'elle s'apprêtait à découvrir), mais la situation était terriblement cocasse. Elle, voleuse à la tire chevronnée, et sa plus récente victime, réunis dans une même salle pour entendre parler de la kleptomanie. Oh, par Arceus. Quelle journée. Quelle journée ! La magicienne se frotta les yeux, ayant soudain décidé d'être attentive.

Elle ne put se retenir de sentir la désaprobbation des gens qui l'entouraient, lorsque le sujet des vols fut évoqué. Trois fois par an, hein ?
Trois fois par an...
Oh... Par Arceus. Elle lança un regard discret à Klaus. C'était loin d'être sa troisième victime. Enfin, l'avis des autres, elle s'en fichait, bien entendu : mais le professeur et sa fille la rendaient nerveuse, encore plus après l'incident du Chenipan : ils semblaient particulièrement perspicaces. Et bien que ça lui paraissait improbable d'être soudainement débusquée, elle ne pouvait retenir une sorte d'inquiétude latente qui la prenait aux tripes. Elle se retrouvait dans certains symptômes, mais pas dans tous : ses vols étaient bien souvent ciblés et prémédités, et concernaient la plupart du temps des objets de valeur ou de la nourriture qui lui faisait envie. De plus, elle ne gardait que très rarement les objets volés. À l'exception, récemment, d'une luxe-ball, qu'elle avait préféré conserver. Elle était particulièrement jolie, et une espèce d'aura d'opulence en émanait, ce qui lui plaisait bien.

Et puis, de toute manière... Se sentir coupable ?
Pourquoi, se sentir coupable ?
Ce n'était pas de sa faute. Si les gens sont incapables de faire attention à leurs affaires, alors c'est qu'ils l'ont bien mérité.
Enfin, elle disait ça, mais elle n'était pas complètement sereine non plus, en cet instant précis.

Elle sursauta de plus belle lorsque M. Kaiten lui demanda de réagir à ce qui venait d'être dit. Oh, par Arceus. Oh... Par Arceus. Pourquoi ? Encore pire : les remarques de Klaus avaient, elles aussi, été sollicitées. Quelle coïncidence ! Qu'est-ce que c'est que ce délire ? Ça venait du Mentali, apparemment.
Mais Niamh n'était pas du tout dans un état optimal pour discuter bien gentiment d'un problème qui la concernait personnellement et qu'elle devait s'efforcer de cacher. Néanmoins, plutôt directe, elle se fit la réflexion que, finalement, elle devrait parler en premier, histoire qu'on puisse bien vite oublier ses remarques et passer à autre chose.

Mais que dire ?
« Alors oui, je parle d'expérience personnelle, car je pratique le vol depuis maintenant plusieurs années... »

Elle soupira. Non. Bien sûr que non. Il fallait trouver autre chose. Bon, qu'importe : ça ne sert à rien d'hésiter. La voleuse de lança : « Alors... » elle songea qu'il lui fallait peut-être se présenter, pour les autres élèves présents. « Je suis Niamh. Et... Je me demandais si ce serait vraiment impossible de se trouver face à un kleptomane qui aurait relativement peu de scrupules à voler. Peut-être que la kleptomanie peut justement pousser le voleur à voler de façon plus décomplexée, non ? Et peut-être même à s'orienter vers des objets de valeur. » Elle n'était pas bien sûr d'être claire. D'ailleurs, elle ne savait pas vraiment pourquoi elle avait décidé de parler de ça. « Enfin, si on vient d'un milieu défavorisé et qu'on est kleptomane, est-ce qu'on ne serait pas incité à choisir une voie criminelle plus facilement ? Ou bien le sentiment de culpabilité, et l'éthique y sont toujours rattachés ?»

Vraiment, elle n'avait pas grand-chose d'autre à dire : de plus, elle se doutait déjà que sa prise de parole avait été un peu confuse, de par sa courte nuit. Sans le vouloir, Niamh avait créé un parallèle avec sa propre situation en évoquant la présence d'un milieu défavorisé-- mais elle ne se considérait pas kleptomane. Elle ne regrettait en aucun cas ses actions, et, au contraire, travaillait régulièrement pour parfaire ses techniques. À l'image de n'importe quel job étudiant, elle estimait simplement se procurer un peu d'argent de poche avec un bonus d'adrénaline, de façon certes peu orthodoxe, mais beaucoup plus efficace et prospère.

