La vie secrète des humains [Drew]

Dernière édition par Adonis le Mar 1 Oct 2019 - 19:28, édité 1 fois

Suite à une nuit bien tranquille, sans le moindre petit souffle de vent, le soleil s’apprête enfin à se lever sur l’île qui dort encore. Après un long voyage en mer, je reviens en direction de la plage où j’ai élu domicile au fond d’une grotte, loin des regards indiscret. Je ne me sens pas vraiment fatigué, mais comme il n’y a rien à signaler aux alentours, il vaut mieux que je retourne à la maison avant que la luminosité soit trop présente et me rende ainsi vulnérable vis-à-vis des humains. De loin, je peux déjà apercevoir les lumières de la ville qui se trouve à l’autre bout de l’île à l’altitude où je me trouve, j’ai donc intérêt à rapidement descendre pour éviter que les lèves tôt ne me voit du haut des plus grands bâtiments. Bien que je ne déteste pas les humains en soit, c’est bien la dernière chose que je souhaite en ce moment, être vu par l’un d’eux, ce qui dévoilerait ma présence à l’ensemble de la population. Je n’ai vraiment pas envie de revivre les évènements des Tourb’iles et d’être obligé de déménager encore une fois vers un endroit plus calme.

Alors que l’horizon se colore de rose et de orange grâce aux rayons du soleil, je remarque du mouvement inattendu de coin de l’œil, comme si un groupe de pokémon se déplaçait dans une même direction en contrebas. Tiens, c’est étrange ça et si tôt dans la journée en plus. En baissant la tête, je remarque que c’est presque le cas puisqu’il y a bel et bien une bonne douzaine de créatures qui se dressent dans une prairie. Je n’ai pas beaucoup visiter ce coin-ci de l’île et je dois admettre que cet attroupement m’intrigue au plus haut point, surtout que les pokémons présents ne sont pas tous de la même espèces. J’ai l’habitude de voir des groupes de créatures se mélanger entre eux depuis que je suis ici, mais cette fois-ci tout cela a quelque chose d’inhabituel puisque je suis en mesure d’identifier quelques fossiles au travers des autres, comme un Armaldo par exemple. Comme ils ne peuvent êtres revenus à la vie que par les hommes, il est évident que cet endroit est spécial et je ne peux pas me contenter de le survoler et de passer mon chemin.

Sans m’en rendre compte, je pose alors les pattes dans la prairie qui se trouve à être la réserve pokémon de l’île, bien que j’en ignore l’existence. L’endroit est si vaste que je ne remarque pas les clôtures en bois qui délimitent le terrain disponible pour les créatures qui se trouvent ici et comme je m’y attendais, ma présence ne passe pas inaperçu. Les pokémons qui étaient en déplacement quand j’étais encore dans les airs sont désormais tous figés et tous les regards sont tournés vers moi tandis que l’Armaldo que j’ai précédemment aperçu fait un pas dans ma direction, comme pour voir si je ne suis pas une menace. Leur présence ici m’intrigue au plus haut, j’ai vraiment envie de savoir ce qui se passe ici et surtout pourquoi il y a tant de pokémon exotique réuni au même endroit. J’imagine que le fossile pourra m’en apprendre davantage à ce sujet, du moins c’est ce que j’espère, mais un bruit de pas met soudainement un terme à notre rencontre. Quelque chose approche et à en croire le bruit provoqué par son déplacement, ce quelque chose n’est pas très imposant.

Tout de même sur mes gardes, je sens mes muscles se tende d’un coup et je redresse la tête pour pouvoir repérer la source du bruit, prêt à agir en cas de besoin si je me sens moindrement agresser. Quelque chose me dit qu’il s’agit forcément d’un humain puisque aucun pokémon ne prend la fuite pour le moment et je n’aime pas ça.

C’était juste terrible. Un homme semblait avoir perdu de vue l’essentiel de ses ressources, l’essentiel de sa force, ou plus simplement, tout ce qui faisait sa vie telle qu’il la voyait. Après des mois d’illusions, la vérité s’était imposée à lui. Drew avait bel et bien perdu à la fois sa femme et sa fille dans cet accident de train. Au retour de son voyage de Sinnoh, il s’était replongé dans la copie du dossier d’enquête qui lui avait été fournie. C’est ainsi que la photo du corps calciné de sa femme pris tout son sens. La personne dans ses bras, n’était autre que leur fille, elle aussi victime des flammes. La douleur dans son cœur était atroce. Il avait le sentiment que quelqu’un le lui avait arraché et le pressait lentement jusqu’à l’implosion. Drew Kaiten s’était bâti une vie. Et cette vie avait explosée en morceaux pour la seconde fois.

Drew était en pleine tourmente. Son esprit raisonné savait par quoi il passait et qu’il devait traverser cette épreuve le plus vite possible afin de se remettre. Mais sa conscience torturée, sa force intérieure se fichait bien de ce raisonnement. Le psychiatre commença donc son périple à travers les cinq stades de la douleur : le déni, la colère, le marchandage, la dépression et l’acceptation. A vrai dire, en y réfléchissant, Drew se rendait compte que depuis la mort de sa femme, il n’était jamais parvenu à passer cette première étape. Refusant de voir ce qui était pourtant devant lui, il n’avait jamais accepté la possibilité d’avoir perdu à la fois sa femme et sa fille. Cette première étape était désormais franchie.

Vint ensuite la colère. Représentée par les différents bruits d’éclats et de fracas ainsi que les cris de rage que l’on pouvait entendre depuis l’extérieur de sa maison. Drew connaissait la colère mieux que quiconque. Non pas cette colère commune, celle qui provient d’un simple manque de contrôle de soi, mais la colère de la douleur. Celle qui détruit, celle qui détermine jusqu’où vous êtes prêt à aller pour que la douleur cesse et se taise. Et au fur et à mesure que la maison de Drew subissait sa fureur, on pouvait mesurer l’immensité de cette distance irréelle. Dans cette maison, Seriha restait calme, même si le chagrin l’avait également pris. Elle pouvait sentir un besoin de pleurer plus intense que jamais. La petite fille avec qui elle avait vécue pendant des années, le plus grand trésor de son dresseur qu’elle avait vu naître et grandir avait complètement disparue. Complètement ? Non peut-être pas.

Lorsque Drew commença à se calmer, assied, au milieu des décombres de sa vie, Seriha l’approcha avec le cristal de sa fille dans sa gueule. Doucement, elle le déposa dans sa main. C’était tout ce qui restait d’elle. Celui de sa femme s’était malheureusement brisé pendant l’accident, mais celui-ci, avait été sauvé par le Zorua qui l’avait récupéré. Un Zorua qui n’avait cessé de suivre le professeur depuis qu’il s’était révélé à lui. Drew savait qu’il n’était pas loin. Il se travestissait afin de passer inaperçu, mais le professeur se doutait qu’il ne l’avait pas quitté, restant à distance, attendant le moment où il finira par accepter sa présence auprès de lui.

Peu enclin à accorder du crédit à cette créature pour le moment, Drew plongea son regard dans le cristal, qui lui renvoya une image de sa fille. Elle était là. Elle avait toujours été là. Si elle ne l’était pas, jamais ce Zorua n’aurait pu prendre sa voix. Jamais il n’aurait pu faire des choix qui la représentait si bien. L’étape de la colère venait donc de s’achever au profit de celle du marchandage. Cette étape était passé rapidement à l’époque pour sa femme, car Drew n’avait simplement aucun point d’accroche, aucun élément qui aurait pu lui permettre d’avoir le moindre espoir de la retrouver. Alors qu’ici, cet espoir, se trouvait dans sa main. Ce qui lui fallait désormais c’était une idée. Une simple idée, qui pourrait faire naître un plan, un schéma, une succession d’étapes à suivre et à réaliser pour atteindre un objectif concret. Le psychiatre venait de s’ancrer dans l’étape du marchandage. Le prix à payer pour cet accident de train était trop lourd. Perdre à la fois sa femme et sa fille lui était intolérable, surtout quand un maigre espoir de revoir l’une d’entre elles se présentait. La seule limite existante entre cette future réalité et le moment présent était la détermination de Drew à arriver au bout de ce projet : ressusciter sa fille à partir de son cristal.

