Ça ne devait être qu'une simple soirée d'été [Gwenn]

Elle s’occupait aussi de faire de temps en temps la navette entre la ville et l’académie. Tous les élèves n’étaient pas dans les dortoirs ? Ou certains s’autorisaient diverses sorties, ou retournaient voir des proches. Quoiqu’il en soit, elle se plaisait à s’occuper de transports en commun. Si c’était son truc… Je ne pense pas que je me plairais à côtoyer autant de gens dans ce genre d’endroits. Surtout quand on sait qu’une bonne partie des gens les moins fréquentables doivent prendre ces navettes, notamment. Bah, je n’étais pas de ce milieu, et ça me convenait très bien.

« Ha ha, d’accord. Ne t’en fais pas, il n’y a pas de soucis. Mon poste n’est pas sensé être secret. Après tout, je peux toujours donner des conseils à quiconque en-dehors de mes heures si certains le désirent. A condition évidemment que je ne sois pas déjà occupé… »

C’est vrai, une certaine passion m’animait pour ça et c’était toujours un plaisir d’en discuter en-dehors de mes horaires. Comme je le disais, ça ne devait pas non plus empiéter sur mes autres activités, je ne vivais pas que de ça après tout. Je revenais tout de même sur ce qu’elle me disait juste avant de s’excuser.

« Alors, on trouve mes cours ‘incroyables’ ? C’est flatteur, je ne suis pas à ce poste depuis bien longtemps. Après, peut-être que vu le niveau requis et ceux désireux de devenir plus forts encore, il y a plus de chances d’attirer des passionnés. Peut-être aussi que la partie pratique, plutôt que théorique joue pour quelque chose. Ce ne sont pas des maths, après tout… Mais je digresse. »

Je me demandais si c’était pensé sérieusement, et si c’était le cas, si beaucoup le pensaient. C’était difficile de savoir, d’autant plus que les débuts n’étaient jamais les moments les plus simples. Devoir tout préparer sans avoir une base sur laquelle travailler, partir de rien quoi, ce n’était pas le plus aisé. Entendre cela était donc plus qu’encourageant.

« Donc tu fais aussi la navette avec l’académie ? Comme quoi, nous étions plus proches, géographiquement parlant, que nous le pensions. Je suppose que tu n’apprécies pas rester sur place pour t’être autant axé dans un métier qui fait circuler, voir voyager. D’une façon ou d’une autre. »

Suite à cela, je continuais de m'abreuvais de mon thé. Il n'était décidément pas mauvais. Gallica, quant à lui, semblait apprécier son met. Cet endroit possédait tout de même une certaine qualité visiblement.

L’activité, bouger, elle avait ça dans le sang. Bien que aventure et loisir n’était pas ce qui correspondait à mon sens le plus à conduire des navettes entre la ville et l’académie, mais le tourisme en hydravion devait sûrement combler ça. En tout cas, je ne me verrais pas exercer un tel métier. Je ne le trouvais pas… Adapté à ma condition, on va dire. En un sens, il était peut-être dommage que Gwenn ne soit pas non plus dans cette optique. Enfin, je n’allais pas m’étendre là-dessus. Cette rencontre était après tout l’occasion rêvée de renoué nos liens d’antan. Surtout lorsqu’on pouvait enfin la voir épanouie, rayonnante d’un certain bonheur.

Sa remarque suivante me fit doucement rigoler en mon for intérieur. Si elle se doutait ne serait-ce qu’une seconde de mon implication dans les affaires de la Dusk… Il y avait des choses qui restaient, et qui resteraient. Tout n’est pas de blanc ou de noir. Je ne briserais cependant pas ce petit cocon rassurant qu’elle se forgeait grâce à nos retrouvailles. Même en sachant que j’étais là si elle avait des problèmes sur l’île, apprendre mon appartenance à la team locale risquait de la faire grincer des dents au point de nous remettre en mauvais termes.

« Une sacré coïncidence, oui. A croire que le destin n’apprécie nous voir nous entre-déchirer. Certains liens familiaux se doivent d’être entretenus, n’est-ce pas ? »

Gallica prit un air malicieux sur ces mots. Il me fit penser qu’en réalité, j’avais complètement zappé de parler de lui à ma cousine. Après tout, lui aussi faisait, depuis longtemps maintenant, parti de la famille.

« Oh, quel impoli je fais. J’en oubli de te présenter comme il se doit Gallica Officinalis. Tu l’as déjà connu lorsqu’il n’était qu’un Rozbouton, voir un Rosélia, je crois. Regarde-le aujourd’hui ! Un fier et puissant Roserade, mêlant élégance et délicatesse ! Il mêle à ses pas gracieux un parfum exquis émanant de ses roses soigneusement entretenues. Il a son caractère, mais il vaut de l’or. Je n’ai jamais pu te le présenter sous cette forme étant donné qu’il a évolué du temps de la Flare. Une époque controversée, certes, mais qui a eu l’honneur de le voir devenir un grand Pokémon. »

Je faisais l’éloge de ma plante. Il aimait ça, mais en même temps, chacune de mes paroles étaient vraies. Après tout, n’étais-je pas devenu un professeur pour des combats à haut niveau ?

