Bonjour ..? [Niamh Mafoxy] (Terminé)

Je m'étais levée pleine d'entrain, ce matin : prête à en découdre et à endosser le rôle de l'élève parfaite. En ce début d'année, j'avais décidé de redorer le blason de mon dossier, parce que le pauvre, il en avait bien besoin ! Heureusement, mon alias, Goupelin III, endossait toute la mauvaise réputation que m'amenaient mes numéros parfois un peu louches, et les seuls faits qui m'étaient reprochés étaient liés à mon côté dissipé... Et mes absences.

De bonne humeur, je m'estimais assez patiente aujourd'hui pour gérer mon Chétiflor, bien qu'il soit vraiment agaçant : mais j'essayais de l'emporter un peu partout avec moi, histoire de l'habituer à ma présence. C'est pas que je l'aime pas. C'est lui qui m'aime pas. Il faut le voir me fixer avec ses petits yeux vils et sa bouche ridicule. Parfois, pour l'embêter, j'y jetais un stylo ou une balle. Haha.

C'est peut-être pour ça qu'il ne m'aime pas ? Non, je pense pas.

Mais... Quoi qu'il en soit ! Habillée tout en couleurs, T-shirt et jupe verts et bleus, je me dirigeais, toute guillerette, à mon prochain cours. En guise de casse-croûte, j'avais emporté des chips au vinaigre-- mes préférées, notamment parce que personne ne les aime, et de ce fait, ne me les pique ! Je piochais tranquillement dans mon sachet, faisant ma vie, mon Chétiflor sur les talons : il me regardait un tantinet méchamment, mais avait l'air plutôt calme. C'est peut-être parce qu'en cas de problèmes, je lui lançais une chips dans la bouche : et autant vous dire que ces machins-là, ça n'aime pas trop le vinaigre. Haha. J'aurais peut-être dû devenir dresseuse finalement.

Et c'est en passant parmi quelques groupes d'élèves que la catastrophe arriva. J'eus seulement le temps d'entendre un cri avant de subir... Le choc : une empotée venait de chuter au moment même où je passais, et voilà que c'était moi qui prenait tout ! De surprise, je lâchais mon sac de chips, et, horrifiée, me retrouvais condamnée à le voir se retourner, comme au ralenti : Ni une ni deux, sans un regard pour l'autre fille, je me focalisais instantanément sur le sauvetage de mes précieuses denrées. Portée par l'adrénaline, je parvins à me redresser ! Et... Les bras tendus... Je tentais de rattraper le précieux paquet de chips au vinaigre.

Allez, encore un peu !
Un tout petit peu !
Oui !
Oui !!!
Elles sont sauvées !!

Fiou. Rassurée, je ne pouvais m'empêcher d'esquisser un sourire. On a encore eu de la chance ! Puis, après tout ça, une pensée m'effleura : la fille ! J'espérais qu'elle ne s'était pas trop fait mal. Enfin non, je m'en fichais un peu, à vrai dire, mais ça serait dommage quand même je suppose ? Me retournant vers elle, Je pris une mine surprise (je l'étais vraiment, il faut bien le dire) : « Ah ! Je suis désolée, tout va bien ? Besoin d'aide ? » (j'étais pas trop désolée, d'autant plus que c'était pas de ma faute, mais bon). En guise de réconfort, je lui tendais les chips. « T'en veux une ? Elles sont au vinaigre par contre, hein. Comment t'as réussi à tomber comme ça ? » ajoutais-je en riant.

(Avec un peu de chance, les chips au vinaigre, ça n'était pas son truc).

Une pointe de déception perla dans mon esprit quand l'autre empotée se servit dans mon paquet de chips-- mais elle s'évapora aussitôt en voyant la mine déconfite de la pauvre fille. Ah ! Parfait ! Mon plan avait fonctionné. Impossible pour moi de réprimer un sourire mi-amusé, mi-satisfait : je n'allais pas être obligée de partager ! Néanmoins, ce sourire ne tarda pas à disparaître de mon visage, pour faire place à une mine plus qu'étonnée : mon interlocutrice avait vu clair dans mon jeu.

