Et c'est parti...! [Solo]

Alors qu’elle marchait dans les plaines de l’île, Khaos se souvenait encore de sa discussion « houleuse » avec Lucky ce matin dans sa chambre. Se disant que cela faisait quelques temps qu’elle était à l’académie désormais, il était plus que temps pour elle d’enrichir son équipe. Après tout, si elle voulait reprendre la pension de ses parents : il lui faudrait bien des pokémons à faire se reproduire. Mais quelle catastrophe lui avait pris de vouloir en parler au Lokhlass en premier ?!

L’ayant fait sortir la veille de sa filet ball,  elle était simplement sortie de sa salle de bains changée et prête au départ. Coiffant une casquette à l’effigie de sa future pension (accessoirement encore celle de ses parents) « Au Cœur d’Or » sur la tête, elle fit passer ses cheveux rassemblés en une mini queue de cheval par le trou en arrière de celle-ci.

Étonné de la voir habillée d’un pantacourt plutôt que d’un short, et surtout avec une veste sans manche par-dessus un tee-shirt ¾ au lieu du sempiternel tee-shirt tranquille habituel, Lucky leva la tête avec un grognement mélodieux trahissant son étonnement voir une question non dite. Après tout, il n’était habitué à voir sa compagne habillée ainsi seulement quand elle allait partir en forêt !

- Tu as bien deviné Lucky. Nous sortons aujourd’hui.

Se renfrognant un peu car il savait bien qu’en forêt, il ne pourrait pas se promener directement avec elle, Lucky tourna légèrement la tête sur le côté pour marquer son questionnement.

- Il est grand temps que notre équipe s’agrandisse un peu. J’ai étudié toute la semaine pour savoir où trouver le pokémon que j’aimerais que nous récupérions.

Ouvrant grand ses yeux, le Lokhlass rejeta la tête en arrière, marquant ainsi sa désapprobation totale à l’idée de Khaos.

- Quoi ?! Tu ne veux pas m’aider à attraper un nouvel ami ? Je compte sur toi pourtant ! Tu es mon atout phare, tu sais ?!

Dans le cœur du pokémon marin, la jalousie sévère ressentie d’un coup s’atténua face à la marque de confiance de son amie. Secouant la tête pour à la fois dire non, puis oui mais non encore, il fut par contre étonné de voir la mine compréhensive mais décidé de la jeune fille venir se planter à quelques centimètres de sa propre tête.  Il n’avait aucune envie qu’elle ait un nouveau pokémon à chouchouter lui ! Les pokémons de la pension ne lui appartenaient pas et si elle en prenait soin, ce n’était absolument pas la même chose que lorsqu’elle s’occupait de lui.

- Écoute, reprit Khaos en posant ses mains de part et d’autre de la tête du Lokhlass, tu ne souhaites pas que la pension retrouve ses lettres d’or ? Tu te doutais qu’il faudrait bien que je capture d’autres pokémons à un moment ou un autre, non ?

N’osant pas bouger vivement pour lui répondre, de peur de blesser Khaos alors qu’elle était si proche de lui, Lucky émit simplement une petite lamentation pour signifier son « oui » intérieur. Même si cela ne lui plaisait aucunement, il se doutait bien que ce jour arriverait un jour ou l’autre…

- Et puis, même si l’on se fait d’autres amis : ce seront des amis. Pas mon MEILLEUR ami. Cette place est déjà prise par toi, gros bêta ! lui sourit-elle.

Surpris par cette marque d’amitié à laquelle il ne s’attendait pas, Lucky profita de la présence proche de Khaos pour lui faire une léchouille sur le visage.

- Alors, je vais aller capturer un pokémon. Et tu m’accompagnes ! conclut-elle en le lâchant et en attrapant son sac contenant le nécessaire prévu pour sa journée.

Soupirant et se disant qu’il valait encore mieux la suivre pour éviter qu’elle ne se fasse blesser plutôt qu’elle n’y aille toute seule, Lucky grommela en secouant la tête avec des mouvements de bouche rappelant un certain dragon noir d’une série animée qu’il avait vu à la télévision. Khaos s’était retenu in extremis de rire en le voyant faire, cela aurait put le fâcher et faire en sorte qu’il préfère rester à l’école !