« J’ai bien eu d’autres partenaires par le passé, mais aucun n’a su rivalisé avec Gallica. Afin de repartir sur des bases nouvelles, je n’ai apporté que lui sur cette île. Peut-être qu’ici, notre petit groupe s’agrandira. Et toi d’ailleurs ? Comment souhaites-tu élever ton Togepi ? Si tu as besoin de quelconques conseils, et je ne parle pas forcément en terme de combat – Il m’a l’air bien jeune pour ça après tout, n’hésite pas à me demander. »

HRP:

Bonheur et joie de vivre, le secret pour faire évoluer un Togepi. Le savait-elle ? Si non, elle aurait tôt au tard une bonne surprise. Une fois en Togekiss, et donc baigné de bonheur, elle n’aura aucun mal à voler avec. Ca ne m’étonnait pas qu’elle ait un tel rêve après ce qu’elle m’avait raconté. Pour une pilote d’hydravion, pouvoir aller dans les airs avec son Pokémon me semblait logique. Cependant, voler dessus demandait du courage et de la confiance. On ne possédait pas forcément une ceinture de sécurité pour ne pas tomber…

Je continuai mon thé, lentement mais sûrement, arrivant bientôt à la fin de celle-ci, alors qu’elle mangea de sujet. Je ne m’attendais pas à cette question. J’en aurais presque soufflé mon thé sous la surprise. Ce n’était pas quelque chose que l’on me demandait bien souvent. Mais devait-on réagir ainsi simplement pour cette question ? Non. Ce n’était pas parce que j’avais mes préférences que ça devait être autrement qu’avec n’importe qui.

« Curieuse, hein ? Héhé. Et bien, j’ai bien eu des relations. Mais actuellement, non, personne. »

J’avais eu droit à des partenaires, oui. Pas pour bien longtemps, cela dit. Etait-ce moi qui étais trop exigeant ? Ou n’avais-je simplement pas trouvé la personne qui correspondrait à mes attentes ? Le temps répondrait à ma place. Cependant, comme je lui répondais, elle aussi avait droit à me répondre…

« Et toi ? Qu’en est-il ? »

Après tout, si elle voulait jouer à la plus curieuse, moi aussi je pouvais jouer à ce jeu là. Le sourire qu’elle m’avait donné avec cette question n’avait pas disparu. Il avait juste changé de sens. Evidemment, elle n’était pas forcée de répondre. Mais j’avais bien joué le jeu de mon côté.

J’avais touché une corde sensible, visiblement. Enfin, peut-être pas aussi sensible que ça, mais on ressentait la déception dans la voix de ma cousine. Elle aurait peut-être dû s'attendre à ce que je pose la question en retour...

Elle devait sûrement avoir besoin d’une personne à ses côtés pour l’aider au quotidien, autant pour continuer de s’épanouir que pour avoir un soutien moral. En plus d’avoir ce besoin de faire ressentir son affection, son envie d’être là pour autrui à quelqu’un qui partagerait sa vie. Peut-être était-ce l’un des revers d’être aussi empathique, d’avoir autant besoin d’être là pour les autres. En pensant beaucoup à autrui, on pouvait en venir à s’oublier soi et un partenaire pouvait être idéal pour éviter cela. Après, ce n’était évidemment que des suppositions.

« Oh. Je vois. Je te crois. Désolé d’avoir posé la question, alors. Mais ne t’en fais, ça va finir par arriver. »

Après tout, ne rien avoir eu du tout à cet âge n’était pas un drame. Nous étions encore jeunes et elle avait eu un parcours difficile. Je suis persuadé qu’avec tant de bienveillance, elle finirait par trouver quelqu’un.

Personnellement, je ressentais le moins désir de devoir absolument partager ma vie. Je prenais ça comme ça venait. On ne peut pas tout contrôler, n’est-ce pas ?

« Parfois, il vaut mieux ça que de tomber sur de mauvaises personnes. Et parfois, des séparations sont beaucoup plus durs que de rien avoir… Aah, mais bon. Il n’y a pas à se sentir mal pour ça. Rien ne presse après tout, n’est-ce pas ? »

Voilà que je me mettais à faire mon psychologue de l’amour. Ça ne me ressemblait pas. Mais je devais bien le faire, que je lui montre ma propre bienveillance. Je n’étais plus un membre de la Flare, alors autant agir comme tel si nous auparavant nous étions méchants. Et comme je le disais, c’était l’occasion de renouer avec une personne proche, autrefois ma confidente. Mieux valait sortir de sa… Nonchalance, si je peux dire ça comme ça, et se montrer ouvert à ce genre de discussion.

« Mais peut-être préférerais-tu qu’on change de sujet. »

Histoire de ne pas remuer le couteau dans la plaie. Mais ça ne l’empêchait pas de pouvoir vider son sac si elle en avait besoin.