Mais... Comment ?
Qui était-elle ?!
Elle bluffait, c'était sûr. Enfin... Non, peut-être pas. Si, elle bluffait forcément... Oui. J'étais de l'avis qu'elle bluffait.

Enfin... ce n'est pas donné à tout le monde de déjouer les plans particulièrement ingénieux de la grande Mafoxy. Je notais de me méfier de cette nouvelle tête, et de ne pas tenter de jouer à Goupelin III avec elle. Contrairement au garçon de la dernière fois, K... Claus, je crois, elle me donnait l'impression d'être un peu dégourdie.
Mais pas trop, quand même. Quelle chute. Heureusement qu'elle ne s'était pas sérieusement fait mal, je m'en serais voulu. Enfin, je crois...

Piochant allègrement dans mon paquet de chips, je ne me donnais plus la peine de lui en proposer. À la place, j'affichais un sourire radieux, avant de lui répondre en riant : « Perspicace ! Je connais aucun autre amateur de chips au vinaigre à part moi. C'est particulier comme goût, pas vrai ? »

Détournant le visage pour m'intéresser à ce qu'il se passait autour de moi, je mâchais bruyamment mes chips un instant avant de rediriger mon attention vers cette fille. Je souhaitais m'assurer de certaines choses, histoire de confirmer qu'il ne s'agissait pas d'une victime potentielle. Elle était bien plus grande que moi.

« Au fait, je t'ai jamais vue ici, tu es nouvelle ?... Raconte-moi tout, je suis toujours curieuse de savoir d'où viennent les nouvelles têtes ! » ajoutais-je donc en souriant. J'espérais bien sûr qu'elle n'oublie pas de préciser le plus important-- son niveau de vie. Mais, ça finit toujours par transparaître à un moment où à un autre. « Enfin, si ça te dérange pas, j'aimerais bien marcher en même temps, j'ai cours bientôt. » Et sur ces mots, je commençais à me diriger vers ma salle de classe. Je n'étais pas sûre d'y aller, après cette rencontre-- mais autant ne pas prendre de risques.

Mon Chétiflor, quant à lui, s'était bien moqué de moi, mais je ne lui en avais pas tenu rigueur. Il se traînait toujours dans mon ombre, et je gardais un oeil attentif sur lui. Je trouvais qu'il observait un peu trop ma nouvelle connaissance, de façon un peu menaçante, même-- mais j'étais prête à lui donner le bénéfice du doute. D'autant plus qu'elle venait de tomber de façon particulièrement majestueuse, alors, au pire, même si un incident devait survenir, ça ne changerait pas grand-chose à sa vie.

La présentation de l'autre fille ne m'avait pas donné beaucoup d'informations sur sa situation pécunière, malheureusement, si ce n'est qu'elle venait d'Hoenn... C'est loin, ça ? Je m'en souviens plus. Oh, c'est pas grave. J'avais également obtenu son nom, hum, Arc.. Arcuheid ? Arceyd ? Arcuid ? Enfin... Arc... C'est bien, Arc. On va rester là-dessus.

Je m'apprêtais à lui répondre, lorsque cette inconsciente commença à toiser mon Chétiflor. Ha, ha, elle ne tient pas à la vie, celle-là. S'il lui arrive quelque chose, je ne suis pas responsable. Mon Pokémon lui rendit son regard avec une agressivité palpable. Moi, mi-inquiète mi-curieuse, je me tenais en retrait, continuant à gober mes chips avidement. Je me demandais comment il allait réagir si elle maintenant le contact visuel.

« Il a pas l'air content ton citron... »

Hein ?! Prise de court, j'avalais une chips de travers, toussant deux ou trois fois pour la faire passer. Mon citron ?! Où est-ce qu'elle voit un citron ?! Je ne pouvais m'empêcher d'éclater de rire. Un citron. Haha. Son accusation ne fit qu'empirer les choses : elle disait peut-être ça pour rire, mais elle avait totalement raison, et ça me faisait mourir de rire. Je me retournais vers la tête de citron : il n'avait pas l'air très amusé. « Haha, t'as entendu ? T'as une tête de citron ! » lui dis-je, riant toujours aux éclats.

