It's just a prank, bro! (avec Klaus V. Nirello) / FINI

Klaus avait eu l'air soulagé, en apercevant ma note. Et je l'étais aussi, adossée derrière le mur : attendant que mon ami s'en aille, pour sortir de ma cachette. Il avait eu l'air d'apprécier les gâteaux. Il ne restait presque plus de cookies.
Mais ce qui avait surtout attiré mon attention, c'était le paquet qu'il avait posé à droite du plateau. Ça avait l'air relativement plat, enveloppé dans quelque chose de semblable à de la soie. Curieuse, j'observais le cadeau tout en finissant les gâteaux restants.

Ah, tiens. Ils étaient vraiment bons. Je n'étais pas sûre d'avoir déjà aussi bien réussi des cookies.
C'est que... Je ferais presque une excellente cuisinière, en plus d'être une magicienne de génie ?... Le monde a intérêt à bien se préparer pour le jour où je ferais ma grande percée.

Le cadeau de Klaus dans les mains, je rebroussais chemin jusqu'à ma chambre, où j'entrais, avant de me laisser tomber sur mon lit. Je n'avais pas encore rangé tout le bazar qui régnait dans la cuisine, mais de toute façon, personne ne saurait que j'en étais la responsable. Au pire, si un maniaque passe par là, il le rangera bien à ma place. Enfin, c'est ce que je me disais en tout cas !

Avec soin (et un peu de hâte), je retirais le tissu recouvrant le mystérieux objet. Ce dernier se révéla être un cadre, que je tenais cela dit du mauvais côté : je m'empressais de le retourner, pour me retrouver aussitôt si stupéfaite, qu'un stupide sourire se dessina sur mon visage, avant même que je puisse y faire quoi que ce soit.

Il s'agissait de mon propre portrait, un peu retouché néanmoins, signé dans un coin par Klaus lui-même. Je comprenais instantanément qu'il devait s'être senti mal, lui aussi, et que nous avions probablement eu la même idée-- et moi qui croyais avoir été originale.
Enfin, originale, ça, je l'étais : mais je n'y pouvais rien, s'il était aussi créatif que moi.

Je regardais le portrait bêtement pendant quelques instants, admirant ma propre beauté, avant de retourner soudainement le cadre pour l'ouvrir. Si c'était moi, j'y aurais certainement laissé une surprise. Appelez ça mon intuition de magicienne.
Et le pire, c'est que j'avais eu (bien évidemment) raison : un message était minutieusement écrit au dos du dessin. Je laissais s'échapper un soufflement amusé, à la vue de celui-ci, avant de reposer le cadre et de m'étirer longuement.

Je le savais, que j'étais une personne fantastique.
Mais j'appréciais qu'il soit capable de s'en rendre compte. À vrai dire, ça me touchait, vraiment, mais je n'étais pas prête à le reconnaître.
En attendant de pouvoir l'accrocher correctement, je posais le cadre en équilibre sur mon bureau, contre le mur. Puis, je le regardais encore un peu, ébahie par le nombre de petits détails qui s'y trouvaient. Je ne comprenais pas comment il avait pu être assez attentif et patient, pour capturer toutes ces subtilités.

Puis, je sortais à nouveau de ma chambre sur un coup de tête, me dirigeant immédiatement vers celle de Klaus pour y frapper.
Lorsqu'il m'ouvrit et m'invita à entrer, je ne me fis pas prier, m'installant à son bureau, en me tournant vers lui.

Par contre... C'était un peu gênant, mais je n'avais aucune idée de ce que je souhaitais dire. J'étais juste venue comme ça, sans plan précis en tête. Mais je ne me laissais pas démonter, n'en laissant rien paraître.
De toute façon, il suffisait de parler, non ? Le reste viendrait bien tout seul.

« Bon, on fait une trêve ? Alors attention, ça veut pas dire que j'admets ma défaite, loin de là. »

Je croisais les jambes, avant d'adresser un sourire narquois à mon cher ami, le menton bien haut.

« Mais je venais pour te remercier de reconnaître la valeur de mon amitié. » (Non, pas du tout. J'avais juste envie de revenir lui parler, mais il n'avait pas besoin de le savoir). « Le simple fait que tu en sois capable prouve ta propre qualité en tant qu'individu. »

Je me levais ensuite avant de me diriger vers l'intéressé. J'oubliais souvent à quel point il était grand : il devait bien faire au moins trente centimètres de plus que moi. Mais qu'importe. Je rivais mon regard dans le sien, la tête haute, avant de le pointer du doigt dans un geste théâtral.

« Et ça, mon cher Klaus, signifie que tu es également quelqu'un de fantastique. Sûrement pas autant que moi, mais un jour, peut-être. Qui sait ? »

Souriante, j'avais retrouvé toute ma prestance (je le sentais bien). Si seulement j'avais eu mon haut-de-forme, alors je l'aurais probablement incliné, pour mieux saluer mon distingué interlocuteur-- en attendant, je me contentais du sourire espiègle qui venait habituellement avec cette politesse.

Pour une improvisation, je m'en étais plutôt bien sortie...
Une fois de plus.