Les dents de l'amertume [solo-capture]

Le week-end était enfin arrivé et beaucoup de monde était déjà chez eux en train de se prélasser, de vaquer à leur passe temps, et tous les élèves étaient bien sûr en train de faire leur devoir.

N’est-ce pas qu’ils faisaient leurs devoirs... hein ?!

...

Quoi qu’il en soit, Elisabeth avait de drôles d’occupations. En guise de détente elle était allée vers le lac, s’était mise en maillot de bain deux pièces de couleur noire et avait plongé aussi profond que possible. Il était temps pour elle de son petit entraînement hebdomadaire à l’apnée. A chaque fois elle arrivait à grappiller toujours une seconde de plus. Elle en profitait également pour explorer le fond du lac. Plusieurs sortes de Pokémon vivant en eau douce se trouvaient là, elle ne craignait donc pas de trouver des Tentacool par exemple. Les Psykokwak et les Ptitard la dévisageaient avec étonnement lorsqu’elle passait devant eux.

Sous l’eau tout était calme et en général les créatures aquatique s’écartaient sur son chemin, il n’y avait donc rien à craindre, en principe. Elle eu droit cependant à un spectacle assez original. Sur le fond, un Kaiminus était en train de se démener pour ouvrir une sorte de vieux coffre entouré d’algues et de vase. Il essayait vraiment tout, avec les griffes, avec les crocs, rien n’y faisait. Elisabeth se laissa aller à sa curiosité, se faisant témoin de l’acharnement du petit reptile marin. Mais voila qu’à présent il frappait avec sa tête à plusieurs reprises, chaque coup toujours plus intense. Le coffre résistait à la frénésie pendant un moment, jusqu’à ce qu’il cède enfin, le couvercle se leva et quelque bulles en sortirent. De la poussière s’échappa également jusqu’à révéler le fameux trésor. Elisabeth ne pu le voir de là où elle était mais le trésor semblait avoir déçu le Kaiminus. Il le prit avec une patte et le sortit enfin, c’était juste un coquillage tout à fait normal, il le balança avec dédain derrière lui et alla ailleurs, cette fois-ci vers un Coquipearl solidement fermé sur lui-même qu’il essayait avec force et fureur d’ouvrir, sans succès bien entendu. D’ailleurs à présent il coinçait la coquille dans sa mâchoire et la délogeait plus loin, de façon tout aussi indifférente, bien heureusement le pokémon coquillage n’allait rien ressentir lors de sa lente chute, mais quand même ! Puis le Kaiminus changea de bord, cherchant autre chose, une griffe pour se gratter une narine, sans gêne. Finalement il sembla voir autre chose, et tandis qu’il se dirigeait vers sa nouvelle trouvaille, Elisabeth se tourna vers sa destination, en dessous d’elle se trouvait une capsule qui brillait à la lumière ondulante, d’un reflet doré. Cette dernière avait attiré l’attention du Pokémon et il s’y était dirigé avec hâte. Elisabeth le vit alors récupérer le petit trésor, le regarder sous tous les angles, et finalement sourire l’air tout content. Mais c’était jusqu’à ce qu’il lève la tête pour apercevoir la jeune femme, et là son regard avait changé et il cacha aussitôt la capsule derrière son dos, faisant mine qu’il n’avait rien fais du tout. Il n’espérait sans doute qu’une chose, c’est que l’humaine s’en aille dès que possible. Ce qu’elle dû se résoudre à faire finalement, commençant à manquer d’oxygène, elle arrivait à sa limite.

Elle revint à la surface, inspirant une grande bouffée d’air, enfin. Il y eu aussitôt un petit bip sonore, le bip d’une chronomètre. Guevara était assis en bordure du lac et tenait la pokémontre d’Isabelle dans une patte, un doigt appuyé sur un bouton. La prof se frotta la visage et les yeux avec une main et porta son attention vers le pokémon plante.

– Alors… combien ?

Le jungko tourna l’écran digital vers ses yeux. Le résultat ne la satisfit pas et le plat de sa main frappa la surface de l’eau. Quelques gouttes vinrent éclabousser le pokémon plante sans pour autant le perturber.