Il n'apprécia pas trop, et se redressa, commençant à grogner légèrement, la tête penchée en arrière. Avant que la catastrophe ne se déclenche, je me mettais en posture de tir, les yeux plissés, une chips en main, avant de la lancer tout droit vers la bouche de mon Chétiflor. Celle-ci vola, doucement, projetant des miettes minuscules un peu partout... Et frôla la tête de mon partenaire réticent, avant de tomber au sol avec un léger poc.

« Oh... » murmurais-je, ayant échoué à désamorcer l'attaque du monstre. Puis, ne pensant naturellement pas à simplement faire rentrer la bête dans sa ball, je plaquais la main sur l'épaule d'Arc, la forçant à se baisser avec moi : au moment précis où nous entamions notre descente, mon Pokémon projeta vers nous un jet de venin brûlant, qui frôla mon crâne et vint s'écraser contre une poubelle dans le couloir-- et j'eus tout le loisir de voir le petit fragment de plastique fondre sous l'effet du poison.

Regardant autour de moi, je fus rassurée de voir qu'aucun professeur ne traînait dans le coin. Je n'avais le droit qu'à quelques regards interloqués qui passèrent vite à autre chose : Avec un peu de chance, l'incident n'allait pas remonter vers les gérants de mon année. Me relevant doucement, habituée à ce type de comportement, je rouspétais sur mon Chétiflor, le pointant de la main qu'il avait déjà brûlée une fois, à l'occasion de sa capture : j'en portais encore les marques. « Mais ça va pas, face de citron ? Tiens-toi tranquille, sinon je te fais rentrer dans ta ball, ok ?! »

Avec un bruit qui faisait penser à un soufflement réticent, le Pokémon se contenta de continuer à marcher devant nous. Je l'observais. Combien de temps avant qu'il ne recommence ? Et n'allez pas dire que c'était de ma faute. Je l'ai juste taquiné ! C'est pas méchant. Face de citron... C'est drôle quand même-- peut-être que je devrais l'appeler comme ça ?

En attendant, je continuais également à marcher, tout en m'adressant à mon interlocutrice : j'avais déjà retrouvé le sourire. « Je suis vraiment désolée, j'ai du mal à le discipliner ! D'habitude une chips suffit à le dissuader, oui » dis-je en riant. (Peut-être qu'il n'y avait pas de quoi rire ?)

Au moins, mes chips étaient intactes. J'en gobais une poignée avant de reprendre, la bouche à moitié pleine : « Je m'appelle Mia... Niamh ! Je suis née sur Edénia, jamais vu les autres régions encore. Pourquoi t'es pas restée à Hoenn ? Ça a dû coûter cher ce voyage, non ? »

Allez... Riche héritière, ou pas ? On peut toujours rêver.

M-Mianiamh ?... Elle avait peut-être un bon instinct, cette fille, mais elle était pas bien futée... Ou du moins, j'en avais pas l'impression. Enfin bon, ce n'est pas grave. En tout cas, je n'avais pas l'impression d'être face à une enfant de famille aisée-- au contraire, Arc' semblait être aussi férue d'argent que moi. Ce qui me réjouissait, évidemment, mais m'inquiétait un peu aussi, parce que... Les opportunistes, je connais bien. On ne peut pas vraiment leur faire confiance.

Cela dit, je passais sous silence la remarque : avec son flair, la nouvelle avait probablement déjà pisté ce point commun entre nous, mais je préférais ne pas trop insister. Si elle venait à faire la connaissance de Goupelin III dans le futur-- elle serait susceptible de s'enrichir--, alors il ne fallait pas qu'elle puisse me soupçonner trop facilement. Je continuais à l'écouter parler, un sourire flottant sur mes lèvres. De temps à autres, je jetais un oeil à mon Chétiflor. Il semblait plutôt calme, maintenant...