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Bon, donc ce serait monsieur Kaiten pour le début, si Megami comprenait bien. La question de l'autre gars avait beau être un peu inutile, elle mettait au moins ce point au clair, c'est vrai.

Si la remarque vis-à-vis du terme « Docteur » ne fit pas rire la dresseuse, elle eut cependant le mérite de détendre un peu l'atmosphère assez pesante qui s'était installée, les élèves comprenant ainsi que ce professeur n'avait pas l'intention de les bouffer tout cru. Enfin ça, bien sûr, ce fut sans compter la suite des événements...
A l'appel de l'enseignant, la jeune femme que Megami avait remarqué plus tôt commença à passer dans les rangs, comme pour une inspection minutieuse. A partir de ce moment, les questions défilèrent les unes après les autres dans la tête de Megami :
Et du coup qui c'est, elle ? Pourquoi elle est habillée comme ça d'ailleurs ? Pourquoi elle répond pas quand on lui parle ? Attendez, mais c'est pas commun ça, elle a les yeux rouges... elle est albinos ? Pourquoi elle s'arrête et ouvre le sac d'un élève tranquille ? Euh COMMENT elle savait qu'il y avait un Pokémon là-dedans ? Merde alors, mais c'est qui elle ?

En attendant, le prof' Kaiten fit bien comprendre qu'il ne rigolait pas trop quand il avait demandé à rentrer les Pokémon dans leurs balls, forçant l'élève récalcitrant à enfermer son Chenipan. Après, pour être tout à fait honnête, Megami doutait un peu de la pertinence de la demande du professeur. Si ce Chenipan restait dans ce sac pendant tout le cours, bien sagement, le résultat aurait été le même que le faire rentrer dans sa ball, non ?
Il était clair que d'un point de vue personnel, elle avait du mal à comprendre la raison pour laquelle ce garçon préférerait enfermer son Pokémon Insecte dans un sac, plutôt que dans une ball dont l'intérieur est adapté à lui, mais elle ne comprenait pas pourquoi cela changeait quelque chose pour M. Kaiten.
Enfin bon, pas comme si elle avait son mot à dire sur le sujet, de toute façon.

Et puis Cheveux Blancs s'arrêta une fois de plus, au niveau d'une élève du même âge que Megami, vêtue d'une robe rouge que cette dernière n'aurait sans doute jamais mise de sa vie. Elle désigna d'ailleurs ce vêtement, puis ses propres yeux et offrit un beau sourire à l'élève, qui le lui rendit légèrement. Bon maintenant c'était certain, elle avait sans doute un petit souci cette fille.

Elle acheva enfin son tour de classe pour revenir à sa place initiale, avant que Kaiten prenne la parole et avoue qu'il s'agissait de sa propre fille.
Ah vraiment, elle était comme ça depuis un accident de train ? Mince, l'heure n'était pas à la plaisanterie alors. Megami s'en souviendrait. Il était parfaitement compréhensible qu'elle soit devenue muette suite à un accident de ce type, qui devait être extrêmement traumatisant. Elle avait même sans doute de la chance d'en être sortie physiquement indemne, si on pouvait le dire.

Ces bases étant posées, l'homme âgé énonça le sujet de ce premier cours, et en l'occurrence il s'agirait de la kleptomanie. La dresseuse, sur le sujet, savait vaguement qu'un kleptomane était quelqu'un qui volait beaucoup, mais sa connaissance sur le sujet s'arrêtait là, ne s'étant jamais intéressée à cette facette de l'âme humaine.
Comme à son habitude lorsqu'elle était confrontée à un sujet inconnu, la jeune Hells ouvrit grand ses oreilles et écouta attentivement les paroles du professeur. Et pour le coup, elle en avait bien besoin, puisque tout ce qu'il énonçait, elle l'apprenait en même temps. Pour tout avouer, elle n'était même pas au courant qu'un kleptomane n'était pas vraiment responsable et conscient des actions qu'il entreprenait. Elle qui avait toujours observé le vol comme un acte foncièrement mauvais lorsque c'était pratiqué sur un innocent, peut-être faudrait-elle qu'elle revoie son jugement pendant ce cours. Si un voleur ne se rendait pas compte de ce qu'il faisait, était-il bien juste de lui en vouloir pour ça ?
Cela dit, il existait certainement des thérapies à suivre pour stopper ce comportement gênant.