Mais aucun pouvoir chez les humains n’était capable d’une telle chose. A première vue, seul un dieu pourrait ramener quelqu’un à la vie à partir du néant. Mais Drew ne s’intéressait pas à de telles chimères. Ici, il n’était pas question de créer quelqu’un à partir de rien, mais bien de ramener quelqu’un à partir de l’essentiel : son âme. Il y avait donc forcément un moyen. Quelque chose, un pouvoir, une combinaison de pouvoirs, capable un à un de faire passer les différentes étapes nécessaires au retour de sa fille. Le père de famille en était certains. Armé de cette seule certitude, le père de famille récupéra sa veste et sortit avec sa compagne de toujours. Il fallait commencer à trouver l’inspiration. Trouver une idée de base, qui permettrait de dessiner un schéma plus grand. Drew décida donc de se diriger vers la réserve Pokémon. Impossible d’espérer trouver l’inspiration dans des Pokémon régionaux accessibles à tous, mais face à des Pokémon plus exotiques aux pouvoirs plus rares, une idée pouvait peut-être germer.

Le professeur se rendit donc sur place, pleinement conscient que l’interdiction de capturer était en vigueur dans cette zone. Il savait que même si une idée lui venait à partir d’un Pokémon rencontré sur place, il ne pourrait pas le récupérer. Mais après tout, peu importe. Une idée. Un début de piste. C’est tout ce qu’il demandait. Drew passa la seconde moitié de la nuit à se promener au sein de la réserve, passant chaque Pokémon qui venait à son encontre sous le scanner de son Pokédex. Des créatures toutes plus rares et impressionnantes les unes que les autres étaient venus à son encontre. Mais aucune jusque-là ne semblait pouvoir être en mesure de l’aider. Puis soudain, une forte bourrasque, accompagnée de bruits d’ailes se fit entendre dans une clairière proche de sa position. Ces ailes, étaient puissantes et nobles. Elles battaient à un rythme contrôlé tel un battement de cœur. Drew observa un instant son Mentali, constatant le tressaillement et l’étonnement dont elle faisait preuve. Jamais Seriha n’avait montré la moindre émotion, le moindre signe de faiblesse face à un adversaire. Voir celle-ci douter d’elle-même pour la première fois signifiait qu’une créature d’un autre calibre était sur le point de se présenter devant eux.

« Allons-y Seriha. »

Drew s’approcha doucement de l’extrémité de la clairière, pour apercevoir la présence d’un troupeau de Pokémon variés réalisant leur première rencontre avec un Pokémon légendaire : Lugia. Cette créature d’une taille imposante, venait de se poser en plein milieu de cette zone déboisée de la réserve Pokémon. Le psychiatre était conscient de la chance qui se présentait à lui. Cette créature, n’était pas accessible à tous, mais elle était peut-être porteuse de l’espoir qui lui manquait. Lorsque le Pokémon se retourna vers lui, il fut plus que conscient qu’il était inutile de se cacher, sous peine de voir sa seule chance s’envoler. Drew avança donc lentement vers lui, s’arrêtant avec Seriha à quelques mètres de distance pour respecter une forme de sécurité naturelle. A cette distance, même le champion du monde de lancer de Poké Ball ne pourrait jamais l’atteindre.

« Je ne souhaite ni me battre ni te soumettre. J’ai besoin de toi, si tu acceptes ma requête. »

Par des gestes lents et doux, Drew se débarrassa de la ceinture à laquelle il accrochait ses Pokémon, la jetant au loin hors de sa portée d’un côté de la clairière. De son autre main, il ramassa dans sa poche les quelques Ball de capture qu’il avait toujours avec lui et les jeta dans la direction opposée. Ainsi, il lui était impossible d’à la fois aller chercher des Pokémon pour se battre et de tenter de le capturer, Lugia ayant largement le temps de s’enfuir avant que Drew ne puisse tenter quoique ce soit.

« J’ai perdu tout ceux qui comptaient pour moi. Leur heure n’était pas venue mais la fatalité s’est présentée à elles. Elles sont mortes dans les bras l’une de l’autre. Je sais que la seule chose à faire est d’accepter de les laisser partir. C’est ce que tout le monde doit faire et accepter. Je ne suis pas différent de quiconque et ne mérite pas plus d’égard qu’un autre face au deuil. »

Drew marqua une pause avant de faire signe à Seriha de s’approcher de quelques pas. Maintenant une distance de sécurité, elle usa de ses dons télékinésiques pour présenter le cristal de Mélodia au Pokémon Légendaire.

« Ma femme s’est éteinte et tenter de changer cela ne serait qu’illusion. Mais ma fille a peut-être encore une chance de vivre. Ce cristal contient son esprit, sa conscience. Plusieurs signes m’ont montré qu’elle subsistait encore à l’intérieur. Toi qui explore à la fois les cieux et les abysses, je souhaiterai simplement que tu me dises si tu penses qu’il existe un moyen, un pouvoir sur cette terre ou plusieurs, qui une fois assemblés, me permettraient de la ramener. »

Le professeur resta sur ses positions. Peu importe la réaction de la créature légendaire qui se trouvait face à lui, il resterait jusqu’à ce qu’il obtienne une réponse. Positive, négative ou autre, il avait besoin d’aide. Il avait besoin qu’on le guide. Et il espérait que Lugia accepterait d’endosser ce rôle.

« Je ne te demande ni de me soutenir ni de m’aider à atteindre mon but. Je veux simplement savoir si tes connaissances de ce monde te permettent de penser qu’il existe un moyen d’y parvenir. »

Comme je le craignais, c’est bien un humain qui s’approche de notre position. Il s’agit d’un homme aux cheveux grisonnants qui affiche un air un grave sur son visage et il est accompagné d’une Mentali. Devais-je m’inquiéter de leur présence ici ? Ce n’est pas la première fois qu’un habitant de l’ile me croise, je ressens donc moins d’inquiétude sur le fait que ma présence soit révélée au reste de la population, mais quelque chose me dit que cette rencontre n’a rien d’anodine. La première fois ce n’était qu’un pur hasard, mais cet homme me donne l’impression d’avoir trouvé ce dont il cherchait. Je suis soulagé de le voir s’arrêter à une distance convenable et tous les regards des autres pokémons sont tournés dans sa direction, attendant la suite. D’ailleurs, en le voyant se débarrasser du reste de son équipe pour ensuite jeter ses pokéballs vides au loin, c’est plutôt bon signe. Malgré mes craintes, il est sans doute honnête depuis le début.

Il annonce finalement ses couleurs en affirmant qu’il ne veut ni me combattre ni me capturer et bien que j’en sois grandement rassuré, je continue d’avoir des doutes sur lui. J’ai toujours eu du mal à faire confiance aux humains de toute façon, même si ceux-ci ne se montre pas menaçant aux premiers abords et en même temps, je suis aussi curieux de savoir ce qui l’amène ici. L’homme bouge doucement et de façon calme tout en m’expliquant son problème et je dois admettre que je ne sais pas trop où il veut en venir. Le deuil est toujours une étape difficile à surmonter et seul le temps s’avère être un traitement efficace. Bien que je n’ai jamais vécu une telle épreuve, je me doute à quel point cela peut être long et pénible juste en ayant écouté d’autres pokémons étant passés par là, mais je ne comprends donc pas où veut en venir cet humain. S’il a du mal à lâcher prise face à la perte de plusieurs êtres chers, que suis-je censé faire pour lui venir en aide ?

