Etre forte veut dire aussi se mouiller [Klaus]

Je déposai le chandail sur mon bureau en face de mon lit, satisfait. J'avais travaillé une bonne partie de la nuit sur cette pièce de vêtement, sacrifiant de mon sommeil pour découper et coudre ce tissu pour former ma toute dernière création. C'était fastidieux sans machine, mais c'était un sacrifice nécessaire pour ne pas me faire haïr de mes voisins. Je regardai une dernière fois la pièce de vêtement bleue nuit, il était simple avec de courtes manches, un petit collet en V, pour permettre à mon cou de respirer et aussi pour montrer fièrement ma clavicule.

Huit heure trente-deux, il était trop tard pour aller dormir et trop tôt pour aller peindre un paysage décent. Je m'étirai une dernière fois, regrettant légèrement la décision de ne pas avoir dormi. Je pris mon linge de sport, un t shirt blanc avec des shorts noirs et une petite veste pour me protéger des vents froids et je l'enfilai habillement, faire du sport était définitivement une façon de réveiller l'esprit et le corps. Je m'assurai d'avoir la clé de ma chambre autour de mon cou et mon captick à mon poignet, au cas il arriverait quelques choses en chemin, puis je sortis de la chambre, fermant la porte tranquillement pour ne pas réveiller mes deux amis qui dormaient toujours.

Je commençai sur mon trajet habituel, qui consistait de quelques kilomètres dans le parc, puis plusieurs autres dans la forêt, longeant le lac et revenant vers l'académie. J'avais relativement hâte à la température plus chaude, pour pouvoir profiter du beau lac dans la forêt pour y faire un peu de nage, mais ce n'était pas pour aujourd'hui.

La première moitié de ma course s'était bien passée, mes muscles étaient définitivement fatigués, mais je parvins à prendre un rythme constant. Le vent était frais et la lumière printanière du soleil agréable. Arrivé dans l'ombrage de la forêt, cependant, il faisait un peu plus froid, mais rien d'insoutenable.

Je traversai la forêt, faisant gaffe de ne pas déranger la faune ambiante et à ne pas trébucher sur des racines. Je passai l'endroit où j'avais rencontré Roméau, ayant une petite pensée pour le pauvre Métamorph shiny qui ne voulait qu'avoir des amis. De grand coeur, je l'avais adopté, lui offrant mon amitié éternelle et un toit au-dessus de la tête.

Quelques kilomètres plus tard, je me retrouvai près du lac. Le vent était un peu plus froid ici, dû au manque d'arbre. Je fermai les yeux cinq secondes, passant mon avant-bras devant mon visage pour enlever les petites gouttes de sueur qui commençaient à perler dangereusement près de mes yeux. Lorsque j'eus fini mon mouvement, je remarquai une tâche blanche à quelques pas de moi. Il était assez loin pour que je remarque ses traits de renard, mais trop près pour que je le contourne. Il ne devait pas s'attendre à voir un coureur dans ces environs, puisqu'il semblait aussi surpris et ne bougea pas de mon chemin. De mon état fatigué, je jugeai que deux choix s'offraient à moi.

Du côté gauche du renard, il y avait des branches et ce qui semblait être des roches pointus. Du côté droit, de l'eau. Sans réellement y réfléchir, je fis un grand bond vers la droite, me préparant à percuter le mur de froid qu'était le lac, tout en faisant attention à ne pas abimer mon capstick. J'aimais me dire que j'avais fait ce saut avec de la grâce et de la finesse, mais je me doutais bien que d'un point de vue extérieur, ce serait peut-être comparable à la magnificence d'un lancé de Racaillou.

Mon atterrissage était de toute beauté. Une fois que mon corps heurta la surface de l'eau, je fis quelques roulades et j'atterris dans une partie un peu plus profonde du lac. Lorsque je revins à la surface, je me dirigeai rapidement vers le bord, m'inquiétant un peu pour le renard blanc que j'avais aperçu. Peut-être que cette jolie petite créature était blessée et que c'est pour cette raison qu'elle était au lac ?

Retirant délicatement ma veste trempée et froide, je cherchai du regard le renard. Je m'arrêtai dans mon mouvement, alors que la veste était à moitié ouverte, réalisant que deux pairs de yeux étaient fixés sur moi. Les yeux bleus du renard et les yeux mauves d'une jeune demoiselle, assise dans l'eau.