– Ah merd-euh ! Cinq secondes trop tôt… bon tant pis. Enfin, j’aurais profité d’un petit spectacle au moins.
– Jung ?
– Oh bah j’ai juste vu un Kaiminus un peu trop cupide, c’était amusant à voir. Bon j’vais prendre une pause, j’arrête l’entraînement pour l’instant, je profite un peu.

Il faisait beau, pas de vent et donc elle préférait rester en maillot de bain. Elle s’était dirigée vers son sac à dos d’où elle sortit une bouteille d’alcool, une bouteille de rhum dont la marque provenait de sa région de naissance, tout comme ses cigares à vrai dire, elle préférait consommer ce qu’elle connaissait le mieux. Dans un bruit si caractéristique, elle déboucha la bouteille, but une gorgée, expira de soulagement, reboucha de nouveau mais se contenta de poser le récipient en équilibre contre le sac plutôt qu’à l’intérieur. Ensuite elle revint vers son camarade et s’assit en tailleur. Ses cheveux détachés et humides lui donnaient une allure quelque peu différente, bien plus sauvage. Elle se frotta alors le visage et les cheveux avec une serviette.

Lorsqu’elle fut à peu près sèche à ce niveau, elle ramassa un élastique posé juste à côté d’elle et reforma de nouveau sa queue de cheval. Elle prit ensuite un chewing-gum dans la boîte qui se trouvait au creux des pattes en tailleur du Jungko et commençait à marcher de façon nerveuse.

– Deuxième week-end ici, je me demande si on devrait pas se faire un peu plus d’amis. Je me demande si Vortente, Seviper et Chetiflor se portent bien dans la jungle, j’imagine que oui.

Elisabeth ne pouvait s’empêcher de penser à ses autres captures, ses autres camarades qui au final étaient restés là bas dans sa région de naissance. Elle les avait relâchés pour qu’ils s’occupent à leur tour de la jungle. Guevara était le seul qu’elle ne pouvait pas quitter, c’était plus qu’un camarade en fait, c’était même un frère. Bien qu’elle ne l’ai jamais dis de façon explicite, ils se comprenaient comme tel et il n’y avait pas besoin de se le prouver davantage.

Elle voulu se relever pour aller boire une autre gorgée de rhum, sauf qu’elle ne trouva pas la bouteille seule, non, au bout du goulot il y avait la mâchoire bleu d’un pokémon aquatique en train de siroter la liqueur. Et puis quelle décente il avait ! Dans une autre patte il tenait une capsule dorée, elle le reconnaissait, c’était bien sûr ce Kaiminus un peu étrange. Bien sûr, ce petit chapardage ne manqua pas de rendre la dame un peu énervée.

– Non mais, espèce de petit voleur. Je vais t’apprendre moi à piocher dans l’assiette des autres.

Pour seule réponse elle n’eut droit qu’à un regard amusé de la créature aquatique. Il venait de finir sa gorgée et il avait à présent le museau un peu plus rosé que d’habitude. D’un air nonchalant il ouvrit alors la gueule afin de faire profiter à son public d’une bruyante éructation, juste après il reposa la bouteille à côté du sac. Elisabeth senti alors l’halène alcoolisée du pokémon venir sur eux. Quel manque de respect ! Elle avait les poings serrés à présent et Guevara s’était retrouvé à ses côtés, examinant avec précision ce grossier personnage. Juste après ça, ils virent cet invité désagréable fourrer sa tête dans le sac pour en sortir une baie pecha. Il la croqua sans aucune gêne.

– Y a pas assez de baies pour toi dans la forêt, hein ?! Khh ! Gueva prépare-toi. Siffla-t-elle entre ses mâchoires serrées.

Le Jungko se positionna devant le Kaiminus et ce dernier qui comprit aussitôt la possible altercation venait d’arrêter sa fouille. Plutôt que de s’enfuir, il fit quelques pas un peu maladroit, déjà atteint par l’alcool, il resta quelques secondes à les observer puis avec deux pattes qu’il porta à son visage, il déforma ses traits en une grimace des plus abominable. C’était le point de non retour et l’impulsion suffisante pour elle afin de donner son premier ordre, après qu’elle ait grogné.

