You are a monster ? (Adonis)

L’eau est à la fois si douce, si calme. À chaque fois que je dois quitter l’océan, je ressens toujours le même pincement au cœur, comme si j’avais l’impression d’abandonner quelque chose d’important derrière moi alors que ce n’est pas le cas. M’expulsant de la surface de l’eau à l’aide d’un puissant coup d’aile, je prends mon envol suite à l’éclaboussure que ma sortie à provoquer et je constate rapidement que la nuit est en train de s’installer sur l’ile. Je n’ai pas l’habitude de beaucoup me balader dans les environs de peur de me faire voir par un humain, mais avec l’obscurité qui est de plus en plus présent, j’ai bien envie de me poser quelque part en attendant que le soleil ait disparu. Sous le couvert de la nuit, je pourrais alors me déplacer un peu plus sans risquer de me faire voir et c’est sur cette pensée que je repère finalement une zone dégagée sur la montagne. Il ne devrait plus y avoir de randonneur à cette heure-ci, du moins c’est ce que j’ose croire, surtout avec le soleil qui continue de décliner.

Je me pose donc au beau milieu d’une petite clairière, aux abords de la forêt qui s’étend sur la chaine de montagne et je suis soulagé de constater qu’il n’y a personne dans les parages autres que quelques pokémons qui semblent bien surpris de me voir. Je vais pouvoir rester ici le temps qu’il faut avant de poursuivre mon vol d’exploration sur la partie nord-ouest de l’ile que je suis bien impatient de voir. Tandis que mon regard se perd sur les alentours, surtout au niveau de la forêt où il semble y avoir un peu d’agitation, je n’entends pas la petite créature qui s’approche de moi pour finalement venir me percuter par accident. Surpris, je fais un léger bond avant de tourner ma grosse tête en direction du nouveau venu et c’est à ce moment que je remarque la présence d’une petite Galekid apparemment perdue. Dès qu’elle me voit en retour, elle pousse un cri et lève ses petites pattes sur sa tête pour tenter de se protéger, même si je ne représente clairement pas une menace pour elle. Pourquoi est-ce que les pokémons que je rencontre ont tous peur de moi ces temps-ci ?

- Hey, petite. N’ai pas peur, je ne suis pas méchant. Est-ce que tu t’es fait mal ?

Bien que je me doute que sa réponse soit négative car elle à quand même un corps fait en acier, je préfère demander. Cela la rassura peut-être. Néanmoins, comme c’est la deuxième fois que je tombe sur des jeunes pokémons en quelques jours, je commence à croire que je suis maudit d’une certaine façon. Inquiet, je relève la tête pour tenter de repérer ses parents qui ne doivent pas êtres très loin et bien que j’espérais croiser le regard d’un Galeking quelque part, il ne semble y avoir personne pour elle dans les environs. Est-elle orpheline ou simplement perdue ?

- Tu ne retrouves plus tes parents ? Tu aimerais qu’on les cherche ensemble ?

Tout en prononçant ses quelques mots, je perçois alors une étrange odeur portée par la brise du crépuscule qui souffle sur ce flanc de montagne. Non... c’est impossible. Cette odeur, je la reconnaît à chaque fois et il n’y a pas de doute possible. Cette Galekid porte sur elle l’odeur d’un humain. Elle est domestiquée.

Je me doutais bien que cette petite appartenait à quelqu’un et voilà qu’elle confirme mes craintes. Une dresseuse, hein ? Du nom de Aqua si je comprends bien. Je croyais que les randonneurs retardataires auraient déjà quitté la montagne à cette heure-ci, mais je me suis trompé. J’ai d’abord hésité à m’éloigner de la sécurité de ma grotte et du coin de plage où je me installer pour découvrir de nouveaux lieux sur l’ile et voilà que j’ai peut-être révéler ma présence à des humains qui trainent dans le coin. Ça m’apprendra à agir sur un coup de tête. Dans tous les cas, je dois repousser cette éventualité d’un revers pour pouvoir me concentrer sur la petite Galekid qui a besoin d’aide. L’idée de m’approcher d’un humain ne me plait pas tant que ça, mais je n’ai visiblement pas le choix, je ne peux pas la laisser comme ça quand même, seule et vulnérable avec la nuit ne tardera pas. Je ne suis pas certain que les Galekid ont des prédateurs naturels, mais je ne veux pas prendre de chance sinon je ne m’en remettrai jamais.

- Oui, je vais t’aider à retrouver Aqua. Elle ne doit pas être bien loin.

Comme je ne sais pas trop quelle direction prendre, je décide de me fier à ma logique ainsi qu’à mon odorat, même si je ne suis pas le meilleur pokémon pisteur qui puisse exister. Sa maitresse doit forcément se trouver sur un sentier un peu plus bas qu’à l’altitude où nous nous trouvons et c’est donc par là que je vais commencer mes recherches. Tout en m’assurant que la petite me suive bien, je fais un premier pas vers le sud en direction de l’Académie. J’aurai été tenté de la porter par le collet comme je l’ai déjà fait avec Replica, le jeune Absol noir que j’ai rencontré un peu plus tôt cette semaine, mais les Galekid sont assez lourd si ma mémoire est bonne. Ils ne sont pas de type acier pour rien.

- Dis-moi, ta dresseuse, est-ce qu’elle est gentille avec toi ?

Je me doute bien que sa réponse soit positive, mais en tant que protecteur de l’ile, je suis toujours très attentionné envers les pokémons qui m’entoure et dont j’ai la chance de rencontrer. Je veux juste m’assurer qu’elle va bien et qu’un humain n’abuse pas de son jeune âge et de son innocence. Si c’est le cas, il doit surement avoir un moyen de couper les liens qui l’enchaine à sa pokéball, mais si tout va bien, alors je respecte son choix d’être domestiquée. Nous trouvons tous notre voie en ce monde un jour ou l’autre et bien que certains choix peuvent parfois nous paraître étrange et inconcevable, il faut apprendre à les respecter. Tant que le bonheur est présent, c’est tout ce qui importe. Ainsi va la vie et c’est avec les goûts et les couleurs de chacun que nous la façonnons. Que serait-elle si nous étions tous les mêmes ?

Sans rien ajouter, je me retourne de nouveau vers ma petite protégée pour m’assurer qu’elle suit bien le rythme même si j’avance très lentement. J’espère seulement que sa dresseuse ne sortira pas de derrière un buisson pour nous surprendre.