Hors, pour le pokemon qu’elle visait, elle n’avait pas menti : Lokhlass serait son meilleur atout. Après tout, c’était le seul pokémon qui voudrait bien se battre loyalement à ses côtés, sans rien demander qu’une séance de câlins en échange. Aussi, toute la semaine, elle avait effectué des recherches sur le pokemon qu’elle souhaitait voir se joindre à son équipe.
Oiseau emblématique de sa région, il était surtout présent en forêt sur l’île et ses trilles devaient résonner joyeusement dans la praire que des dresseurs lui avaient indiquée. Petite trouée verte dans la forêt, elle était parfaite pour que les pokémons volant plongent d’un arbre, attrape de quoi manger dans les hautes herbes et remontent aussitôt dans un arbre. Si elle s’embusquait dans le coin, elle risquait fort de voir celui qu’elle cherchait.

Tout en continuant de marcher sur le sentier qu’elle avait pris depuis plus de quatre heures, Khaos cherchait des yeux l’arbre dont ont lui avait parlé. Sachant qu’elle voulait se rendre à un endroit bien particulier, un de ses professeurs avait eut la gentillesse de lui indiquer le chemin le plus facile pour s’y rendre. Et elle savait que le prochain repère était un arbre au tronc couleur rouge qui avait été frappé par la foudre et dont il ne restait que la base noircie. À partir de là, elle devait tourner à droite et quitter le sentier.

Inspirant profondément, la jeune fille sourit. Elle préférait de loin être ici en pleine nature que dans une salle de classe. Quand elle passait de longues heures à étudier, c’est encore ce qui lui manquait le plus : le vent sur son visage et les bruits de la nature. Cela lui rappela momentanément les prairies siégeant tout autour du ranch. Elle les avait tellement parcouru qu’elle aurait put s’y retrouver les yeux fermés. Avaient-elles changé depuis son départ ? S’y retrouverait-elle encore en revenant ?

Perdue dans ses pensées, elle ne remarqua donc pas tout d’abord le tronc qui devait lui servir de repère. Secouant la tête après quelques pas, elle revient en arrière et sourit de sa propre inattention. Ce qu’elle ne savait pas alors, c’est qu’elle était observée.

Perché sur une branche un peu plus haute, un bel oiseau au plumage blanc et bleu, à la queue noire et la tête d’un rouge brillant, un petit oiseau la regardait avec curiosité. Qu’est-ce que cette humaine faisait dans un coin si reculé de la forêt ?
Intrigué mais sautillant en arrière d’un air apeuré quand elle fit sortir un énorme pokémon bleu, le petit pokémon ailé se dit que cette jeune fille devait être une dresseuse pour transporter ainsi un pokémon dans une ball. Ses parents lui avaient bien expliqué qu’il fallait se méfier des dresseurs. La plupart voulaient juste les capturer pour les faire se battre sans se préoccuper d’eux et de leur santé. Sa grand-mère avait bien été blessée par l’un d’entre eux il y a quelques saisons et ne pouvait presque plus voler depuis après tout ! Toute la famille s’y était mise pour s’occuper d’elle et veiller à ce qu’elle puisse encore manger et vivre. Ramenant son attention sur l’humaine et son drôle de monstre bleu, le petit oiseau tendit l’oreille pour écouter.

- On va faire une pause ici Lucky. La clairière n’est plus censée être très loin et je préfère que tu sois en pleine forme alors lunch time ! Qu’est-ce que tu veux manger ? Tu veux te dégourdir les nageoires un peu avant que l’on reprenne le chemin tout à l’heure ?

