L'intimité d'un crépuscule [Xyria]

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L'intimité d'un crépuscule

Dormir. Un luxe quand on subit l’entraînement militaire qui fut le mien ou quand on est un pokémon sauvage solitaire. A n'importe quel moment le danger peut surgir, dormir profondément est alors une grave erreur. Le délicieux sommeil du chiot que j'étais est pour moi un lointain souvenir. J'ai pris l'habitude de ne dormir que d'un œil et d'être attentif à mon environnement : ainsi j'ai le sommeil léger, il en faut très peu pour me réveiller.

Cependant ce soir là était différent : pour la première fois depuis des mois j'étais heureux, je n'étais plus seul : une merveilleuse femelle m'avait accepté pour compagnon, elle s'était offert à moi autant que je m'offrais à elle. Installé dos contre la paroi rocheuse de la grotte, légèrement de coté, Xyria m'utilisait comme coussin. Le contact de son corps contre le mien me donnait une sensation de bien être. Ai-je seulement dormi cette nuit là ? Oui j'ai dormi. Je me suis endormi en la regardant dormir... Puis réveillé en la regardant dormir.

Quelques dizaines de minutes plus tard nous marchions côte à côte en forêt, en silence : nous avions faim et nous étions en quête d'une proie. Je fus le premier à repérer une odeur intéressante et à la suivre, entraînant Xyria avec moi. La trace nous conduisit à toute une famille de cochon : quatre Grotichon, plusieurs Gruikui et deux Rotiflam. A deux, nous pouvions isoler et abattre un Grotichon, peut être même un des parents mais le combat serait difficile et nous en sortirions blessés l'un ou l'autre : trop de risques. Néanmoins j'effectuais trois cercles autours d'eux jusqu'à ce que la Feunard se soit éloignée. Je la rejoins et plongeai mon museau dans la fourrure de son cou, déposais un coup de langue malicieux à son oreille et m'élançais joyeusement par deux bonds en avant.

Un bruissement de feuilles m'interrompit soudain : un Tropius se tenait face à nous. Nous avions trouvés une proie. C'était la première fois que je combattais avec Xyria : je n'avais aucune idée de quoi elle était capable. Si elle était aussi forte que mon ancienne compagne, nous formerons un duo puissant : même moi je craignais sa danse-flamme. Durant de longues secondes je ne fis que tourner autours du Tropius. Inquiet et bien décidé à se défendre, il nous lança à plusieurs reprises des avertissements. J'attendis qu'il nous en adresse un autre pour attaquer, profitant qu'il était occupé : je m'élançais soudainement en avant tandis que mon corps s'enflammait dans une Roue de Feu spectaculaire et extra-ordinairement puissante. Je le percutais de plein fouet dans une explosion de flammèche et nous basculâmes au sol. Je tentais une morsure mais le Tropius, roulant au sol, m’éjecta avec une tornade. Je ne résistais pas : mes crocs claquèrent violemment dans le vide tandis que je glissais de quelques mètres et que ma proie, blessée, se relevait. Je gagnais ce premier round...

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"Je n'avais aucune idée de quoi elle était capable"... et bien il allait le découvrir, et il allait être servi.

Xyria n'avait jamais était douée pour ce qui était de la force brute. Même lorsqu'elle était une Goupix, alors moins longue sur pattes et rapide, l'agilité et la ruse était plus sa spécialité... comme le disaient les clichés sur les renards, en fait. On pouvait penser que c'était une mauvaise chose que la femelle ne soit pas d'une très grande force, mais déjà, ça ne l'empêchait pas d'être forte en son genre, et ensuite : elle avait développées d'autres capacités. Laissant Pastel lui faire sa petite démonstration, elle n'intervint pas immédiatement. Mais lorsque l'attaque Tornade l'envoya valser, elle lança au Tropius un :

-Eh oh ! Par ici !

Afin d'attirer son attention. Sauf que juste après qu'il se soit tourné vers elle, elle lança un :

-Non, par là !

Car un autre Feunard venait d'apparaître à se droite. Et encore un juste... :

-Derrière toi !

La femelle avait unis son attaque Reflet à sa Vif-Attaque. En tournant autour de l'adversaire à grande vitesse, elle l'empêchait de lA voir et ses reflets la faisait ressembler à une meute qui venait de l'encercler. Il tenta de se défendre à l'aide d'une autre Tornade, mais c'était exactement ce qu'elle attendait...