Appelez ça une « déformation professionnelle » si vous voulez, bien qu'elle était encore loin de pouvoir prétendre à ce titre, mais instinctivement Megami décrocha légèrement du cours, l'histoire d'à peine quelques secondes, en associant le sujet de cette leçon à la stratégie de combats. Car tout cela lui rappelait en effet une technique qui avait été créée dans cet unique but, celui de voler, et qu'un très grand nombre de Pokémon était capable d'apprendre et d'appliquer, selon les moyens à leur disposition. Il s'agissait de l'attaque Larcin, de type Ténèbres. Ca n'avait pas spécialement de rapport avec la kleptomanie cela dit, mais plutôt avec l'acte du vol en lui-même.

Hé, mais ! Elle ne l'avait pas vue, celle-là.
Perchée sur son étagère, une Mentali, visiblement nommé Seriha, frappa son support de sa queue, trois fois. Megami trouvait les Mentali un peu intimidants, quelque part. Toujours calmes, généralement immobiles, elle avait rarement vu des membres de leur espèce se montrer affectueux avec quelqu'un, comme les faisaient souvent les Pokémon de cette morphologie.
Eh bien aucune idée de si la Mentali avait lu dans ses pensées ou non, mais est-ce cette remarque intérieure qui l'avait poussée à désigner Megami en particulier, avec deux autres élèves, parmi toute la classe ?

Assez surprise, la concernée redressa sa tête, et se redressa toute entière en fait, levant les sourcils brièvement pour former une expression de surprise passagère sur son visage. De quoi, son ressenti ou ses interrogations ? Maaaiiiis, elle n'avait rien demandé !
Un peu exaspérée face à ce manque de chance qui lui obligerait à prendre la parole alors qu'elle n'aimait pas spécialement cela, elle s'apprêta à répondre, mais fut prise de court par la fille en robe rouge qui avait été désignée également.
La dénommée Niamh expliqua alors sa pensée à la classe. Hmm, si la dresseuse avait bien suivi ce que Kaiten disait, un kleptomane qui n'avait pas de scrupules à voler n'en était pas vraiment un... mais juste un voleur ?
Elle n'était pas vraiment en accord avec ce que venait de dire sa camarade, mais elle n'ajouta rien à ce sujet en se disant qu'elle n'avait certainement pas les connaissances nécessaires pour y répondre correctement. Alors elle choisit de simplement délivrer ses propres pensées à la suite de la première.
Son regard se porta alors vers les yeux du prof', puis elle partagea ses idées.

-Ca n'a pas grand chose à voir avec le sujet du cours, je pense... mais j'étais en train de me dire que la technique Larcin avait été créée spécialement pour que les Pokémon puissent voler n'importe quoi avec un peu d'entraînement, enfin je crois. Et, je pense sûrement à ce genre de choses parce que je suis dresseuse, mais en combat c'est une technique qui peut être utile occasionnellement, notamment pour subtiliser une méga-gemme en début de match. Mais, du coup, en disant tout ça, je me demande aussi si certains Pokémon peuvent être kleptomanes ou si c'est une caractéristique seulement humaine.

Sa voix calme était sur le point de s'arrêter, mais elle se rappela d'un détail et compléta finalement sa petite tirade, en s'adressant à l'intention des autres élèves.

-Ah, et, moi, c'est Megami, désolée.

La vague de nervosité m'envahit lorsque le professeur me regarda, puis chercha sa petite feuille contenant le visage et les noms des élèves. Je n'arrivais pas à déceler quoi que ce soit dans son visage dur. Est-ce que ma question non pertinente allait me donner droit à une visite chez le principal avant que l’horloge n’affiche 8h34? Ça serait une première, me faire renvoyer d’une classe si vite.

Il expliqua que le diminutif docteur n'était pas adéquat pour le cadre du cours, à la seule exception d'être son patient. Lorsqu'il demanda si j'avais besoin d'une consultation, un petit sourire apparut sur mes lèvres et je secouai négativement de la tête, extrêmement soulagé et sans être réellement embarrassé par l'attention soudaine. Je n'avais en aucun cas envisagé que ce professeur lance une petite taquinerie comme ça.