Je me pose de sérieuses questions à son sujet jusqu’à ce que sa partenaire me présente un étrange objet à l’aide de sa télékinésie. Sur le coup, en voyant un cristal à l’apparence tout à fait banal, je ne peux m’empêcher de reculer un peu la tête afin de pouvoir mieux l’observer et plus la conversation avance, moins je comprends où il veut en venir. Ce cristal contiendrait une âme humaine ? Comment c’est possible ? Est-ce que c’est lui qui l’a enfermé à l’intérieur ? Si c’est bien ça, cet homme est cinglé et il vaudrait mieux que je parte d’ici sans plus attendre, mais ma curiosité me pousse à l’écouter jusqu'au bout. Comme je le craignais, il aimerait vraiment ramener sa fille à la vie et il espère que je puisse lui apporter une solution, mais ce n’est définitivement pas une bonne idée selon moi. S’il était possible de ressusciter les gens aujourd’hui, la mort ne serait déjà plus d’actualité et la mortalité fait partit du cycle de la vie, il donc apprendre à l’accepter. Heureusement, il ne me demande pas de le soutenir dans ses démarches.

* Une légende raconte qu’un oiseau aurait ramené à la vie trois pokémons ayant péris dans un incendie il y a de cela plusieurs années. C’est ainsi que serait né Entei, Raikou et Suicune, les trois chiens légendaires. Je crois que les humains en ont déjà entendu parler. *

Je laisse quelques secondes s’écouler pour voir si l’homme face à moi fait le lien entre mes paroles et la légende de Ho-Oh. J’ai cru comprendre au cours de mes voyages que cette légende n’était pas inconnue, que bien des pokémons et des humains la connaisse même en vivant hors de la région d’origine. Encore une fois, le temps à du faire ses preuves.

* Au cours de mes voyages, j’ai rencontré cet oiseau au plumage multicolore. Ho-Oh, le phoenix arcenciel. Il vit dans la région de Johto, mais il est aussi très farouche alors je doute qu’il accepte de t’aider facilement si tu désires le rencontrer. *

C’est la seule option qui me vient à l’esprit pour réanimer quelqu’un et bien que mon ancien partenaire ait pu ressusciter des pokémons par le passé, je doute qu’il soit capable de faire la même chose avec une humaine. La dernière fois que je l’ai vu il était à Rosalia et après que je me sois enfui à cause de l’incendie, je ne sais pas s’il y vit encore aujourd’hui. Maintenant que l’homme a obtenu une réponse, qu’elle lui plaise ou non, je me demande s’il repartira aussi rapidement qu’il est venu. Je dois retourner dans ma grotte avant que le soleil ne soit trop haut dans le ciel, sinon je vais être cloué ici car il m’est impossible de voler le jour au risque que la population de l’ile ne me voit. Pour l’instant, je ne peux qu’attendre la suite.

Bien que visiblement peu enclin à coopérer, Lugia accepta de partager une partie de ses connaissances avec lui. Usant de sa télépathie, il communiqua avec l'homme pour lui rappeler la légende des trois chiens légendaires. Drew écouta attentivement le Pokémon légendaire à travers ses pensées, mais le discours du voyageur des abysses ne rassurait pas plus le psychologue.

"Je connais la légende de la Tour Cendrée de Rosalia. Mais si toi Lugia, tu as la patience de tolérer les humains, ce n'est pas le cas de ton homologue comme tu le concèdes toi-même. Ho-Oh ne se révèle qu'aux personnes qu'il a choisis ou à ceux qui détiennent l'une de ses plumes, c'est un cercle très restreint. Et même si je parvenais à le trouver comme je l'ai fais avec toi, il y a peu de chances qu'il accepte d'user de son pouvoir pour moi."

Drew prit le temps de réfléchir à cette légende qu'il avait entendu maintes et maintes fois au fil de ses voyages à travers Johto. La légende de la Tour Cendrée, celle qui fut détruite par un éclair et réduite en cendre.

"Et même s'il acceptait, la légende dit qu'Ho-Oh avait retrouvé les corps inanimés des Pokémon ayant péris dans l'incendie, quelque chose que je ne puis plus lui fournir. Ma femme et ma fille ont étés enterrés depuis un certains temps déjà et je ne profanerai pas leur sépulture pour ce qui semble être une chimère. De ma fille il ne me reste que son âme en sommeil dans ce cristal. Si je venais donc à trouver comment la ramener, Ho-Oh serait probablement à la fois la dernière pièce du puzzle et le plus grand défi que j'aurai à relever pour qu'il accepte une telle requête."

Le professeur décida de s'installer dans l'herbe, tournant le dos au Pokémon légendaire, laissant la tristesse être remplacée par la mélancolie. Dans les buissons avoisinant, une silhouette humaine apparût, laissant apparaître à la lueur de la lune l'illusion de Mélodia, générée par le Zorua qui avait récupéré son cristal. En le voyant, le visage de Drew se fit plus dur encore.

"Il est encore là. Il me suit et continue d'apparaître à son image. Il est resté à mes côtés depuis la mort de Mélodia, portant son cristal, assumant son rôle à sa place, m'offrant l'espoir que je n'aurai pas dû avoir."

Usant de sa télékinésie, Seriha ramena le cristal de Mélodia dans la main de son maître, son véritable propriétaire.

"Je pense qu'elle lui a fait promettre. Promettre de m'accompagner afin que je ne souffre pas de leur disparition à toutes les deux. Lorsqu'il s'est révélé sous sa vraie forme, je l'ai rejeté. Il aurait put se sentir libéré de tout serment envers ma fille mais il continue à vouloir assumer son identité, à vouloir porter son âme et incarner son avatar auprès de moi."

Drew était presque désemparé. Il n'avait simplement plus la force de rejeter cette image de Mélodia qui le suivait. En tant que psychiatre, une partie de son travail consistait à conseiller les autres sur la meilleure démarche pour retrouver un équilibre dans leur vie. Mais cette fois, c'était lui qui avait cruellement besoin de conseils. L'image de sa fille s'approcha encore de lui jusqu'à se retrouver directement en face. L'ancien père de famille la regarda attentivement avant de s'exprimer.

"Cesse s'il te plaît. Je connais la vérité. Tu n'as plus à te cacher. Je ne sais pas ce que je vais faire de toi, ni si je te laisserai l'incarner à nouveau un jour. Mais puisque tu tiens tant à me suivre, je n'ai qu'une seule option à te proposer pour l'instant."

A ces paroles, la compagne de toujours de Drew compris ce qu'il souhaitait. Elle alla récupérer une des Honor Ball de son maître dans sa gueule et la lui présenta. Le professeur la récupéra et la positionna face au renard des illusions.

"Je ne sais ni ce que je ferai de toi, ni ce que tu feras de moi. Mais en attendant que je démêle tout ça, si tu tiens tant à rester avec moi, alors voila ma condition. Libre à toi de faire ton choix."

Le Zorua abandonna son illusion pour reprendre sa vraie apparence. Son regard montrait qu'il n'était pas emballé à l'idée d'être capturé comme n'importe quel Pokémon au service d'un humain. Il voulait certes accompagné cet homme dans son deuil, mais pas à n'importe quel prix. Repensant aux paroles de la jeune femme dont il avait assumer le rôle, il finit par décider que le jeu en valait la chandelle et finit par accepter son sort, appuyant de lui-même sur l'Honor Ball qui allait désormais l'accueillir. Un flash rouge apparut, amenant le Pokémon à l'intérieur avant que le silence de la nuit ne reprenne ses droits. Drew s'adressa alors à nouveau à Lugia avant que celui-ci ne le quitte pour de bon.