– Je sais, je vais m’occuper de toi personnellement. Gueva, lance Faux-Chage !

Le Jungko s’était élancé mais plus lentement que prévu, déjà affecté par la grimace. Toutefois, le Kaiminus ne sembla pas bouger de se position, au contraire il semblait être sur place, à faire un mouvement de balancier avec son corps, hoquetant à quelques occasions, les yeux mis-clos, déjà bien entamé par les effets de la boisson. La créature des bois était sur le point de lancer la lame de sa feuille consciemment émoussée sur lui, jusqu’à ce qu’au dernier moment, le Kaiminus esquive ! Pourtant, Elisabeth lui donna l’ordre de continuer jusqu’à ce qu’il arrive à le toucher. Malgré les tentatives, le pokémon eau esquivait d’une façon étrange et grotesque, tandis qu’il était saoul… qu’elle était donc cette technique ? A un moment même, le Kaiminus trébucha, laissant la patte du Jungko passer juste au dessus de lui, puis en se relevant, il donna un coup de tête sous le menton du Jungko qui s’écarta de douleur pour se masser. Le pokémon eau venait alors de bailler aux corneilles.

C’était sans doute le combat le plus honteux auquel ils avaient eu droit.

– Mais bon sang Gueva, Tu fous quoi ! C’est qu’un Kaiminus, bordel !
– KkkhhKKKHHH ! Kooo… JUNGKO ! Répondit-il de façon véhémente à sa dresseuse, l’air tout aussi furieux contre son incompétence face à ce Pokémon ingrat.

Soudain, en revoyant la capsule dorée elle se rappela de ce que l’étrange individu faisait sous l’eau, il cherchait des trésors. Elle eut alors une idée.

– Continue à l’occuper, j’ai eu idée.

Et tandis que les faux-chage essayaient de traverser la barrière inatteignable de la technique de l’homme saoul, Elisabeth alla fouiller dans son sac. Elle tomba sur son portefeuille et Arceus soit loué, le pokémon n’y avait pas prêté attention. Elle en sortit une pièce et rangea de nouveau l’étui dans son sac. Quand elle fut de nouveau disponible, elle lança un regard au Kaiminus, une nouvelle flamme dans ses yeux avec son air mesquin.

– Hé oh toi, regarde ça !

Et elle fit sauter la pièce avec l’impulsion du pouce en direction du Kaiminus. Ce dernier aussitôt alerté par la valeur de l’objet se positionna dans la trajectoire de retombée, glapissant de joie, et ignorant aussitôt le jungko et sa dresseuse.

- Kaimimi Kaimimiiiii !

Il avait les yeux qui brillait, et on aurait presque pu voir le temps ralentir de façon romantique entre ce pokémon cupide et la pièce pour laquelle il avait eu soudainement un coup de foudre. Il la réceptionna au vol et jeta par la même occasion sa capsule dorée qui n’avait à présent plus aucune signification. Il leva l’objet circulaire au ciel, tel un trophée, puis il l’approcha de son museau pour lui faire… la bise ? Bon… finit de plaisanter !

- Faux-chage !

Le Jungko s’était élancé une dernière fois, tandis que le Kaiminus était perdu dans son amour profond pour ce denier. Il le percuta avec sa feuille émoussée dans le dos. Dans l’impact, la pièce échappa des pattes de la créature, qui ne put que la voir s’éloigner, tandis qu’il était lui aussi propulsé dans les airs. Il leva une patte vers la pièce, dans une dernier spectacle de désespoir, son coeur brisé, mais elle était déjà trop loin et petit à petit sa vision devint flou. Il heurta le sol, ventre à terre.

Elisabeth sortit une pokéball de sa main, la lança bien vite sur la créature qui disparut à l’intérieur dans un déluge de lumière. La sphère bougea une fois… deux fois… trois fois et click !

– Je pense qu’on a des comptes à régler, mais surtout une éducation à t’inculquer. Tu es à moi à présent, Drake, espèce de pirate d’eau douce !

Elle avait dit ça en posant son pied sur la pokéball, l'air triomphante mais le regard mesquin. Cette nouvelle relation promettait des choses intéressante à l'avenir.