Professeur Kaiten nous confirma que peu lui importait le titre par lequel nous l'appelions, tant que se restait un brin professionnel. Le psychologue appela alors son assistante qui se tenait près du tableau. Mélodia était son prénom. Je l’observai attentivement, essayant de capter une impression sur visage très blanc, sans véritable succès. Ils étaient des personnes difficilement saisissables et s’en était presque frustrant. Elle se releva et partit plus loin dans la salle de classe et se mit en face d'un élève. Il y avait une certaine tension dans l’air.

Je ne me retournai même pas pour observer la scène, il était plus qu’évident qu’il avait fait fi de la seule consigne du professeur. Quel idiot.

Une fois son intervention faite, l’assistante continua de déambuler entre les rangs pour se rendre vers la rangée du fond. Curieux, je regardai derrière une dernière fois, pour voir qu’elle se tenait devant une jeune demoiselle bien habillée. De mon point de vue, je pouvais voir qu'elle avait de jolies yeux qui s’agençaient plutôt bien avec sa robe. Je repris face au tableau, me préparant à entendre le professeur faire un autre sermon.

Au lieu d’un sermon, il nous présenta son assistante, qui se révéla à être sa fille. Fille ayant subit un accident de train qui la laissa sans voix. C’était très tragique, comme expérience, quand même. Il nous fit la requête de faire comme si c’était une des nôtres, mais ne l’était-elle pas déjà ?

Le cours commença enfin. Je posai la pointe de mon crayon sur ma feuille et j’écris en entête de page ‘’Kleptomanie”. Suivi de : “Maladie assez rare, moins d’un pourcent de la population touchée, difficilement contrôlable." Ces mots étaient écrits à peu près n’importe où, sans vraiment d’ordre fixe. C'était mes petites notes personnelles pour synthétiser le discours du prof. Les notes suivantes ressemblèrent à ce qui suit :

Aucune préméditation.
Aucune valeur aux objets volés.
Vole pour ressentir forte émotion. (excitation, relaxation, satisfaction)
Objets habituellement cachés
Sans être utilisés, ni vendus...

À l’écriture de ces mots, mes pensées volèrent vers la magicienne. Était-elle kleptomane? Ça serait une possibilité à considérer, voyant les preuves que j’avais amassées. Elle ciblait de pauvres étudiants naïfs et profitait de leur innocence, peut-être que c’était ce qui la stimulait. Distraitement, je dessinai le contour du masque et les lignes à l’intérieur. Je m'arrêtai aussitôt, réalisant que j’avais perdu le fil du cours.

Mon attention retournai sur Drew Kaiten, prenant en note la dernière partie de son monologue.

Kleptomanes sont des femmes aisées, qui ne devraient pas à avoir à voler.

Le professeur désigna son Pokémon de son prénom. Celui-ci pointa dans ma direction, ainsi que celle de deux autres personnes. Drew nous demanda nos opinions et de poser nos questions.

La première à parler était la dénommée Niame. Sa première question était un peu confuse. Je me retournai pour l'examiner. C’était robe rouge ! Eh bien. Elle reprit la parole, sa deuxième question tout aussi confus que la précédente.

Une personne venant d’un environnement défavorisé et qui était Kleptomane, n’était-elle pas plus à risque qu’une personne ordinaire? Si cette personne devenait soudainement aisée, peut-être bien… Après, il semblerait qu'il y aille une multitude de conditions pour être malade.

Megami, la petite blonde, posa une question relativement pertinente. Était-ce possible aux pokémons de développer la maladie? Je devais avouer que j’étais curieux de connaître la réponse, cela pourrait m’être utile également comme information.

“Mes camarades de classe ont posé de bonnes questions, “ dis-je, en apportant le stylo à mes lèvres, pensif. “Pour ma part, je me demandais seulement si c’était possible qu’une personne dérogeant à plusieurs conditions, mais qui correspondait aussi à certaines, pourrait être atteinte de kleptomanie ?” Les sourcils froncés, je jetai un autre regard sur mes notes, remarquant le mot “cure?” de gribouillé dans ce bazar et je continuai. “Je suppose que ma question ressemble un peu à celle de madame Niame, dans un sens… Deuxième question, vous avez dit que ces pulsions étaient difficilement contrôlables, comment est-ce qu'une personne pourrait s'y prendre pour résister à l'envie de voler ? “

Serait-il possible de justifier les actions de Goupelin par la kleptomanie ? Si c'était le cas, je pourrais me rassurer que la magicienne n'était pas une si mauvaise personne.