"Je vais me lancer dans cette quête. Il y a encore beaucoup de détails que je dois régler avant de pouvoir me présenter devant Ho-Oh. Je sais que je risque tout simplement de passer le reste de ma vie à chasser des chimères. Mais au vu du temps qu'il me reste, je ne vois pas comment l'employer à meilleur escient d'ici là. Toi qui voyages à travers le monde et qui comprend mieux que bien d'autres son fonctionnement, est-ce que tu penses que je fais le bon choix ? Autant pour lui, que pour moi ?"

Drew et ce Zorua étaient désormais liés. Chacun des deux avait décidé d'accepter l'autre à ses côtés. Deux êtres très différents, réunis par le souvenir d'une seule et même personne. Qui sait ce qu'il adviendrait d'eux dans le futur...

Sujet: Re: La vie secrète des humains [Drew] Mar 1 Oct 2019 - 19:21

Il est vrai que Ho-Oh avait des corps face à lui lorsqu’il a réalisé un miracle. Je n’y avais pas vraiment songé jusqu’à présent, mais en même temps ce n’est pas tous les jours que quelqu’un me parle de résurrection, encore moins venant d’un humain. Ayant connu le phoenix multicolore par le passé, je ne sais même pas s’il acceptera seulement de rencontrer cet individu perturbé et je suis peu convaincu par le fait qu’il veuille bien l’aider à ramener sa fille à la vie. Lors de l’incendie, il avait une bonne raison de faire renaitre les trois chiens pour rétablir l’équilibre du monde, mais en ce qui concerne cette demande... il n’y a rien de bénéfique ni pour lui, ni pour le reste du monde. Seul cet homme le désir et c’est justement ce qui risque de faire fuir Ho-Oh si jamais il arrive à le trouver. Au fond de moi, je sais déjà que j’ai trop parlé de lui, mais qu’aurais-je pu faire d’autre quand cet humain est venu m’aborder ? Aurait-il été plus sage de l’ignorer et de m’envoler pour retourner sur la plage ? Pourtant, je ne suis pas connu pour être très farouche.

Décidément, en l’écoutant ses explications, je me rends compte que cet homme a vécu de drôles de choses, des choses que j’aurai pu croire inimaginable si je n’avais pas eu de preuve sous les yeux à cet instant. Entre l’accident qui a causé la mort de deux êtres aimés et l’apparition d’un Zorua qui prend la forme de la plus jeune comme pour tenter de la faire revivre... je ne peux pas dire ce qui est le pire entre les deux. C’est vraiment malsain à mes yeux et terriblement glauque. Pourquoi le type ténèbre agit-il ainsi ? Appartenait-il à la jeune fille avant sa mort ? L’homme face à moi prétend que ce n’était pas le cas et qu’il est apparu comme ça après l’accident, ce qui est d’autant plus étrange. Il suppose qu’il aurait fait une promesse à sa fille avant qu’elle ne s’éteigne et comme de fait, la créature ne tarde pas à faire son apparition sous une forme humaine. Sentant de l’inquiétude malgré moi, je relève vivement la tête en le voyant se pointer dans la réserve afin de pouvoir le guetter, mais l’homme l’a visiblement reconnu.

Sa véritable identité étant maintenant connue, le Zorua reprend finalement son apparence de pokémon et une brêve discussion a lieu entre lui et l’homme. Restant à distance, j’essaie de ne pas trop porter d’attention à leurs échanges puisque ce ne sont pas mes affaires jusqu’à ce que je vois une ball blanche apparaître dans les mains du professeur. Un frisson me parcourt l’échine en apercevant cet objet car il ne faut pas être Arceus pour savoir à quoi elle sert et à déduire les intentions de l’humain. Néanmoins, je me tiens tout de même prêt à intervenir si le Zorua se montre réticent à l’idée de se faire capturer parce que aucun pokémon ne devrait se sentir obliger d’être domestiqué, mais ce dernier semble être d’accord. Tandis qu’il disparaît dans la ball dans un flash lumineux de couleur rouge, je sens un nouveau frisson me parcourir le corps tout entier et je me retiens de pousser un léger grognement de frustration. Sa liberté est désormais compromise pour le reste de sa vie et l’homme ose ensuite me demander s’il a fait le bon choix.

* C’est difficile à dire * répondis-je après un petit moment de silence. * Malgré toutes mes années d’existence et mes nombreux voyages, j’ai encore du mal à accepter la domestication des pokémons, mais ce Zorua n’a fait preuve d’aucune résistance. J’imagine qu’il accepte de vous aider à traverser ce deuil difficile. *

Intérieurement, je pense plutôt qu’il a fait preuve de courage. Se faire capturer par un humain dont on ne connaît rien tout en sachant qu’il va passer sa vie à ses côtés, du moins jusqu’à sa mort... ça doit être horrible comme sentiment. Je préférais attendre de bien connaître mon éventuel dresseur avant d’accepter de le rejoindre, mais comme il le suit depuis un moment maintenant, il a sans doute tâter le terrain de son côté sans que j’en sois vraiment au courant.

* Néanmoins, sans vouloir vous offenser, je continue de croire que la quête de Ho-Oh est perdue d’avance, un objectif inconscient et abstrait qu’il vaudrait mieux oublier. Un deuil est toujours difficile à surmonter, qu’il soit arrivé soudainement ou non et cela fait partit de la vie. Il faut apprendre à le surmonter à sa façon. Vouloir faire revivre une âme appartenant au passé n’est pas sain et tout au long de votre voyage, vous ne serez jamais en paix avec vous-même. *

Puis, je décide de lui poser une question un peu personnelle dans l’espoir qu’il y réfléchisse sérieusement. Ça lui paraîtra peut-être brusque, mais certains pokémons ont besoin de fermeté parfois pour comprendre des aspects importants de la vie, alors c’est sans doute la même chose chez les humains. Comme je n’ai pas souvent eu d’interaction avec eux, je n’émets que des suppositions. Avec un peu de chance il réalisera peut-être que sa décision n’est pas idéale pour honorer la mémoire de sa fille.

* Je suis d’accord que le comportement du Zorua n’est peut-être pas approprié dans une telle situation, mais est-ce que votre femme ou votre fille aimerait vous voir comme ça ? Aussi affligé et obsédé par l’idée de ramener la plus jeune à la vie ? *

Que dirait-elle si elle pouvait lui parler en ce moment-même en sachant ce qu’il a l’intention de faire avec son âme ? J’ai tendance à croire que les morts veulent reposer en paix après avoir quitté notre monde, mais comme elle est partie plus tôt que prévu, elle voit peut-être les choses différemment. Du moins, si mes croyances sont exactes.

Sujet: Re: La vie secrète des humains [Drew] Dim 6 Oct 2019 - 13:25

Contre toute attente, le Pokémon marin fit preuve de bien plus d’écoute et d’empathie. Drew sentait son fardeau s’alléger lentement par la simple action libératrice du dialogue. Après tout, ce genre de choses était à la base de son métier, mais aujourd’hui celui qui était assis, le regard dans le vide, c’était lui. Le quinquagénaire était simplement satisfait d’avoir pu trouver un interlocuteur capable d’avoir un véritable regard extérieur. Quelqu’un dont il n’attendait ni réconfort ni pitié, simplement un avis, un jugement honnête. Et le jugement fut simple et clair. Lugia restait répugné face à ce qu’il venait de voir et après tout, comment l’en blâmer. Quoi penser quand un membre de votre espèce se fait mettre les chaînes de l’esclavage sous vos propres yeux ? Ce n’était pas pour rien que Drew s’était débarrassé de son matériel au moment de sa rencontre avec lui. Ce genre de Pokémon pouvait accepter d’user de leurs dons pour aider un humain qu’ils respectaient, mais ils ne pouvaient se permettre d’être enfermé de peur de confier trop de pouvoirs à une seule personne. A cette première réflexion, Drew répondit ainsi :