Elle parlait tout en sortant des boites de nourriture de son sac à dos. Elle en ouvrit une et l’oiseau lança un trille ravi. Même d’ici, il pouvait sentir combien l’odeur était bonne et alléchante. Il ne savait pas ce que la jeune fille avait mis dans cette nourriture qu’elle donna à son pokémon, mais cela sentait aussi bon qu’une baie mangou mure à point ! Remarquant qu’elle donnait à manger directement à la main à son pokémon – avec sa taille, celui-ci aurait eut du mal à atteindre le sol même s’il avait un long cou – le petit oiseau vit avec effarement qu’elle s’occupait du monstre marin avec affection et qu’elle attendit même qu’il ait fini pour sortir son propre sandwich et mordre dedans. Cette humaine se souciait donc tant de son pokémon qu’elle le faisait passer avant elle ?

Ne la laissant pas manger tranquillement, le Lokhlass vint jouer avec la casquette de sa dresseuse alors qu’elle essayait de la retenir d’une main.

- Non mais qu’est-ce que tu fais Lucky ?! Moi aussi, j’ai le droit de manger !

Plutôt que d’être agressive alors qu’il la dérangeait, la voix de la jeune femme portait des accents d’amusement et elle rit même volontiers quand le Lokhlass attrapa enfin sa casquette et la lui vola. À regarder le monstre marin jouer ainsi quelques minutes avec elle, il était facile de deviner l’affection qu’il portait à l’humaine. Riant toujours, elle avait posé son sandwich et essayait de récupérer la casquette. Au bout de quelques minutes de ce manège, elle se rassit un peu essoufflée et ajouta :

- Bon, si c’est comme ça : tu peux la garder pour le moment. Mais ne l’abime pas s’il te plait.

Tout content, le monstre marin posa la casquette sur sa corne. Penchant la tête vers le sol, alors que le petit oiseau descendant d’une branche dans son arbre pour ne pas le perdre de vue, il essaya d’attraper un morceau de plante. L’oiseau était certain qu’il avait visé un brin d’herbe mais pour sa grosse bouche, c’était plutôt plusieurs qui étaient venus ensemble quand il les avait arrachés. Levant de nouveau la tête vers sa dresseuse, le Lokhlass se dandina en levant la tête.

Manquant s’étouffer de rire alors qu’elle essayait toujours de manger, la jeune femme se tapa sur une jambe avec une main.

- Oh mon dieu, on dirait vraiment Papa ! Belle imitation Lucky. Tu vas me faire pleurer de rire.

Cela lui prit quelques instants pour retrouver son souffle et pouvoir enfin finir d’engloutir son repas. Secouant ses mains, l’oiseau la vit alors ramasser tous les déchets qui avaient pût atterrir à terre. À croire que cette humaine faisait attention à laisser cet endroit comme elle l’avait trouvé.

Elle s’approcha alors du pokémon marin et tendant la main pour lui caresser la tête, il dut pencher la tête pour l’entendre parler alors qu’elle baissait la voix.

- Es-tu prêt ? Nous sommes censés être proches de l’endroit où nous allons le trouver. Tu te rappelles les Passerouges qui jouaient dans le jardin l’été ? C’est lui que l’on cherche alors ouvre grands tes yeux et tes oreilles.

Reculant et se cognant contre le tronc avec horreur, le petit oiseau lança un trille affolé. La seule famille de Passerouge proche, c’était la sienne. Et loin de son cœur l’envie que l’un d’entre eux se fasse capturer, même si l’humaine était intrigante et semblait bien s’occuper de son ami bleuté. Ah non, il ne pouvait pas laisser faire cela ! Gonflant bien gros ses poumons, il lança un chant d’avertissement. Il savait que tous les autres oiseaux du coin allaient le reprendre et que tous seraient alors avertis de la présence d’une humaine dans le secteur. Sa famille prendrait ses précautions et les petits ainsi que les grands-parents seraient mis à l’abri.

Malheureusement, sa performance vocale lui avait valu l’attention du roc bleu plus bas. La tête levée, il cherchait d’où pouvait venir le bruit capté et la jeune femme, sentant la tension nouvelle dans son ami, avait fait un bond sur le côté pour chercher avec lui.

- Est-ce que tu vois ce que c’est mon grand ? Je ne veux pas déranger les autres à part celui que l’on cherche.

