Visite médical oblige ! [ PV Eléomore ]

Un hurlement strident déchira la nuit qui paraissait calme aux premiers abords. Cela n’était pas la première fois que cela se produisait dans les dortoirs de l’Académie. Une énième nuit, elle ne les comptait plus, la jeune Eléonore se réveillait en criant de terreur, le souffle court et le corps recouvert de sueur, à la recherche désespérée d’une source de lumière proche et rassurante pour illuminer la pièce plongée dans le noir le plus complet, le plus oppressant. Une fois sa petite lampe de chevet allumée, elle tenta de se redresser dans son lit, encore tremblante, et jeta des regards peureux autour d’elle. La chambre était vide. Non, impossible. Il y avait quelqu’un, il y avait forcément quelqu’un. Elle l’avait vu, elle l’avait senti. Eléonore posa les paumes de ses mains sur ses tempes, respirant fortement afin d’essayer d’apaiser ses pensées fiévreuses. Que ce passait-il ces derniers jours ? Pourquoi « ils » ne la laissaient pas tranquille ? Pourquoi l’attrape-rêve au-dessus de sa tête ne la protégeait plus ? Quelle entité maléfique pouvait autant lui en vouloir ?

N’y tenant plus, la jeune fille éclata en sanglot, seule, dans sa chambre. Sa chevelure négligée se poissa de larmes salées ainsi que ses yeux terriblement creusés par les cernes de toutes ses insomnies cumulées et son visage à la couleur maladive. Encore une nuit où le calme du dortoir fut rompu par une terreur nocturne de la jeune chercheuse. Sauf que cette fois-ci, ses voisins de chambres n’en pouvaient plus de vivre ça. C’était la dernière fois que leur sommeil était perturbé par Eléonore. Cette fois-ci, ils comptaient bien se plaindre de voir leur nuit être réduite à peau de chagrin tout ça à cause de leur "tarée de voisine qui hurle sans raison la nuit".

Le lendemain matin, après une nuit bien plus qu’agitée, Eléonore ne s’était pas rendormie de la soirée. Impossible de pouvoir fermer l’œil sereinement. Bien trop terrifiée pour se recoucher, mais bien trop épuisée pour subir la journée, elle se déplaçait difficilement dans les couloirs, comme absente, n’ayant aucune conscience de ce qu’il l’entourait. Sa mine était affreuse, ses cheveux en bataille et son uniforme mal ajusté, et nombreux étaient les étudiants qui s’éloignaient d’elle en la voyant approcher, de peur d’attraper sa malade. Mais quelle maladie ? Ce n’était pas une nuit manquée qui allait la clouée au lit et l’empêcher d’aller en cours. C’était ce qu’il y avait de plus important pour elle. Surtout que des examens approchaient à grand pas… Pas question de rater ne serait-ce qu’une matière. Du moins c’est ce qu’elle aurait souhaité.

Avant de pouvoir se rendre à sa première heure de cours de la journée, elle fut convoquée au bureau des professeurs en raison de son cas et de quelques plaintes d’étudiants. La jeune fille, bien que dissipée par le manque de sommeil, semblait perplexe et paniqua. Qu’avait-elle bien pu faire pour être convoquée ainsi en urgence ? Ses notes étaient toujours excellentes… Sauf peut-être au dernier contrôle de science où elle s’est littéralement effondrée sur sa table en pleine rédaction, comme soudainement prise d’une crise de narcolepsie, ou cette fois en plein milieu d’un couloir où elle hurla « fermez là, laissez-moi tranquille ! » visiblement à personne en particulier, ce qui avait attiré tous les regards sur elle… Sauf qu’à cet instant, elle était sûre qu’il y avait bien des voix qui la harcelaient.

Elle entra timidement dans la salle où elle avait été convoquée, une boule au ventre. Déjà que son état de santé n’était pas au top, mais en plus elle subissait une nouvelle montée de stress… Elle se sentait vaciller… Une des professeures de l’Académie ouvrit les hostilités.

- Mademoiselle Ambriel, je suppose que vous savez pourquoi vous êtes ici ?

Eléonore ne répondit rien. Elle se contenta de hocher la tête négativement, les yeux rivés sur le sol. Elle en ignorait totalement la raison. La seule chose qu’elle savait, et qu’elle ne pouvait oublier, c’était qu’elle était fatiguée et qu’un mal de tête terrible l’empêchait de se concentrer sur quoi que ce soit. Même quand cette professeure s’adressait à elle, l’air grave.

- Plusieurs de vos camarades se sont plaint de votre comportement. Il semblerait que vous réveillez la nuit en criant, ce qui les dérange fortement. Mais nous sommes humains, et nous pouvons comprendre que vous ayez des soucis de santé, Mademoiselle, surtout avec cette période qui est remplie de stress. Nous avons également le devoir de nous assurer que vous aller bien et que votre état ne s’aggrave pas. C’est pour cela que nous vous dispensons de cours pour aujourd’hui. Vous n’êtes de toute façon, visiblement, pas en état de vous y rendre. Rendez-vous à l’infirmerie, et reposez-vous au moins aujourd’hui.