« Je sais bien que ce sera un maigre réconfort, voir même que ça passera pour une excuse, mais si cela peut te rassurer, aucun de mes Pokémon ne fut capturé contre son gré. Je suis psychiatre, j’aspire à comprendre les gens, à savoir ce qui les rend malade et à les aider à combler ce qui les enchaîne dans la souffrance ou le dépit. Tous ceux qui m’accompagnent savent ce qu’ils peuvent y gagner autant que ce qu’ils peuvent y perdre. Même si comme n’importe quel humain, la Poké Ball m’aide à leur imposer une autorité, un contrôle, ils savent que leur Ball leur appartient, ils sont libres de la briser d’eux-mêmes s’ils considèrent que je ne mérite plus leur confiance. Ça ne sert à rien de les obliger à rester. Une relation teintée par la violence finira dans la violence. »

Chaque dresseur avait sa propre éthique, et pour Drew la sienne était simple. Tout était basé sur un pacte : dis-moi ce à quoi tu aspires et je m’assurerai que tu l’obtiennes à mes côtés. Si le Pokémon considérait que ce pacte n’était pas respecté, il était libre de s’en aller et de tenter sa chance ailleurs. Le professeur n’était pas du genre à s’encombrer de quelqu’un qui ne voulait pas être à ses côtés. Ces considérations misent de côté, Lugia continua de partager son opinion, expliquant que la vie devait suivre son cours, dans le cas contraire, la chute risquerait d’être plus dure que tout.

« Il n’y a aucune offense. Je suis le premier à penser que quiconque se lance dans ce genre de quête est soit fou, soit désespéré, je ne sais simplement pas encore où je me situe entre ces deux états. En psychologie comme en médecine, on ne cesse de parler de la façon dont se passe un deuil, les cinq stades de la douleur : le refus, la colère, le marchandage, la dépression et l’acceptation. Le refus a volé en éclat en même temps que l’illusion de ce Zorua quand la vérité m’est apparue toute nue. A ce moment-là j’ai senti quelque chose de plus se briser, comme à la mort de ma femme. Mais cette fois, c’était plus profond… Jamais le bruit d’un miroir qui se fendille avant d’éclater complètement ne m’a paru plus clair qu’à ce moment. La colère ne m’a pas quitté pendant les semaines suivantes. J’ai détruit de mes mains tout ce qui pouvait l’être, anéanti tout ce qui m’appartenait comme pour me prouver que ces choses restaient sous mon contrôle parce que j’ai mis fin moi-même à leur existence. Et finalement je suis aujourd’hui devant toi, à marchander son retour. »

Du marchandage. C’était tout ce que c’était finalement. Un troc. Des efforts, une quête absurde, un engagement sans faille, contre le retour d’un être cher. Et contrairement à beaucoup d’autres, Drew gardait un objet lourd de sens qu’il mettait sur la balance : le cristal de sa fille. L’unique objet, gardien de son âme, qui lui offrait l’espoir de pouvoir la ramener. Tenter de la ressusciter, c’était également prendre le risque de la perdre définitivement, mais la maintenir, enfermée, sous cette forme, n’était pas forcément honnête envers elle non plus. Alors que cette pensée morbide le traversa, Lugia mit finalement le doigt sur un élément essentiel qui permettrait de laisser ce raisonnement aboutir à une réponse : il devait le lui demander à elle. Après tout, c’était de son propre destin dont il s’agissait, il était donc nécessaire que le dernier mot vienne d’elle.

« Lugia… Je pense que c’est la parole la plus censée que j’ai entendu ces derniers jours. Tu as raison. Demandons à la principale intéressée. »

A ces mots, Drew ouvrit l’Honor Ball contenant le Zorua nouvellement capturé. Ce Zorua était le dernier à l’avoir vue en vie tout en étant celui qui l’avait incarnée pendant des mois durant. Il avait forcément communiqué avec elle, ne serait-ce que quand il était parvenu à chanter cette ancienne berceuse sans jamais l’avoir entendu durant sa propre vie. Ce Pokémon partageait un lien particulier et il voulait comprendre lequel. Pour lui, c'était une évidence qu'il ferai partie du voyage.

« Seriha, veux-tu bien servir de relais ? J’aimerai que notre ‘’ami’’ assiste à tout cela. »

Ami était un mot un peu fort pour une créature qu’il venait de rencontrer. Mais Drew ne parvenait pas à trouver un mot qui puisse à la fois montrer le respect qu’il éprouvait pour lui et à la fois maintenir une distance relationnelle naturelle entre eux. Seriha de son côté, acquiesça simplement avant de se tourner vers Lugia.

« Tu pourras tout voir et entendre. Mais contrairement à lui et moi, tu ne pourras pas intervenir puisque tu ne seras pas à l’intérieur. »

Le psychiatre attrapa la chaîne à son cou et y détacha le cristal de Mélodia avant de le montrer au Zorua qui l’avait accompagné pendant tout ce temps.

« Je vais la voir. Est-ce que tu me suis ? »

C’était un peu beaucoup et un peu rapide pour le pauvre Pokémon. A peine venait-il de renoncer à sa liberté qu’il était déjà ressorti pour être amené à vivre une expérience psychique pour retrouver l’enfant dont il avait assumé le rôle. Beaucoup d’autres auraient pris peur à ce moment-là mais pas lui. Voyant dans le regard de son nouveau maître que cette résolution était claire dans son esprit, il comprit qu’il avait devant lui une opportunité unique. Il accepta et se rapprocha alors de Drew. Sous l’impulsion psychique de Seriha, le cristal se positionna entre les deux compères et s’allongea soudainement, plantant ses pointes dans leur crâne, les faisant perdre conscience en même temps.

Drew et le Zorua se réveillèrent dans une forêt de cristal. Tout autour d’eux se trouvait un environnement fait de reflets et de lumière, dominé par des variantes de bleu. Ensemble, sans rien dire, ils avancèrent en duo, essayant de comprendre comment était organisé ce lieu dans lequel se cachait l’âme d’une jeune femme morte avant l’heure. Ensemble, ils progressèrent jusqu’à ce que des sphères de gaz dégageant de volutes de couleurs variées apparaissent. A leur approche, on pouvait entendre de faibles sons émis par ces sphères. Un rire, une parole, une pensée, chacune de ces sphères contenait un souvenir, un fragment de la mémoire d’une personne. L’ancien père de famille leva alors les yeux au ciel, se rendant compte que les arbres étaient hauts de plusieurs mètres, tels des piliers cherchant à atteindre le ciel. Il réalisa alors soudainement où il se trouvait.

« Rasalas. La forêt des songes. »

Rasalas était une contrée fictive issue d’un roman fantastique qu’il avait l’habitude de lire à Mélodia quand elle était petite. Drew et le Zorua firent quelques pas supplémentaires avant d’arriver à une clairière. Au centre de celle-ci, des fleurs, des formations rocheuses, de la terre, de l’eau et de l’herbe. Le professeur s’approcha du sol et récita les quelques lignes du livre qui racontaient l’histoire de cet endroit :

« A Rasalas tout n’était qu’identité, celle de celui qui la traversait. La terre était une conscience, l’eau une énergie, les rochers des réactions, l’herbe des idées, les fleurs un acte assumé et les arbres des acquis que l’on ne pouvait briser. Rasalas accueillait quiconque voulait apprendre à se connaître, changeant, s’adaptant à chaque personne. Elle n’était ni bienveillante ni malfaisante, elle n’était qu’un reflet de soi ou d’un autre. »

Drew réalisa alors que cette Rasalas n’était pas celle de Mélodia. Trop dense, trop large, elle ne pouvait pas représenter l’ensemble de la vie de sa fille. Il comprit rapidement que sa fille avait créé ce domaine en elle-même pour pouvoir aborder et découvrir la vie des autres. Doucement, Drew s’approcha d’une des sphères et en inhala les volutes. Il entendit alors sa femme rire face à son habituel mutisme. Ce souvenir, précieux, était antérieur à la naissance de Mélodia et ne pouvait donc pas venir d’elle. Il réalisa qu’à son entrée, Rasalas s’était faite à son image. Si d’ordinaire il aurait été plus qu’intéressé de découvrir cet endroit, ce n’était pas ce qu’il recherchait aujourd’hui. Et la forêt le sentit. Dans une ambiance sonore de tintements harmonieux, l’espace qui les entourait se modifia. La forêt se fit plus parsemée et moins grande au point que l’on pouvait en voir les limites à l’horizon. Le jardin se fit lui moins rocailleux et bien plus verdoyant, composé majoritairement d’une magnifique herbe cristalline parsemée par quelques fleurs certes en nombre réduit, mais d’une beauté à couper le souffle. Le Zorua s’approcha d’une de ces fleurs, comme si elle avait été faite pour elle. Une idée assumée par Mélodia, à laquelle ce Zorua s’identifiait. Cela intrigua le père meurtri qui alla en humer le parfum.