Plus légère, elle se fit emporter, mais contrairement à Pastel, elle l'avait fait exprès. Elle allongea son corps et se laissa monter dans le tourbillon, et une vois au sommet, elle bondit et se retrouva au-dessus de la proie, lâchant une rapide attaque Danse Flamme depuis le haut pour le bloquer dans une cage de feu tourbillonnante. La Pokemon végétal était piégé.

-A toi, Pastel !

Elle atterrit sur une branche. Elle l'avait immobilisé, elle lui laissait donc l'occasion de l'achever...

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L'intimité d'un crépuscule

Une petite tornade de cette puissance est très insuffisant pour m'abattre. Si telle était la pleine puissance de ce Tropius, il était condamné sans aucune chance de survie face à moi. Je laissais des marques dans le sol durant ma glissade contrôlée arrachant en passant plusieurs plantes. Il était trop tard pour riposter : Xyria était passée à l'attaque, il était temps de voir ce dont elle était capable. Avais-je bien choisi ma compagne ? Était-elle aussi redoutable au combat que son odeur envers moi ? Je ne fus pas déçu...

Elle était loin d'atteindre mon niveau d’entraînement, mon niveau de puissance pourtant sa ruse et sa maîtrise m'impressionna. Ce qu'elle fit m’envoûta, littéralement. Elle aurait pu m'abattre avec facilité : des Xyria de partout ! L'objet de mon intense désir pouvait... Je senti une vague de chaleurs grimper de ma queue jusqu'au bout de ma truffe en s'arrêtant entre mes pattes. Je m'imaginais couché sur le dos, adossé au mur de notre grotte. Une Xyria me léchait la joue, une autre me mordillait l'oreille, le museau autre dansait dans ma fourrure en me chatouillant le cou, une autre était assise sur moi et dansait...

Je m'ébrouais énergiquement pour chasser la vision et le rut qui menaçait en me maudissant. Si mon instructeur m'avait vu, j'aurais passé un sale quart d'heure et des terribles entraînements. Il m'aurait fait souffrir et surtout m'aurait humilié : il ne m'avait pas entraîné si dur pour que je me laisse déstabiliser ainsi par une femelle, surtout dans un moment pareil ! Je me mis en mouvement, traçant un demi-cercle autours de notre proie en attendant le bon moment...

L'attaque suivante m'impressionna autant que la première : elle se laissa emporter par la tornade du Tropius qu'elle transforma en cage de feu grâce à une spectaculaire danse flamme. J'étais amoureux de cette Feunard... Puis ce fut là ! A l'instant ou elle me passait le relais je bondis. Je traversais les flammes sans subit le moindre dommage et pris la proie par surprise. Le choc fut violent et nous fîmes une roulade. Notre lutte à mort ne fut que pattes entremêlées, le Tropius poussa une espèce de meuglement pour appeler au secours mais il se perdit dans une gargouillis sinistre : cette vocalise m'avait permis de resserrer ma prise, je sentis le liquide chaud et nourrissant inonder ma gorge. La vie le quitta en quelques secondes.

Sans attendre Xyria, je déchirais la peau de son ventre de deux coups de dent puis je fouillais à l’intérieur. Je ressortis le museau plein de sang, transportant le foie de la proie. Je le transportais et le déposais devant la feunard. Tête juste au dessus d'elle, le regard amoureux et la voix intime :

« Pour toi Petite Flamme, la meilleure part. »

Le foie est la part du chef, la part du roi, la part de celui qui a achevé la proie. En ayant porté le coup de grâce il me revenait de droit pourtant je l'offrais à Xyria...

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Xyria s'était approchée alors que Pastel achevait le Tropius. Elle chassait pour se nourrir, tuer pour survivre, que ce soit pour manger ou pour se défendre. C'était logique. C'était normal, elle ne regrettait en rien se qu'elle devait faire et ce qu'il s'était passé, et se doutait bien que la proie savait que bien qu'elle était en-train de mourir, elle souffrait juste de la loi de la nature. Mais elle respectait quand-même ses proies. Ils étaient tous des Pokemon, après-tout. Elle ne connaissait pas ce Tropius, il avait donc fini en proie. Mais dans d'autres situations, il aurait pu être un ami... elle s'était déjà liée avec d'autres Pokemon... et elle ne lui aurait pas fait le moindre mal. Si la nature avait été inversée, elle aurait même pu être à sa place...