Trois élèves, trois réactions bien différentes. La première semblait vouloir faire rentrer dans le groupe de la kleptomanie le cas d’un profil qu’elle commença à décrire. Le sien ? Celui d’un parent ? D’une personne proche ? Difficile à dire. Toutefois, son attitude candide et peu sûre d’elle semblait indiquer que ce profil la touchait particulièrement, qu’elle parlait ici de quelque chose qui n’était pas résolu à l’heure actuelle.

« Je suis Niamh. Et... Je me demandais si ce serait vraiment impossible de se trouver face à un kleptomane qui aurait relativement peu de scrupules à voler. Peut-être que la kleptomanie peut justement pousser le voleur à voler de façon plus décomplexée, non ? Et peut-être même à s'orienter vers des objets de valeur. Enfin, si on vient d'un milieu défavorisé et qu'on est kleptomane, est-ce qu'on ne serait pas incité à choisir une voie criminelle plus facilement ? Ou bien le sentiment de culpabilité, et l'éthique y sont toujours rattachés ?»

Suite à sa réponse, Drew commença à écrire le nom de Niamh au tableau et commença à lister à côté des symptômes les éléments donnés par la jeune femme : absence de scrupules, vol d’objets de valeurs, milieu défavorisé, choix personnel. Ces points étaient au centre de sa question. Il était désormais temps de noter les éléments proposés par Megami.

"Ca n'a pas grand chose à voir avec le sujet du cours, je pense... mais j'étais en train de me dire que la technique Larcin avait été créée spécialement pour que les Pokémon puissent voler n'importe quoi avec un peu d'entraînement, enfin je crois. Et, je pense sûrement à ce genre de choses parce que je suis dresseuse, mais en combat c'est une technique qui peut être utile occasionnellement, notamment pour subtiliser une méga-gemme en début de match. Mais, du coup, en disant tout ça, je me demande aussi si certains Pokémon peuvent être kleptomanes ou si c'est une caractéristique seulement humaine. Ah, et, moi, c'est Megami, désolée."

Attaque Larcin, usage d’un Pokémon pour réaliser un vol, utilité en compétition, définition applicable aux Pokémon. Megami semblait clairement se tourner vers la question de la compétition. Probablement une jeune dresseuse ayant pour but de glaner des badges, de se lancer dans une ligue quelconque ou bien simplement intéressée par le combat en lui-même. Une thématique clairement éloignée de la question actuelle, mais qui serait abordée plus tard lors de la partie pratique. Difficile pour le moment de relier ces points avec ceux abordés par Niamh. Vint ensuite le tour de Klaus.

"Mes camarades de classe ont posé de bonnes questions. Pour ma part, je me demandais seulement si c’était possible qu’une personne dérogeant à plusieurs conditions, mais qui correspondait aussi à certaines, pourrait être atteinte de kleptomanie ? Je suppose que ma question ressemble un peu à celle de madame Niamh, dans un sens… Deuxième question, vous avez dit que ces pulsions étaient difficilement contrôlables, comment est-ce qu'une personne pourrait s'y prendre pour résister à l'envie de voler ?"

Bien que sa première question soit redondante, le jeune Klaus semblait lui s’intéresser plutôt au soin à apporter aux kleptomane. Souhaiterait-il leur accorder une forme d’absolution ? De pardon ? D’aide ? Le psychiatre voyait rarement les gens proposer d’aider les autres sans avoir au préalable développer une forme d’empathie. La question était donc de savoir comment était née cette empathie. Aurait-il tout comme les paroles de Niamh le suggère dans son propre cas, rencontrer un ou une kleptomane ? Aurait-il été blessé par l’un d’eux à travers un vol ? La douleur était quelque chose de terriblement fascinant pour Drew car elle soulève généralement des réactions inverses. Certains choisissent la colère, d’autres veulent comprendre la raison et d’autres encore, comprennent que quelque chose aurait dû être fait pour empêcher cette douleur et tendent ainsi vers l’empathie. Drew nota ainsi sous le nom de Klaus la notion de traitement des kleptomanes.