« Il ne doit pas rester seul, il ne le supportera pas ! »

« Il a tant fait pour nous, il ne se reconnaîtra plus. »

« Il voulait créer quelque chose pour nous. Pas pour lui. »

Le Zorua continua, reconnaissant une autre fleur, il s’aventura vers celle-ci, guidant son nouveau maître dans ce jardin.

« Maman et moi on l’aime, mais ça il ne l’acceptera pas. Maman ne peut plus rien faire, mais toi et moi on peut lui faire un dernier cadeau. »

« Le choix. »

Sous ses yeux, Drew pu voir le dernier souvenir qu’elle implanta dans le cristal avant de mourir. Les jambes broyées par son siège, la tête ensanglantée, elle donna d’elle-même son cristal au Zorua avant de lui déposer un baiser sur le front.

« Offre lui ce choix… Je t’en prie… C’est tout ce qui me reste à lui donner. »

Derrière eux se matérialisa alors une forme cristallisée de Mélodia qui posa sa main sur son épaule avant de lui offrir le plus beau des sourires.

« Bonjour Papa ! »

Les larmes vinrent aux yeux du père de famille qui enlaça délicatement sa fille contre lui, sa fille qui semblait n’être plus que le reflet d’elle-même, comme une approximation de ce qu’elle était, disparaissant petit à petit avec le temps.

« Ma petite… Ma petite fille… »

Il se mit à sa hauteur pour la regarder dans les yeux, mains sur son visage pour pouvoir mieux la voir.

« - Pourquoi ? Pourquoi tout ça ?
- Pour toi Papa. C’est toi qui m’a enseigné tout ça. Une personne ne peut vivre une vie épanouie, dans la joie ou la douleur, que si elle est parvenue à la teinter par le prisme de ses choix. Un évènement, grave et aléatoire par nature, ne peut que marquer les gens à vie d’une peine qui les fera saigner. Certains cicatriserons, d’autres ne pourrons que voir cette couleur teinter leur vie à jamais. J’étais jeune, mais tu m’as toujours élevée dans l’optique d’apprendre à connaître et à comprendre les gens. Mais personne n’avait jamais fait ça pour toi à part Maman. Et je ne voulais pas partir sans t’offrir ce cadeau à mon tour.
- Alors tu as…
- J’ai moi-même fait un dernier choix. Je ne l’ai pas fait pour choisir de vivre ou de mourir, je l’ai fait parce que je savais que notre disparition à toutes les deux serait la seule chose avec laquelle tu ne pourrais pas vivre, sauf si tu en faisais toi-même le choix. Et j’ai eus énormément de chance ce jour-là. »

Mélodia se tourna vers le Zorua et lui fit signe de venir. D’instinct, il lui sauta dans les bras, conscient que cette personne n’était autre que celle dont il entendait la voix depuis le début.

« Il avait vu l’accident et il m’a entendu appeler à l’aide. Maman était morte sur le coup, mais en m’enlaçant elle m’a protégé d’un choc immédiatement fatal. Mais j’étais bloquée et le train menaçait de s’enflammer. Il est arrivé mais compris qu’il ne pouvait pas me dégager. Je lui ai demandé de te transmettre mon cristal, mais il ne te connaissait pas. Il ne savait rien de toi, ni qui tu étais, ni comment tu le prendrais. Lorsqu’il sortit du wagon, il emporta donc ma conscience avec lui. J’ai appris à le connaître au fil du temps. Il a choisi de prendre mon apparence pour que tu puisses venir à lui par toi-même. Malheureusement, en voyant la douleur que tu éprouvais déjà il comprit lui aussi que tu ne supporterais pas de m’avoir également perdu. C’était une supercherie, il en était conscient, et à plusieurs reprises il était bien décidé à repartir en te laissant le cristal, mais il savait qu’ainsi, il ferait pire que bien. Il s’était finalement empêtré dans une situation dont il ne savait comment se sortir, jusqu’à ce qu’il te protège ce jour-là à Sinnoh. »

Doucement, elle le caressa gentiment, pour lui témoigner de son affection et de sa confiance.

« - Il a été très maladroit, mais il a respecté sa promesse envers moi. Il est resté à mes côtés, devenant en quelque sorte mon dernier ami. Nous avons appris à nous connaître avec le temps. Il n’est pas si différent de toi tu sais. Impassible, inflexible, prompt à remettre les gens à leur place quand ils le méritent et pourtant doué d’une empathie et d’un sens des responsabilités envers les autres à tout épreuve. Il était seul quand il m’a trouvé et il s’en accommodait bien. Il n’a jamais eu besoin de quiconque mais aujourd’hui il a malgré tout décidé de rester avec toi. Il a beau être jeune par rapport à toi, vous vivez tous les deux selon les mêmes principes et je pense qu’il en restera ainsi pour longtemps.
- Est-ce que je dois vraiment apprendre à vivre avec une autre personne aussi insupportable que moi ? Ta mère et toi n’êtes plus là pour m’équilibrer quand j’en ai besoin tu sais. A deux on risque d’être inarrêtables lui et moi. »

Mélodia ria à cette blague dont son père avait le secret, bien qu’il semblait en avoir oublié la formule ces derniers mois.

« - Former un duo inarrêtable, je pense que c’est ce dont vous avez besoin tous les deux en ce moment. Vous allez en avoir besoin si vous voulez aller jusqu’au bout.
- Jusqu’au bout de quoi ? »

La jeune fille s’approcha de lui avec le Zorua pour les serrer tous les deux dans ses bras.

« Je te l’ai dit. Tu dois faire ton choix, sans cela tu ne vivras jamais en paix, Maman et moi te connaissons bien. Le temps m’est compté et tu le sais. Les cristaux de Seriha ne sont pas éternels et un jour je disparaitrai. Aujourd’hui puisque tu es venu me voir, je veux que tu me fasses cette promesse. Accepte mon dernier cadeau et fait ton choix : ramène-moi à tes côtés ou laisse-moi partir. Un parent m’attend de chaque côté de cette balance tu sais et je vous aime trop tous les deux pour en choisir un. J’ai énormément de choses à vivre encore avec toi ou même seule, mais mon cœur est également en peine pour Maman. Je ne peux pas prendre cette décision. Maman est en paix de son côté et elle nous attendra tous les deux le temps qu’il faudra, mais toi tu ne le seras pas si tu ne te décides pas. »

La jeune femme regarda son père dans les yeux avant d’expliciter une dernière fois la promesse dont elle avait besoin.