L'Arcanin le terminait et il essayait encore de se défendre en gargouillant un appel à l'aide.

-Arrête, lui dit-elle, ça ne sert à rien, tu ne fais que te faire du mal.

Elle ignora l'éventuel mauvais regard qu'il pourrait lui lancer, ou que Pastel devait lui lancer... pour certains, c'était étrange de voir un prédateur parler à sa proie et faire preuve d'une telle gentillesse envers elle... posa la patte sur ses yeux pour qu'il ne puisse plus voir ce qu'il se passait et lui dit :

-Dors, maintenant. Merci à toi.

Et ne la retira que lorsqu'il poussa son dernier souffle...

L'heure était venu de manger, et le grand canidé fit quelque-chose de fort charmant. Même son museau plein de sang ne gâchait pas le romantisme de cette action, la preuve que son amour était sincère, et n'était pas intéressé, juste pour le physique de la femelle. Peut-être était-ce quand-même un peu le cas, mais au moins, il la respectait assez et l'appréciait émotionnellement pour faire cela.

Elle marmonna en gloussant :

-Petite flamme ? Mignon, je fois bien l'avouer, même si je ne trouve pas mon feu particulièrement faible.

Puis elle lui donna un affectueux coup de langue sur le museau, goûtant aussi le liquide vermeil, avant de plonger le sien dans la viande tendre et pleine de fibre pour en arracher un morceau, et se redressa en avouant :

-Mais je dois admettre que pour ce qui est de la force brute, tu me dépasses largement. C'était majestueux et impressionnant. C'est auprès des humains que tu as appris cela ?

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L'intimité d'un crépuscule

La peur de la mort qui nous semble inévitable. Je connais ce sentiment de frayeur qui nous envahi dans ces moments. Par tous les moyens nous cherchons à lui échapper même si nous sommes conscient que la solution n'existe pas. Xyria rassura le Tropius, elle l’accompagna jusqu'au bout. Certains prendraient cela pour de la faiblesse, toujours prompt à déposer un jugement, d'autres comme un obstacle à donner la mort pour se nourrir. Il n'y avait pourtant qu'une forme de bienveillance pour le cycle de la vie. Pour manger il faut tuer, pour que nous puissions continuer à vivre ce Tropius devait mourir.

Elle gloussa au petit surnom que je venais d'inventer. Petite Flamme. Non son feu n'était pas faible mais il est plus mignon de le dire ainsi. J'en récoltais un délicieux coup de langue et la satisfaction de la voir dévorer mon cadeau ainsi que la joie rayonner d'elle. Je lui laissais également le privilège de la première viande, l'observant plonger le museau dans le corps de notre proie. Elle me complimenta sur mon attaque : j'ai été majestueux et impressionnant. Ce compliment me gonfla de fierté, de délice. Puis elle me posa une question, une question terrible. Elle ne pouvait pas comprendre à quel point cette question était terrible à mes yeux. Oui et non, voilà la réponse. Ce sont les humains qui m'ont apprit le combat mais aussi l'expérience d'un terrain très différent de celui qu'un pokémon sauvage comme Xyria peut imaginer. Comment lui expliquer cela avec des termes et formulations qu'elle pourrait comprendre ? Je pris le temps de m'offrir une grosse bouchée de viande avant de lui répondre :

« Mon humain avait pour rôle de soigner les blessés et malades à la guerre, ceux qui se battaient pour protéger les autres. Il devait parfois aller apporter de l'aide à ceux tombés au combat. J'étais sa principale et parfois sa seule protection ainsi qu'aux vulnérables. J'avais leur vie sur les épaules au combat ou lorsque je protégeai sa tente au campement. »

La guerre... ce n'est pas une notion étrangère au monde sauvage : certains pokémon se font la guerre pour des ressources ou des territoires. D'une manière cependant bien différente. Je lui avais dis ça avec calme, tout en mangeant, sans me presser. Je m'interrompis le temps de mâcher et avaler un morceau de viande puis je redressais la tête et lui dit avec plus d'énergie :