Instinctivement, j'offris ma main à la demoiselle pour qu'elle puisse la prendre et se relever.

“Vous savez, il fait encore un peu froid pour se baigner,” dis-je sans prendre le temps de réfléchir.

Comment faire une bonne première impression Klaus, bravo... crétin. Un petit sourire apparut sur mes lèvres, tandis que, de mon autre main, je repoussai une mèche de cheveux mouillé qui m’arrivait devant les yeux, me félicitant intérieurement d’avoir mis des verres de contact, ce matin.

“Je… Enfin, permettez-moi de vous aider à sortir de cet étang glacé,’’ repris-je toujours en tenant une main tendu vers la demoiselle.

J’étais frigorifié, mais je ne pouvais quand même pas laisser une jolie jeune demoiselle comme ça, assise dans ce lac glacé. J’étais un gentleman, quand même !

Rapidement, je jetai un regard au renard. Elle semblait en pleine forme, omis peut-être une petite lueur de surprise et de méfiance dans ses yeux. Je me trompai peut-être. Je retournai mon attention sur les traits de l’adolescente, me disant qu’elle m’étais vaguement familière. Cheveux blanc, yeux mauves et bien habillée... Ou est-ce que j’avais déjà croisé ce genre de personne… ?

J’aidai la jeune demoiselle à se relever galamment. Ses cheveux et ses habits tout trempés.Pauvre elle, elle devrait être frigorifiée. Elle semblait un peu désorienté aussi, elle ne devait visiblement pas avoir l’habitude de vagabonder dans la nature comme ça. Elle me remercia timidement et je lui fis un jolie sourire, il m’était tout naturel d’aider les jeunes demoiselles en détresse, après tout.

Quelque chose attira notre attention un peu plus loin. Surprise, elle lâcha un petit cri et m'agrippa le bras, pour ne pas tomber de nouveau. Son attention sembla complètement attiré par cet élément perturbateur. C’était un Pokémon eau, un genre de poisson brun et assez répugnant, mais elle semblait être prise d’intérêt pour lui.

Elle s’excusa un instant et dit à son Pokémon d’attaquer le curieux petit poisson. Surprit, je me retire un peu plus loin pour ne pas être pris dans des attaques involontairement, retournant même jusqu’à la terre ferme et je m’assis. Le tout se passa relativement assez rapidement.

Le poisson se fit prendre au piège par les attaques glaces du Goupix étrange de la jeune demoiselle. Le pauvre, il n’avait eu aucune chance de s’en sortir. Une fois complètement hors de combat, la jeune femme cherchait quelque chose dans son sac et sortit une Pokéball. D’un petit geste qui semblait manquer d’assurance un peu, elle lança la balle en direction de la créature, qui se  fit aussitôt absorbé par une lumière rouge.

Sur la glace, la Pokéball bougea trois fois, avant de s'immobiliser. Heureuse, la jeune demoiselle sauta de joie. Je l’applaudis, elle avait ça avec une certaine grâce, bien que ça avait été un peu incertain par moment.

Elle s’excusa de nouveau, deux fois même! En premier lieu pour son saut d’humeur et ensuite de m’avoir agrippé le bras. Elle se présenta également. Hannaelle Clarckson, encore une fois, ce nom me semblait étrangement familier. Je me relevai et je regardai la jeune demoiselle de haut en bas, le plus subtilement possible.

“Enchanté Madame Clarckson, je m’appelle Klaus Valentino Nirello. Mais si vous devez utiliser mon nom, Klaus suffira, “ dis-je en faisant une petite courbette m'arrêtant à ça, n’osant pas aller pour le typique “je prend sa main et donne un léger baiser”.

Je m’arrêtai un instant, je froncai les sourcils.

“Dites-moi, Hannaelle, est-ce que nous nous serions déjà croisé par hasard? Votre attitude et votre apparence me rappelle vaguement quelque chose, mais je ne saurais mettre le doigt dessus. Êtes-vous aussi de Kalos ?” demandai-je incertain.

C’était une bonne supposition. En effet, elle aurait définitivement pu être une de mes camarade de classe, lorsque j’étais gosse. Après, moi et ma famille avions pas mal voyagés pour les concours de coordinateur de mon paternel… C’était, bien sur, avant qu’il prenne sa retraite, lorsque j’avais à peu près huit ans.