« Intéressant. Trois personnes, trois profils entièrement différents. Ça va nous donner un peu de grain à moudre. Je vais commencer par le cas Megami. Votre point de vue n’est pas dénué d’intérêt, mais il n’est malheureusement pas au centre du sujet pour le moment. Ces éléments en liaison avec les Pokémon dont vous parlez seront abordés lors de la partie pratique de mon cours. Étant donné que vous semblez y être particulièrement sensible, je vous propose de vous y préparer. Considérez cela comme un devoir à réaliser pour la prochaine fois. »

Drew se dirigea vers son bureau depuis lequel il sortit un petit coffret en métal surmonté d’un solide cadenas. Il l’ouvrit devant les autres pour montrer que celui-ci était vide, puis le referma à clé avant de se diriger vers Megami avec ce coffre.

« Je vais vous demander de revenir dans mon cours pratique avec un Pokémon ayant appris la technique Larcin et avec qui vous aurez perfectionner cette technique. Votre Pokémon devra être capable de voler un objet à un autre Pokémon lors d’un combat officiel que nous organiserons pendant le cours. Toutefois, il devra également être capable de voler quelque chose à plusieurs élèves de cette classe. Ces vols pourront avoir lieu n’importe quand entre la fin de cette classe et le début du cours pratique. Vous pouvez même abuser un peu en volant des objets importants ou de valeur si vous le souhaitez. La seule règle est que chaque objet volé devra être déposé dans ce coffret avant le début du cours pratique. Je le ramènerai lors du cours et vous devrez alors rendre chaque objet rapporté à son propriétaire légitime. Si vous parvenez à faire ce devoir dans son intégralité, vous validerez automatiquement la partie pratique de mon cours sans passer par l’épreuve écrite qui attendra vos camarades. Enfin, si votre butin est conséquent, j’envisagerai de vous donner des points supplémentaires qui vous aideront à valider la théorie. »

Drew replaça le coffret dans son bureau avant de finir.

« Le coffre restera ici, vous pourrez me solliciter quand vous le souhaiterez afin d’y placer les objets que vous aurez récolter. Quant aux autres. Préparez-vous. Chacun d’entre vous peut-être une cible et chacun a donc quelque chose à perdre, même si ce n’est que temporaire. Si jamais vous parvenez à déjouer les tentatives de vol de Mégami, vous gagnerez également des points de pratique. Toutefois, vous devrez vous défendre seul. Dans le cas d’un vol réel, il y a peu de chances que la foule vous aide. En conséquence : pas de formation d’une coalition anti-Megami. Voyez ça comme une compétition amicale, assurez-vous de garder la tête froide et de rester mesurés. Je ne veux pas entendre demain que l’un d’entre vous s’est blessé ou que des dégâts ont été constatés au sein de l’académie parce qu’une victime a cherché à empêcher Mégami de voler à tout prix. Je règlerai moi-même ce genre d’incident d’une façon qui a peu de chances de vous plaire. Est-ce clair ? »

Des silences, des acquiescements timides, le message semblait être passé chez la plupart des élèves de la classe. Reste à espérer qu’ils sauront se tenir. Voyant qu’un grand nombre de personnes restaient inquiètes ou circonspectes suite à ce petit ‘défi’, le professeur enchaîna donc en reprenant les propos de Niamh et de Klaus. Leurs propos étaient quelque peu innocents, après tout, ils ne pratiquaient pas la psychiatrie, leurs questions restaient donc légitimes.

« Niamh et Klaus, la réponse à votre question est simple. S’il est évident qu’un kleptomane ne respecte pas toujours absolument tous les critères que j’ai cités, la très grande majorité des kleptomanes suivent très fortement cette tendance. Si vous rencontrez quelqu’un qui a une forte tendance à voler les autres, mais que cette personne ne présente pas les symptômes que je décris ici, c’est donc que cette personne n’est tout simplement pas kleptomane. Comme vous le disiez de façon judicieuse Mademoiselle Niamh, il s’agit là alors d’un choix de vie et non d’une maladie mentale. »

Oui, il était clair que le profil décrit par Niamh n’était pas celui d’un ou d’une kleptomane. Si les origines sociales décrites dans le cours de Drew ne forment qu’une tendance, les symptômes de base de la maladie sont eux extrêmement bien décris. Si une personne ne respecte pas la plupart de ces critères, si cette personne n’est pas victime de ses propres impulsions, c’est donc qu’elle n’est pas kleptomane.