« Papa, promet moi… Que si jamais tu décides de renoncer à me ramener et que tu acceptes de me perdre, tu détruiras par toi-même ce cristal. Je ne veux pas m’effacer par le simple passage du temps, laissant une trace dans ta vie que tu ne pourras jamais effacer. Je veux que ce choix devienne une fleur dans ton Rasalas. Que tu puisses la voir pousser et s’épanouir sans regrets. Je n’ai plus beaucoup de temps, mais je sais que tu es capable d’atteindre ton objectif quel que soit celui que tu choisiras. Et dans le cas contraire, je sais que tu m’aimes assez pour respecter ta promesse. Alors… S’il te plaît dis le moi. »

Le père de famille sentit son cœur se meurtrir à ces paroles qui étaient à la limite de tout ce qu’il pouvait supporter. Mais il savait que c’était là la seule démarche honorable à suivre vis-à-vis de sa fille. Drew pu aborder désormais le problème sous un autre angle grâce à elle, celui de sa responsabilité de père. Elle venait de lui demander de respecter une promesse et d’accepter son cadeau, le genre de chose que tout enfant est en droit d’attendre de ses parents. Drew n’hésita pas à pleurer, sentant ses larmes chaudes abreuver l’herbe déjà luxuriante à leurs pieds. Il l’enlaça une dernière fois, non plus comme un homme endeuillé mais comme un père prêt à admettre sa responsabilité envers sa fille, quelle qu’en soit la difficulté.

« Je te le promet Mélodia. Je choisis de faire tout ce que je peux pour te ramener à moi. Et si je finis par échouer, je te dirai adieu moi-même en te libérant définitivement de ce cristal. »

La forêt commença alors à disparaître comme emportée par un souffle éphémère qui la fit disparaître à l’état de poussière. C’est dans cette dernière bourrasque que l’on entendit alors ces dernières paroles :

« Merci Papa. »

Drew et le Zorua reprirent alors conscience dans la réserve où ils retrouvèrent Seriha et Lugia. Le Zorua prit le cristal dans sa gueule avant de proposer à Drew de le récupérer. Doucement, le quinquagénaire reclipsa le cristal dans son encoche sur la chaîne en métal qui y était dédiée. Le regardant dans les yeux il lui dit finalement :

« Tu n’es qu’un petit salopard porteur de mauvaises nouvelles… Mais tu mérites mieux comme nom que celui d’un simple vagabond. Est-ce que Kalas te conviendrait ? »

Kalas, le corbeau noir. L’être annonciateur de temps sombres et tristes, mais rien ne dit que cette créature ne pouvais pas aider à faire face à ces moments de douleur. Le Zorua accepta ce surnom, étant désormais prêt à le revendiquer le temps de leur collaboration. Drew le laissa se poser au sol entre ses jambes, là où il put lui remettre le cristal autour du cou. Après tout, il en avait été le gardien ces derniers mois et il avait su le protéger envers et contre tout pendant tout ce temps. Le psychiatre se releva et s’adressa alors à Lugia qui avait pu assister à toute la scène.

« Mon choix est fait désormais et je pense que tu le comprendras. Je vais commencer à voyager et à m’instruire. La science fait sans cesse des découvertes et les Pokémon font toujours plus de miracles, je ne pense pas que cette entreprise soit impossible. Improbable, presque inconcevable, mais pas impossible. Je n’ai qu’une dernière question à te poser. Si jamais je me rapproche de la fin de cette quête et que je parviens à m’en rapprocher au point de presque pouvoir toucher du doigt cette idéal, accepteras-tu de m’accompagner pour en faire une réalité ? Il y a des choses que la simple volonté humaine ne peut accomplir et cet objectif en fait partie. Si je ne me perds pas en route, j’ai besoin de savoir sur qui je pourrai compter quand le moment fatidique arrivera… »

Drew n’hésita pas à se présenter ainsi devant Lugia, comme un homme qui s’apprêtait probablement à commettre ce que certains appelleraient un crime contre la nature. Il avait aujourd’hui fait une promesse qu’il aurait espéré ne jamais avoir à faire mais a accepté d’en payer le prix s’il ne parvenait pas à atteindre son objectif. Ainsi quoiqu’il arrive, sa responsabilité de père envers sa fille sera respectée et il pourra peu importe l’issue, apprendre à aller de l’avant. Maintenant, il voulait simplement savoir si le Pokémon légendaire se trouvant face à lui, pourrait juger sa démarche suffisamment honorable pour être soutenue.

Sujet: Re: La vie secrète des humains [Drew] Ven 15 Nov 2019 - 4:45

Psychiatre, hein ? Ça explique bien des choses. Je suis quand même soulagé de voir qu’il laisse une certaine liberté à ses pokémons et qu’il les autorise même à briser leurs balls s’ils en ressentent le besoin, ce ne sont pas tous les dresseurs qui font ça et j’ose croire que c’est la sagesse acquis par l’âge qui parle dans son cas. Les humains ne sont pas tous méchants avec nous, je le sais bien après les avoir observé pendant si longtemps, mais j’ai aussi appris à rester prudent vis-à-vis d’eux après toutes les tentatives de capture que j’ai subies par le passé. Néanmoins, le fait de voir mes congénères êtres privés de leur liberté sans qu’ils aient le mot à dire, que ce soit avec un bon ou un mauvais dresseur, reste difficile à accepter.

* Heureux de l’entendre, * soufflais-je simplement suite à ses explications.

L’homme me parle ensuite des étapes du deuil qui sont inévitables et à en croire ce qu’il dit, il en serait à l’étape du marchandage. Tenter d’obtenir quelque chose pour soulager sa peine et vaincre son deuil, que l’idée soit insensée ou non. Il lui resterait donc à être confronté à la dépression ainsi qu’à l’acceptation afin de boucler la boucle, mais une question me trotte toujours en tête malgré tout. S’il est au courant de tout ça, pourquoi continue-t-il de s’acharner sur la troisième étape qui consiste à négocier ? Au final, ça n’en vaut pas la peine si on considère la suite logique des choses, mais je préfère rester silencieux à ce sujet pendant qu’il poursuit sur sa lancée. Après avoir fait de nouveau appel au Zorua, il m’explique ce qui va suivre en saisissant le cristal qu’il portait jusque là autour du cou en affirmant que je vais pouvoir voir et entendre ce qui se passe. La suite des évènements me déroute un peu entre l’évanouissement de l’humain et du pokémon ainsi que de l’étrange endroit de cristal dans lequel ils se réveillent tout les deux sans être vraiment surpris de ce qu’il leur arrive. Rasalas, c’est bien ça ? Oh, peu importe. Suis-je en train de devenir fou ?

Ayant du mal à croire ce qui se passe, je secoue la tête tout en clignant des yeux à quelques reprises pour ensuite reporter mon attention sur ce qui se déroule dans l’objet psychique. Même si je suis témoin de cette scène, cela dépasse toutes mes connaissances et tout ce que je croyais possible dans ce monde, mais je m’attendais encore moins de voir ce qui va suivre. Le paysage se modifie à nouveau sous mes yeux ébahis, le Zorua se met à parler sans que je comprenne vraiment où il veut en venir, mais je crois deviner qu’il parle de la tragédie, lorsqu’il a fait la rencontre de la jeune fille. Parlant de cette dernière, elle ne tarde pas à se matérialiser à leur côté pour ensuite expliquer à son père ce qui l’a poussé à entrer en contact avec un pokémon, à lui demander de la représenter pendant qu’elle ne serait plus de ce monde. Bien que je comprenne son point de vu, je suis pas forcément à l’aise avec tout ce qui se déroule devant mes yeux, mais je me rends finalement compte à quel point sa décision n’a pas du être facile, à elle tout comme à son père lorsqu’il s’est rendu compte de la supercherie.