Ah !... Mes études. Ça y est, on en venait aux questions intéressantes ! C'est à dire, celles qui portaient sur moi. Ah, j'en avais, des choses à dire. « A-ha ! Bonne question. » m'exclamais-je, « Je suis apprentie coordinatrice ici, depuis un moment déjà. La vérité, c'est que je me vois bien collectionner les rubans, mais en même temps, je suis aussi super intéressée par le dressage ! Je me vois parfaitement devenir un dresseur de légende, ou quelque chose comme ça. Cette académie n'est qu'une étape, tu t'en doutes bien ! Crois-moi, on ne m'oubliera pas facilement. »

Je marquais une pause, la tête haute. Nous approchions de ma classe : je voyais déjà les élèves amassés autour de la porte. Je m'arrêtais de marcher, avant de m'adresser à nouveau à ma nouvelle amie, avec un sourire radieux. « Niamh Mafoxy-- c'est un nom que tu ferais bien de retenir ! Fais-moi confiance. »

Sur ces mots, je faisais rentrer la face de citron dans sa copain-ball. Ça suffit pour l'instant : je ne voulais pas qu'il cause de problèmes en cours. Irréprochable, j'ai dit. Il fallait que je sois irréprochable. J'engloutissais les dernières miettes de chips de mon paquet, avant de le froisser et de le jeter dans une poubelle, non loin. Puis, une idée me percuta soudain : je sentais qu'on avait moyen de bien s'entendre, avec cette fille. « Au fait, puisque tu es nouvelle, ça te dirait qu'on échange nos coordonnées ? Tu m'as l'air sympa, je pourrais te faire visiter, ou un truc du genre ! On peut continuer à parler par messages aussi ! » ajoutais-je en riant.

Sur ces mots, j'avais déjà sorti mon holokit. Ma petite fierté, cet appareil : je l'avais payé moi-même, du fruit de mon dur labeur. Enfin, de mes larcins, quoi. J'espérais qu'elle accepte-- j'aimais bien rencontrer de nouvelles têtes. En plus, elle n'avait pas trop l'air de m'en avoir voulu pour l'incident avec le Chétiflor... Et elle n'avait pas remarqué que j'avais préféré sauver mes chips à elle tout à l'heure : l'amie parfaite, finalement.

Ah... On allait pas tarder à entrer en classe. Les autres élèves commençaient déjà à s'engouffrer dans la salle, bien sagement : moi, j'avais envie de rester un petit peu encore dans le couloir. De toute façon, je ne comptais certainement pas m'installer au premier rang... Et puis, la sonnerie n'avait pas encore retenti.

Je m'amusais bien à discuter avec Arc. Je lui sentais quelques points communs avec moi, même si j'appréciais surtout sa naïveté à toute épreuve, qui allait peut-être m'être utile un jour (qui sait !). Mais je devais vraiment me méfier d'elle, par contre... Elle m'avait déjà prouvé à maintes reprises sa perspicacité à toute épreuve.

Nous avons échangé nos numéros avec un sourire : elle était probablement contente de s'être déjà faite une amie, et moi, j'étais heureuse d'ajouter une nouvelle connaissance à mes contacts. Je comptais bien lui envoyer quelques messages, et j'allais probablement m'y mettre dans quelques minutes à peine : le cours promettait d'être ennuyeux à mourir... Il me fallait bien une occupation.

« Je comprends ! Bon courage avec tout ça, si tu sais pas où les trouver, demande au secré-- »
Je n'avais pas eu le temps de terminer ma phrase qu'Arc s'en allait déjà en sautillant à moitié. Avec un sourire, je me demandais si elle allait s'en sortir. J'espérais qu'elle n'allait pas finir par m'appeler à la rescousse, un de ces quatres-- et j'espérais ne jamais avoir à dépendre de son aide pour me sortir d'une situation problématique.

(Enfin... Le futur allait malheureusement bientôt me mettre un gentil tacle, concernant ce dernier point).

Bref.
N'ayant plus rien à faire, j'entrais à mon tour dans la salle de classe en soupirant.
Vraiment... Je n'avais pas envie d'être là.
Installée sur une chaise au dernier rang, je sortais immédiatement mon holokit, mes doigts parcourant le clavier rapidement, tandis que j'envoyais un message à ma nouvelle connaissance, à peine quelques minutes après son départ.

Salut, tu me manques déjà (´ ∀ ` *) tu t'en sors ..?

D'une oreille distraite, je percevais les mots du professeur sans y prêter attention.
J'étais contente d'avoir trouvé une parade à mon ennui mortel.

Par contre, il fallait que je fasse quelque chose à propos de ce Chétiflor. Ça pouvait plus continuer comme ça.

Face de citron... Haha.
Je vais la retenir, celle-là.