De nouveau surpris par la teneur des mots de la jeune femme, le petit oiseau descendit d’une branche à nouveau. Il savait qu’il serait ainsi visible mais s’il accaparait l’attention de cette dresseuse assez longtemps, cela laisserait plus de temps à sa famille pour cacher les autres. Elle fouillait des yeux les arbres et il put voir un étonnement ravi se peindre sur ses prunelles quand elle le vit enfin. Sa voix ne fut cependant qu’un murmure quand elle ajouta:

- La chance veille sur nous Lucky, un Passerouge directement !

Sortant une autre boite de nourriture de son sac, la jeune femme l’ouvrit et – oh que l’odeur était aussi divine que tout à l’heure mais lui mettait bien plus l’eau à sa bouche ! – faisant quelques pas sans trop s’approcher, elle la posa au sol avant de reculer.

- On va voir s’il a faim, murmura-t-elle de nouveau au Lokhlass.

Pensait-elle vraiment que ses oreilles n’étaient pas assez affutées pour l’entendre ? Peut-être puisqu’elle ajouta.

- C’est pour toi, désigna-t-elle la boite. Tu peux y aller, je voudrais surtout te parler.

Encore plus intrigué, le petit oiseau tourna la tête en trillant de curiosité mais ne descendit pas manger. Ce n’était pas un glouton après tout, il n’allait pas se jeter dessus !  Il descendit cependant sur la branche la plus basse et donc la plus proche du sentier et ne manquant donc rien du regard scrutateur que lui lança la jeune femme.

- Il n’a pas l’air blessé et au contraire semble en pleine forme, se disait-elle pour elle-même. Son plumage est brillant. Vu sa taille, ce n’est plus un enfant. Tu as quoi mon grand ? Un an déjà ? Peut-être deux ? Hum…Il ne faut pas que tu sois trop jeune, je ne voudrais pas briser le cœur de tes parents si je t’enlève à eux trop jeune…Ni t’empêcher de vivre une belle jeunesse.

Ramenant vivement une aile devant son bec pour masquer sa surprise, le petit oiseau comprit que l’humaine était en train de l’analyser. Mais pas pour juger de ses forces ou faiblesses mais bien pour vérifier qu’il n’était pas diminué et avec des motifs très étranges pour une dresseuse !

Levant de nouveau les yeux vers elle, il vit qu’elle souriait et s’apprêtait à lui parler directement.

- Tu as peut-être un peu de mal à me comprendre si tu n’es pas habitué aux humains. Je vais essayer donc d’être claire. Je m’appelle Khaos et je viens de la région d’où ton espèce est originaire. Je veux restaurer la pension de ma famille et retrouver le pokémon qui est sur notre emblème , le pointa-t-elle.

N’en déplaise à Lucky, le premier pokémon que son arrière grand-mère avait capturé était un Passerouge quand elle était jeune. Ayant grandi, elle en avait fait l’effigie de la pension qu’elle allait fonder avec son mari et depuis près de 120 ans : il était encore l’emblème du ranch.

- Alors j’aimerais vraiment, si tu le permets, te compter dans mes amis. Mais je sais bien que les pokémons sauvages ne veulent pas se joindre facilement. Alors je te propose un match. Et si je te bas : tu deviens ami avec Lucky et moi.

Un brin amusé, Lucky se dit que les rêves de dressage de Khaos ressortaient un peu trop là. Il savait très bien qu’avant d’embrasser la quête de l’élevage, elle avait voulu devenir dresseuse et capturer tous les pokémons du monde. Elle avait abandonné le premier objectif. Peut-être pas le second…

Penchant de nouveau la tête sur le côté, le petit oiseau se dit avec un très grand étonnement que cette humaine était plus qu’intrigante. Elle ne le forçait pas à se battre, bien au contraire : elle lui demandait son autorisation ! Cela méritait d’en savoir plus. En un coup d’ailes, il s’élança vers le sol et battant vivement des ailes, il se maintient devant le duo.

- Tu acceptes ?! Génial ! Lucky, j’ai confiance en toi !

Poussant un hululement mélodieux, le Lokhlass s’avança tant bien que mal sur la terre ferme. Il avait du mal à se déplacer et cela était évident. S’affrontant du regard un instant, les deux pokémons se jugèrent.