« Ce choix de voler autrui, sera de la responsabilité de la personne. Elle devra affronter les conséquences de ses actes comme n’importe qui. Gardez bien en tête qu’une personne souffrant de kleptomanie est avant tout une personne atteinte d’une maladie mentale. Cette personne doit être aidée afin qu’elle parvienne à gérer ses impulsions. Elle n’est donc pas responsable pénalement. En revanche, une personne volant en suivant ses propres désirs n’aura aucune excuse valable face à un juge. Certaines personnes me répondront qu’il existe des circonstances atténuantes avec parmi elles, le développement personnel dans un milieu défavorisé comme vous le disiez. Toutefois, je voudrais vous rappeler une chose très simple. »

Drew se rapprocha du bureau de Niamh, posant ses mains sur ses extrémités en prenant bien soin de capturer le regard de son élève. Il n’y avait là aucune menace, aucune envie d’intimider cette jeune élève. On ne voyait dans ses yeux qu’un conseil sincère, émanant d’une malheureuse réalité :

« Le système judiciaire échoue à protéger ceux qui en ont le plus besoin. Ne comptez pas sur de vaines excuses pour parvenir à vous en sortir, peu importe la réalité de votre détresse. Gardez bien cela en mémoire, vous tous ici présent. »

Le professeur vêtu de noir reprit sa place au tableau afin de pouvoir commencer à parler des traitements.

« Bien, veuillez excuser cette digression. Nous allons donc aborder la question des traitements. De la même façon que l’on peut difficilement arrêter la cigarette par la volonté seule, il faut trouver des moyens pour stopper ou rediriger cette pulsion de vol. Actuellement, il n’existe pas de traitement direct de la kleptomanie. La seule voie thérapeutique valable aujourd’hui est la combinaison d’une psychothérapie et d’un traitement médical. Lors de la psychothérapie, le psychiatre devrait trouver et comprendre l’origine de la maladie afin de proposer des solutions qui permettront au patient de mieux gérer son environnement. En créant un environnement plus relaxant et plaisant, on peut améliorer la condition du patient. En effet, la kleptomanie est dirigée par un concept qu’on appelle le ‘désir originel’. D’habitude ce désir est satisfait à travers la libido, les relations sociales, le sport, les jeux, etc.. Lorsque ce désir est satisfait par le vol, c’est un cas de kleptomanie. Il faut donc parvenir à trouver l’élément, l’activité qui pourra satisfaire ce désir sans avoir à voler. »

Comprendre pourquoi et comment cette façon d’assouvir ses désirs s’est installée est donc central dans le soin de cette maladie. Mais dans la pratique, la solution n’est pas si simple.

« Malheureusement, cette technique seule est rarement efficace. C’est pourquoi elle est complétée par l’utilisation de médicaments. Ces médicaments, dont je vous épargne les détails chimiques vont permettre de bloquer l’effet salvateur de la pulsion. Le patient ne ressentant plus d’effet bénéfique au vol, on augmente les chances de guérison. En revanche, ces traitements peuvent également causer des états de dépression, il faudra donc maintenir un suivi constant pour s’assurer que le ou la patiente puisse guérir et retrouver un nouvel équilibre de vie. »

Ni trop, ni pas assez, tout était dans l’équilibre en psychiatrie. Gérer l’équilibre émotionnelle d’une personne était un travail de tous les instants et de longue haleine. Il faut du temps pour parvenir à admettre une vérité personnelle ou bien en trouver une autre, plus juste, qui permettra de se redéfinir. C’est pourquoi chaque cas est différent et chaque traitement devra être adapté. Drew marqua donc une pause le temps que ses élèves puissent assimiler ces informations, espérant également voir si la graine de paranoïa qu’il venait de semer allait prendre racine ou non.

Pychiatrie - Théorie - La Kleptomanie

Ça sent le roussi...