J’écoute ensuite le reste de la conversation sans bouger, sans jamais intervenir dans leurs échanges pour ne pas les importuner et je me demande même si je n’ai pas arrêter de respirer pendant un moment. Bien que la mort de cette petite soit loin d’être naturelle, je n’aurais jamais imaginer qu’elle soit ouverte au deux options, c’est-à-dire de revenir à la vie ou de mourir définitivement. J’ai toujours penser que les créatures qui meurent acceptaient leur destin, que cela soit survenu trop tôt ou non, mais il semblerait que ma conception de la vie soit fausse depuis le début. Le temps de cette dernière est malheureusement compté et je dois admettre que je suis un peu chamboulé lorsque leur conversation se termine, ramenant même coup l’homme et le renard dans le monde réel. Je crois que j’ai été témoin d’un événement exceptionnel, un événement dont seule cette famille semble en connaître le secret et cela me rend légèrement mal à l’aise. Pas que je n’ai pas aimé être spectateur de ce moment, au contraire, mais j’avais l’impression de ne pas être à ma place, sans oublier ce cristal magique dont les capacités me perturbe encore.

Malgré que la conversation soit terminé depuis un petit moment déjà, je reste silencieux encore quelques minutes le temps de remettre mes idées en place, tout en restant impassible même si mon esprit est en ébullition. Je n’ai pas l’habitude de m’emporter, mais il est vrai que je suis pas confronté à ce genre de situation tous les jours et ce n’est qu’après avoir poussé un bref soupir que je me lance enfin.

* Pardonnez-moi. J’ai porté des jugements un peu trop hâtif sur votre quête, je n’aurais jamais cru qu’un être disparu, qu’il soit humain ou pokémon, puisse avoir le désir de revenir à la vie. Je croyais que les morts acceptaient inévitablement leur destin puisque ce phénomène est contre-nature, on ne peut pas ressusciter un être vivant comme ça. Comme vous l’avez dit, cela provient d’un miracle. *

Maintenant que le soleil est bien levé au-dessus de l’horizon, je lève brièvement la tête vers le ciel bleu parsemé de nuage qui semble encore être endormi pour l’observer un peu afin de m’aider à remettre de l’ordre dans mes pensées.

* Je crois toujours qu’il vaut mieux laisser les morts reposer en paix, mais j’imagine qu’il peut toujours y avoir des exceptions, comme c’est le cas chez votre fille. Certains peuvent parfois vouloir revenir à la vie mais ils ne peuvent pas, c’est comme ça et quand on y pense, vous ne croyez pas que ça serait injuste que certaines âmes auraient le droit de revenir dans ce monde sans problème alors que des milliers d’autres ne peuvent pas ? *

Tout en prononçant cette dernière phrase, je sens mon plumage se gonfler un peu par réflexe. Je réagis toujours inconsciemment de cette façon lorsque je songe à une inégalité mais en même temps, je ne peux pas blamer ce père qui a peut-être une infime chance de pouvoir ravoir sa fille à ses côtés. J’imagine que n’importe quel humain agirait de la même façon même si cela ne correspond pas du tout à mes principes.

* Mais soit, j’accepte. Ce n’est pas tous les jours que nous avons la chance de voir un humain renaitre de ses cendres tel un majestueux phénix. *

De plus, cela me permettra peut-être de revoir mon vieil ami Ho-Oh. J’ai l’impression que c’était encore hier que je quittais la ville de Rosalia en flamme, même si en réalité cela fait déjà plusieurs décennies.

Sujet: Re: La vie secrète des humains [Drew] Sam 16 Nov 2019 - 13:54

Drew se trouvait debout, face au Pokémon légendaire, le nouvellement baptisé Kalas à ses côtés. Pour la première fois depuis bien longtemps, il espérait obtenir le soutien de quelqu’un. Lui qui ne doutait que très rarement de ses démarches, lui qui à chaque instant savait juger ses propres choix et assumer ses bonnes comme ses mauvaises décisions. En cet instant, il avait le sentiment de se trouver au bord d’une falaise, attendant de savoir ce qu’une créature mythique, témoin et gardienne d’un équilibre naturel, allait penser de son entreprise. Face à lui, le Pokémon ailé resta silencieux quelques instants, impassible devant l’homme d’âge mur. Finalement, sa réponse vint et soulagea le psychologue qui l’écouta avec une grande attention. Une fois son jugement rendu, Drew précisa alors sa pensée.

« J’ai bien conscience, que la chance qui m’est présentée est exceptionnelle. Ramener quelqu’un à la vie n’est pas une opportunité qui doit se présenter à chacun. Ce que je vais tenter de commettre, c’est une profanation des lois de la vie telles qu’elles ont cours aujourd’hui. »

Le professeur ne s’arrêta pas dans son speech. A ses yeux, ses mots actuels étaient une déclaration d’intention. Une lettre, que l’on écrit, lorsque l’on entreprend une démarche dangereuse dont on ne connaît pas l’issue, afin que ceux qui puissent s’interroger sur les raisons de cette démarche ne se méprennent pas sur nos intentions.

« Nous autres humains, sommes des spécialistes à ce niveau. Mais tandis que nous le faisons principalement par négligence ou par cupidité, je me console à me dire que je vais me lancer dans cette entreprise par devoir paternel. Et j’avoue que de façon ingénue, j’espère sans trop y croire que cette fine différence suffira à faire la distinction entre nos crimes en tant qu’espèce et le mien en tant qu’individu. Mais j’en doute… »

Drew se retourna pour regarder le soleil se lever, tel un astre cherchant à le guider vers la prochaine étape de son voyage.

« Je crois déjà savoir où me dirigerons mes pas. Je pense qu’il me faudra visiter au moins deux Pokémon tout aussi particuliers et célèbres que toi. Chacun d’entre eux devrait me permettre de faire évoluer ce cristal dans lequel réside ma fille. Une fois que le cristal sera prêt, je prendrai le chemin de la tour Carillon où j’espère que ton ami se présentera. »

Même si le professeur Kaiten parvenait à rencontrer ces deux autres Pokémon légendaires et à obtenir leur aide, rien ne garantissait qu’Ho-oh accepte de se présenter devant lui ou de l’aider. Face à lui, le soutien de Lugia ne serait pas de trop. La validation de sa démarche était donc à ses yeux, extrêmement précieuse. Soulagé d’un poids face à la façon dont cette rencontre c’était passé, Drew s’adressa ainsi une nouvelle fois au Pokémon légendaire.

« Je te remercie encore Lugia. D’avoir pris le temps de m’écouter et d’avoir accepté d’être témoin de ce moment. Peu de gens, humains ou Pokémon, l’auraient fait. Lorsque le moment sera venu, comment pourrais-je te contacter ? Je pense que c’est déjà un miracle en soi que d’avoir pu te retrouver aujourd’hui et je doute que la providence ne suffise pour précipiter notre prochaine rencontre. »

Drew laissa ainsi Lugia s’exprimer, attendant patiemment sa réponse. Une fois sa curiosité satisfaite, c’est un autre genre question qu’il avait en tête pour lui.

« J’ai une dernière question à te poser… Elle va te sembler frivole mais… Rasalas n’est pas la seule histoire que je racontais à ma fille quand elle était petite. Et parmi elles, l’une de ses préférés était celle des oiseaux légendaires de Kanto. Elle les imaginait voguant dans le ciel, maintenant un équilibre naturel autour de notre région grâce à toi. Et de vous tous, elle était tombée en admiration devant Artikodin qui pour elle, était porteur d’une grande sagesse. Si je parviens à la ramener, j’aimerai pouvoir lui raconter à nouveau votre histoire et lui donner plus de détails. Veux-tu bien me parler de lui avant que nos chemins se séparent ? Est-il à la hauteur de ses attentes ? »

» Drew Kaiten
» Sortir du cocon [Pv. Drew Kaiten]
» Une victoire amère [Drew Kaiten]
» Un très difficile lendemain de soirée [Niamh et Drew]
» [Event] Les Ultra-Chimères attaquent ! [PV Drew/Megami]