Eléonore n’était pas bien sûre d’avoir entièrement comprit tout ce qu’elle venait de lui dire… Quelques mots seulement étaient parvenu à être retenu comme « santé », « stress » et « infirmerie »… Ah, elle devait y aller ? Maintenant ? Tout de suite ? Eléonore semblait hésiter… Elle pouvait partir ? C’était tout ce qu’on lui avait dit ? Elle regarda l’équipe de professeurs présents, le regard vague, perdu, avant que l’un d’entre eux lui indique la porte, « l’autorisant » selon elle à quitter la pièce. Bon… Au moins ce ne devait pas être grave comme motif de convocation… Eléonore pouvait souffler, rassurée. Elle les remercia, de quoi par contre elle ne savait pas trop, puis sortit de la salle, toujours aussi égarée. Elle devait se rendre à l’infirmerie c’est ça ? Bien … Bon gré, mal gré, elle dût s’exécuter … Cela ne lui plaisait vraiment pas de manquer des cours…

- Navrée Mademoiselle, je crains ne rien pouvoir faire pour votre cas.

Cela faisait déjà deux bonnes heures qu’Eléonore était retenue à l’infirmerie. Non… Attendez… Deux heures ? Plus ? Moins ? La jeune fille n’en avait aucune idée. La conscience du temps qui défilait lui échappait totalement. Ce temps lui paru juste long. C’eut été pourtant si simple de juste jeter un œil à l’horloge accrochée au mur… Mais même à quelque chose d’aussi simple elle n’y pensa pas.

- Je vais essayer de contacter des personnes plus aptes à déterminer ce dont vous souffrez, pour que vous puissiez recevoir rapidement les soins adaptés.

L’infirmière s’éloigna alors… Peut être passer un coup de fil de ce la chercheuse avait à peu près comprit … Si même l’infirmière de l’école ne savait pas ce qu’elle avait… Était- ce si grave que ça ? Ou elle n’avait pas envie de s’embêter avec son cas. C’est sûr que ça doit changer des élèves paresseux qui simulent un mal de tête soudain ou un mal de ventre afin d’échapper à un contrôle, ou juste pour sécher allègrement une matière qui leur déplaît.

Les secondes défilaient aussi lentement que les minutes du point de vue de la jeune demoiselle… Mais l’infirmière revint enfin.

- J’ai réussi à vous obtenir un rendez-vous. Mais ils sont surchargés aujourd’hui. Un créneau s’est miraculeusement libéré dans la matinée. Vous avez rendez-vous avec le Docteur Jung à l’hôpital d’Edenia.

Décidément… La journée commençait vraiment mal… Rien que le mot hôpital la rendait malade… Elle n’y avait pas remit les pieds depuis son accident… Elle était toute petite… Chassant ses mauvais souvenirs en secouant la tête, elle ne pu s’empêcher de lâcher un râle de mécontentement. Elle ne voulait pas y aller. Certainement pas. Cependant avait-elle vraiment le choix ? l’infirmière avait déjà contacté ce Docteur… Jung ? C’était qui encore celui-là ? La jeune fille eu encore une boule au ventre… Elle aurait mille fois préféré aller en cours qu’aller en enfer…

Heureusement que la ville avait mit en place des transports pour se rendre aisément où l’on souhaitait. Clairement, la jeune fille n’aurait jamais pu faire le trajet à pieds. En d’autre circonstances, peut être bien, si, or, là, non.

Intimidée et mal à l’aise, elle entra dans l’immense bâtisse. L’odeur des désinfectants lui donnait déjà la nausée. Elle n’avait qu’une hâte : que cela se finisse rapidement. Se rendant à l’accueil, elle indiqua à la réceptionniste son nom, son prénom et qu’elle avait rendez-vous avec le Docteur Jung. Visiblement, elle était déjà attendu car une femme vint la chercher pour la conduire à sa consultation.

Le stress montait… Elle pouvait sentir son cœur s’emballer lorsqu’elles arrivaient enfin à la porte… Et contre toute attente, le Docteur Jung était une femme, jeune, très belle, qui l’accueillant en plus avec un sourire rassurant.

- Bonjour, Je suis le Docteur Jung.

Eléonore s’avança à son tour, timidement, et tendit la main pour serrer celle du Docteur.

- … Bonjour … Je suis … Eléonore Ambriel… J’avais rendez-vous avec vous …

Elle ne se sentait vraiment pas à l’aise. Cela lui était difficile de remettre les pieds dans un hôpital, elle qui avait tout fait pour ne plus jamais y retourner…

- … Qu’est ce que… Vous allez me faire ? Que dois-je faire ? … Excusez moi… Je ne me suis pas rendu chez un médecin depuis très longtemps…

Elle jeta un œil autour d’elle. Son esprit embué lui jouait des tours. Des silhouettes étranges se dessinaient dans la pièce qui lui semblait étrangement étroite.

- … euh … Je peux revenir plus tard si vous avez déjà d’autres patients…

Mis à part les deux femmes, il n'y avait personne.