« Je n'ai pas appris à me battre comme les autres pokémon des humains, je ne fais pas semblant. Je ne suis pas non plus un chien d'attaque, comme la majorité. J'ai bénéficié d'un entraînement spécial, plus difficile que tout ce que tu peux imaginer, celui de l'élite de l'élite. La moindre faiblesse n'aurait pas eut pour seule conséquence ma mort mais aussi celle des autres. Je devais être plus puissant que les autres pokémon... Beaucoup plus puissant. »

La flamme de l'assurance brillait de nouveau dans mes yeux à la fin. Celle de la puissance, du prédateur dangereux pouvant semer morts et destructions sur son passage. Les sauvages tuent pour manger en général un seul individu à la fois, j'ai appris à tuer en série et sans pitié tout ce qui constituait une menace.

Puis la douceur et la tendresse enveloppèrent de nouveau mon regard, celui qui lui était réservé. J'étais le plus terrible des ennemis mais le plus tendre et protecteur des amants. J’espérais ne pas lui avoir fait peur...

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"Certains prendraient cela pour de la faiblesse"...

Qu'ils essaient un peu, pour voir, et qu'ils osent signaler cela à la grande renarde à neuf queue. Ses neufs queues, elle les leur mettrait dans le museau à grand coup de claques en série juste pour leur apprendre qu'elle était loin d'être faible, et que lorsqu'on était un prédateur, on avait pas pour autant le droit de manquer de respect envers ses proies et envers la vie elle-même. Comme le pensait Pastel à ce moment-là, ce Tropius devait mourir pour qu'ils puissent vivre. Et au lieu de le considérer comme acquis et de se voir comme supérieur à lui, elle se voyait plutôt comme lui étant redevable et le remercier. C'était le cycle de la vie, oui, et il en faisait parti autant que elle. On allait pas refaire ici le graphique des prédateurs mourant pour devenir à leur tour de la nourriture pour les autres. Si ce respect n'était, certes, pas nécessaire, elle ne le considérait pas moins comme normal et n'accepterait pas qu'on la rabaisse pour ça.

Effectivement, Xyria ne pouvait imaginer l'horreur du monde des humains pouvait parfois revêtir. La guerre ? La cruauté ? La méchanceté ? Elle avait grandi dans un milieu sauvage et ne faisait que découvrir les humains. Si elle avait été consciente des horreurs de ce monde et de la signification des médailles de Pastel, jamais elle ne lui aurait demandé. Mais voilà : elle avait une part d'ignorance, on pouvait même presque appeler cela de l'innocence. Et elle ne pouvait pas se rendre compte de ce qu'elle avait dit, sur le moment...

-La guerre...

Si elle n'en connaissait pas l'étendue exacte dans le monde des humains, oui, elle connaissait le terme et en avait déjà vu chez les Pokemon. Mais un groupe de Piafabec chassant les Roucool à coups de bec pour être les seuls à profiter des fruits et du sommet des arbres de la forêt était différent de l'utilisation des armes, voir des attaques Pokemon létale, qui pouvait s'avérer bien plus ignoble, lors des conflits de la "race dominante". Xyria n'avait jamais assisté à cela et en avait à-peine entendu parlé, et on pouvait espérer que ça reste le cas.

Elle continua :

-J'ai entendu dire qu'elle était particulièrement horrible, chez les humains, mais de là à se qu'un seul être ait la vie de plusieurs sur les épaules... tu devais subir une véritable pression.

Le museau toujours plein de sang, elle alla se blottir contre lui, comme cherchant à le réconforter.

-Mais maintenant, tu vas avoir une vie plus simple et plus saine...

Elle lui fit un gentil sourire. Non, il ne lui faisait pas peur, elle avait plutôt l'impression d'être en présence d'un renardeau... philosophiquement, bien-sûr... qui sortait d'un cauchemar et qu'elle se devait de réconforter.

-... avec moi.

» Entre aube et crépuscule, le soleil est roi [ft. Hiroya]
» Fiche de Xyria
» Xyria, Feunard au tempêrament de feu.
» Promenade à deux... [Xyria]
» Énième rencontre dans la forêt [ft Xyria et Pastel] [Terminé]