Niamh, sur les nerfs pour une raison qu'elle ne s'expliquait pas vraiment, observa les mots notés par M. Kaiten au tableau. Elle se surprit à se reconnaître dans ce qu'elle avait dit elle-même, alors qu'elle n'avait finalement pas réalisé donner autant d'informations. Connaissant la situation de Klaus, elle ne put s'empêcher de faire un lien entre sa question et les objets qu'elle lui avait volés : elle s'étonna néanmoins de le voir s'inquiéter du voleur plutôt que ce qui avait été volé. Quant à la dresseuse, rien de particulièrement étonnant à sa question : si ce n'est qu'elle abordait un point de vue parfaitement stratégique. Trois visions radicalement différentes des choses, à n'en pas douter.

L'adolescente haussa les sourcils lorsque le professeur confia ses « devoirs » à la dénommée Megami : il n'y allait pas doucement. Elle ne put s'empêcher de se dire que ça l'aurait sacrément saoulée, de devoir faire tout ça pour un simple cours. Néanmoins, un très léger sourire un tantinet prétentieux se forma sur ses lèvres. Si celle-là comptait essayer de lui voler quelque chose, alors elle n'avait qu'à bien se tenir. Un voleur volé, ce serait du jamais vu. En fin de compte, des devoirs pareils, Niamh en voulait bien : voilà une façon fort pratique de valider la matière, sans être contraint de toujours être attentif. Après tout, qu'est-ce qui l'empêchait de dire que c'était son Pokémon qui avait commis les larcins, même si elle les faisait de ses propres mains ? Mais, quoi qu'il en soit : Niamh avait bien hâte qu'on tente de lui voler quelque chose : à elle les points supplémentaires. C'était moins cher que gratuit.

Puis, l'apprentie coordinatrice sembla se détendre un peu en entendant la réponse de M. Kaiten : ses épaules, raides, se relâchèrent légèrement : elle était comme soulagée de ne pas être kleptomane, car l'idée d'avoir ses actions dictées par une quelconque maladie mentale ne lui plaisait pas du tout. Niamh revendiquait, après tout, son indépendance et ses choix de vie.

Puis, le discours du psychologue prit une autre tournure. Impassible, Niamh garda les yeux rivés sur lui, ne laissant transparaître aucune émotion. Elle savait bien qu'elle était responsable de ses gestes devant la justice-- mais tentait de ne pas y penser. Être confrontée à cette réalité : le vol n'est pas un jeu, éveillait en elle une forme de stress latent, qui lui faisait peur. Pourtant, ses larcins faisaient partie d'elle toute entière, et elle ne se voyait pas les arrêter. À la manière du kleptomane, ils constituaient maintenant presque une nécessité, bien qu'ils soient toujours soigneusement prémédités, et les victimes choisies avec minutie.

Quand son regard croisa celui de M. Kaiten, qui avait pris appui sur sa table, l'adolescente, d'apparence impassible, n'en menait pas large. Son conseil avait beau se diriger vers toute la classe, il lui semblait que c'était à elle qu'il s'adressait : encore une fois, l'impression la saisit qu'il en avait deviné plus que ce qu'il laissait paraître. Et elle n'aimait pas ça du tout. Inconsciemment, son regard glissa vers Klaus un court instant : elle espérait que sa naïveté l'avait aveuglé encore une fois.

Cette intervention, quoi qu'il en soit, l'avait laissée dans un état de nervosité presque palpable. Mais, bonne comédienne : elle ne laissait rien transparaître. Elle n'écouta que d'une oreille distraite toutes ces histoires de traitements, et commençait déjà à réfléchir à une façon de s'éclipser du cours avant sa fin. Il était hors de question de rester là beaucoup plus longtemps : son instinct lui disait que ce n'était pas une bonne idée. Le professeur était bien trop clairvoyant : que dire dans ce cas de sa fille, qui semblait être douée des mêmes talents ? Le regard de l'adolescente naviguait doucement entre Mélodia et M. Kaiten, réfléchissant à une ouverture pour se faufiler hors d'ici sans pouvoir essuyer de refus ni éveiller les soupçons. Il lui semblait que certains élèves devaient forcément avoir deviné quelque chose : et pourtant, c'était hautement improbable.

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» Psychiatrie - Pratique - La Kléptomanie [Mégami - Niamh - Klaus]
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» [Terminé] Les baies poussent pas dans les magasins, bande d'ignares ! [Takeshi,Megami,Niamh,Hannaelle]
» Errare humanum est [Ft. Klaus] / FINI
» It's just a prank, bro! (avec Klaus V. Nirello) / FINI