- Lucky, utilise Pistolet à eau ! lança Khaos d’un peu en arrière.

Visant le petit oiseau, le Lokhlass ouvrit la bouche et déversa un jet d’eau sur son adversaire. Rare était les pokémons aquatiques dans ce coin de l’ile mais l’oiseau n’eut aucun mal à esquiver. Son adversaire était certes imposant mais lui, il était agile et rapide. De quelques battements d’ailes, il se mit à tourner autour du monstre marin. Visant l’arrière du cou de celui-ci, l’oiseau se mit alors à charger rapidement.

- Attention Lucky, c’est une vive-attaque. Esquive si tu le peux !

Vu son poids et le sol rêche, ce n’était pas facile de se déplacer. Penchant la tête, Lucky sentit pourtant une longue éraflure lui parcourir le sommet du crâne. Grognant de frustration et d’indignation, il tenta de tourner la tête vers l’oiseau qui s’obstinait à rester derrière lui. Se mouvant comme il le pouvait, il tenta de se tourner au complet. L’oiseau en profita pour repasser plusieurs fois au dessus sa tête et lui picora même la corne avec une attaque Picpic. Ils échangèrent ainsi quelques attaques alors que le Lokhlass en avait de plus en plus marre de ne pas bouger aussi librement que dans l’eau.

Khaos qui analysait la situation intervint alors :

- Lucky, j’ai une idée ! Utiliser Pistolet à eau sur le sol autour de toi. Inonde-le ! La boue te permettra de glisser si tu l’arroses suffisamment !

Hochant la tête, le Lokhlass se mit au travail. Il avait une totale confiance en sa compagne et s’il avait toujours été les muscles, elle était le cerveau de leur duo. L’oiseau voletait au dessus sa tête, surpris par la manœuvre puisqu’il attaquait le sol plutôt que lui-même. En quelques instants, le sol autour d’eux était un mélange de boue et de flaque restante. Voilà qui allait grandement faciliter la vie de Lucky ! Habitué à un tel mélange sur les rives de son Lac, il allait pouvoir glisser et surfer. Mais il devrait faire attention, la zone de boue n’était pas très grande.

- Attention Lucky, il essaye de nouveau une charge !

Grognant contre sa propre inattention, Lucky remercia intérieurement Khaos d’avoir veillé au grain. Grâce au sol modifié, il put esquiver facilement l’attaque de l’oiseau, Il en avait marre de se faire picorer, il n’était pas un arbre après tout !
Comprenant qu’il devrait être plus rapide s’il voulait le toucher de nouveau, le Passerouge prépara une nouvelle vive-attaque.

- Volte au dernier moment et pistolet à eau, mon grand !

Khaos se disait que leur attaque avait une chance de ne pas réussir puisque l’oiseau l’avait bien entendu écouté mais elle espérait qu’il éait déjà trop lancé dans sa propre vive-attaque pour changer de direction. Et bingo, cela fonctionna ! Attendant qu’il soit trop proche, Lucky tourna suffisament la tête pour que son jet d’eau frappe directement l’une des ailes du passerouge ! Déséquilibré, celui-ci se cogna contre un arbre proche avec un glapissement de douleur.

- Vas-y Lucky, pendant qu’il récupère : Berceuse !

Levant haut la tête, et alors que Khaos se bouchait ses propres oreilles – elle avait souvent bénéficié de la chanson de son ami pour s’aider à s’endormir avec les années – Lucky se mit à chanter un air doux et mélancolique. Invitant au sommeil, il espérait simplement que sa voix ne lui ferait pas défaut au pire moment. Attendant de voir le résultat de l’attaque avec excitation, Khaos espérait que cela suffirait. Elle avait bien vu que le Passerouge avait eut particulièrement mal à la dernière attaque réussie et n’avait aucune envie de le blesser plus que de raison. Elle ressentait un mélange d’envie de se battre jusqu’au dernier souffle mais aussi une compassion instinctive face aux blessures reçues.

Lentement, elle vit cependant le petit oiseau déjà un peu sonné par sa rencontre avec l’arbre se laisser glisser au sol. Il lutta vaillamment mais ses paupières se fermaient toutes seules. Heureusement, l’arbre lui avait servi de toboggan et il ne tomba pas de haut en frottant contre l’écorce. N’en croyant pas ses yeux sur le fait que l’attaque avait réussi du premier coup, la jeune femme dégagea ses oreilles trop rapidement. Ses paupières commencèrent elles aussi à se fermer toute seule quand elle reçu un coup de tête amical qui la fit sursauter.

- Ah oui, tu as raison Lucky. Pokéball, go ! reprit-elle la maxime que toutes les générations de dresseur disaient depuis bien longtemps en tentant de capturer un pokémon.

En partie endormie qu’elle l’était, sa ball rebondit cependant sur l’arbre. Effrayée et gênée à l’idée d’avoir manqué son tir, Khaos vit cependant la ball tomber alors directement sur le Passerouge. Celui-ci se changea en lumière rouge et entra dans l’objet alors que Lucky riait franchement de son amie. Un oscillement, deux oscillements…compta Khaos alors que ses ongles rentraient dans ses paumes fermées sous le coup du stress. Enfin, après un troisième oscillement : la pokéball s’arrêta de bouger et la lumière au centre de celle-ci s’éteignit avec un « Pfhum » sonore.

Regardant la ball, puis Lucky, puis la ball à nouveau et revenant finalement sur son ami marin, Khaos courut lui sauter au cou.

- On a réussi mon grand ! On a capturé notre premier pokémon ! sautilla-t-elle de joie tout en tenant le cou de son compagnon un peu trop fier de lui-même. Tu t’en es très bien sorti. Je te soigne dans un instant !

Sautillant plus que marchant tellement elle était heureuse, Khaos alla chercher la pokéball de Passerouge. La ramassant, elle la porta proche de son visage pour lui dire :
- Tu verras Passerouge, tu ne seras pas triste avec nous. Je vais bien m’occuper de toi !

Revenant vers son sac, elle récupéra rapidement un linge et sa bouteille d’eau pour nettoyer les blessures de Lucky. Il s’en remettrait rapidement si cela ne s’infectait pas. Lançant alors la pokéball dans les airs, elle demanda à Passerouge de sortir. Tendant son bras, le petit oiseau se réceptionna sur celui-ci alors qu’elle rattrapait la pokeball de l’autre main.

- Bienvenue parmi nous, mon beau. Tu n’es pas…aie ?! s’interrompit-elle cependant quand l’oiseau lui picora sans méchanceté le bras. Quoi ?! Qu’est-ce que tu as ?

Lucky s’était vivement avancé pour faire les gros yeux au nouvel ami de leur duo quand il avait entendu l’exclamation de douleur de Khaos. Non mais pour qui se prenait le nouveau pour lui faire mal ?! Ça commençait mal ! En voyant cependant la réaction outrée du Passerouge qui était parti dans un trille vindicatif, il rit.

- Attends, tu vas trop vite. Comment veux-tu que j’essaye de te comprendre ! lui reprocha Khaos gentiment. C’est parce que j’ai dit « mon beau » que tu n’as pas aimé ? Lucky, montre-lui s’il te plait.

Obéissant volontiers à la demande, Lokhlass requit l’attention du Passerouge pour lui montrer comment faire comprendre le « oui » et le « non » à Khaos. Reposant alors sa question, la jeune femme obtenu un « oui » franc comme réponse.

- Tu n’aimes pas ce surnom ? Ou c’est autre chose ? [/b][/color]
Bougeant la tête dans les directions souhaitées, Passerouge répondit par un « non » puis un « oui ».

Se disant que cela allait être dur à deviner directement pour sa compagne, Lucky intervint en se désignant puis désignant Khaos et faisant non de la tête. Tout de suite, il continua en montant le Passerouge de la tête puis sa compagne en mimant alors le « oui ». Ouvrant grand les yeux de surprise, Khaos comprit alors.

- Ah…c’est parce que tu es une femelle alors ! Désolée, ma belle !
Souriant, la jeune femme vit alors la Passerouge venir se frotter amicalement à elle. C’était le début d’une nouvelle amitié et l’aventure continue…!