Encore beaucoup à dire [PV Kalian]

Sujet: Encore beaucoup à dire [PV Kalian] Sam 27 Mar 2021 - 10:42

Elisabeth avait presque oublié. On était samedi et donc le centre serait particulièrement mouvementé. Ce n’est qu’en franchissant la porte automatique coulissante du grand bâtiment qu’elle fut ainsi fixée. Il y avait déjà pas mal d’agitation à l’accueil. On était loin de la tranquillité du lac bien sûr, mais après le tumulte qu’elles venaient d’affronter avec ces pokémon sauvage, les demoiselles ne craindraient certainement pas un peu de foule. Avant tout pourtant, c’est l’ambiance du centre qui se fit ressentir. Un peu la même odeur que celle d’un hôpital avec cette odeur de javel, mais aussi quand même une odeur de café. Un sol blanc et impeccable avec des murs tout aussi blanc sur lesquels étaient affichées différentes choses, de la simple recommandation médicale en passant par quelques œuvres artistiques.

D’un côté se trouvait un coin détente avec des tables et chaises hautes, ou des gens pouvaient consommer des boissons ou de le nourriture, en témoigne les différents distributeurs à disposition. Un couple de dresseur se tenait d’ailleurs là et prenait un moment pour discuter tranquillement d’une façon tout à fait intimiste. De l’autre se trouvait un petit coin de jeu avec différents jouets, des feuilles et des crayons. Un petit garçon de deux ans assis sur un tapis coloré était en train de jouer avec une locomotive en bois en compagnie d’un lipouti qui de son côté secouait une sorte de cube en bois. Pendant ce temps il semblait que la mère de l’enfant se trouvait à proximité pour les surveiller en souriant. Il y avait également un espace détente avec des livres, tables et chaises où se trouvait d’ailleurs deux adolescents en train de jouer aux cartes pokémon, pendant qu’un autre avait les yeux rivés sur son téléphone, tapotant sur l’écran régulièrement comme s’il jouait. Encore un peu plus loin se trouvait une salle d’attente avec des gens assis sur des chaises en train d’attendre, car il ne fallait pas oublier qu’il s’agissait d’un endroit de soin prioritairement à un lieu de détente. Tout au bout de l’accueil se trouvait un comptoir, où l’on pouvait voir deux infirmières être occupées dans un bureau juste derrière. De part et d’autre du comptoir se trouvaient aussi deux couloirs qui menaient nul ne sait où.

Finalement la porte a battant du couloir de droite s’ouvrit et laissa surgir un garçon d’une dizaine d’année habillé d’une casquette, t-shirt et short avec un rattata dans les bras, suivit de près par une jeune infirmière d’une vingtaine d’année. Elisabeth la reconnaissait. Elle avait son uniforme bien entendu mais elle se distinguait par sa chevelure blonde assez longue et méticuleusement tressée qu’elle laisse retomber vers l’avant. En arrivant à côté de la salle d’attente elle en profita pour parler à l’enfant d’une voix douce tandis que la porte se refermait doucement derrière eux.

« Essaye de faire attention cette fois-ci d’accord ? Il vaut mieux que tu prennes la fuite si tu vois que le pokémon sauvage est trop fort.
- Oui madame ! Merci !
- Allez, prenez soin de vous et bonne journée. »

Le gamin passa à côté d’eux en accourant vers la sortie tout en provoquant un léger courant d’air, comme la fougue de la jeunesse l’emportait. L’infirmière dévia le regard vers Elisabeth après avoir aperçu l’enfant détaller. Un petit air agréablement surpris accompagné d’un sourire passa alors sur la soignante et elle s’approcha.

« Oh Elisabeth ! Quel plaisir de te revoir. Comment tu vas, dis ? Demanda-t-elle d’un air enjoué.
- Coucou Crista ! Bah écoute, ça va... enfin... on a vu mieux quoi. »

Le regard de Crista passa de l’enseignante vers le jungko un peu amoché juste à proximité. Aussitôt un air inquiet passa sur elle et elle s’approcha du pokémon plante.

« Oh mais… Guevara, qu’est-ce que… qu’est-ce qui t’es encore arrivé ? Elisabeth je t’ai déjà dis de l’empêcher de trop tirer sur la corde. Roooh pauvre chou… c’est pas beau à voir. Comment tu fais pour tenir encore debout toi, dis. »

L’infirmière inspectait déjà le jungko sous tous les angles pour remarquer les bleus et les égratignures. Guevara se laissa faire, même si légèrement gêné. Elisabeth se contenta de hausser les épaules suite à cette remarque, mais elle répondit quand même.

« Ah mais… c’est même pas de ça qu’il s’agit. On s’est retrouvé dans une histoire assez folles, avec une dizaine de dardargnan et… un putain de rongrigou ! Mais genre gros, vraiment gros, comme une barrique !
- Hein... quoi ? Répliqua-t-elle incrédule.
- Ouep, une bonne partie de mon équipe qui a morflé. Gueva s’en sort bien au final. D’ailleurs je suis pas toute seule dans ce cas, y a un goupix à surveiller aussi. Il a déjà reçu les premiers soins, mais vaut mieux s’en occuper plus sérieusement. Tiens d’ailleurs je te présente Kalian. Puis s’adressant à l’élève. C’est Crista, elle est interne ici. Je la croise souvent au centre. »

La jeune infirmière en formation quitta le jungko et s’approcha de Kalian avec un sourire.

« Enchantée Kalian ! Dis-moi, je peux l’ausculter rapidement ce goupix ? Tu lui a donné un surnom d’ailleurs ? »

Sujet: Re: Encore beaucoup à dire [PV Kalian] Mer 31 Mar 2021 - 5:09

Encore beaucoup à dire.

Nous émergeâmes peu à peu de la quiétude naturelle pour retrouver les échos de la vie humaine, d'abord dans les rues d'Edenia, puis au Centre Pokémon. Les oreilles dorées d'Alpha remuèrent lorsque nous y pénétrâmes ─ mon renard s'était assoupi en chemin, sans cesser de diffuser sa douce chaleur. Je le sentis lever la tête et bouger au creux de mes bras, tranquillement, pour observer ce qui nous entourait.

C'était un Centre Pokémon comme il y en avait partout, avec son parfum de désinfectant, ses effluves de café, ses sourires soulagés et ses larmes à peine contenues. Entre ses murs se succédaient des aires où s'installer dans l'attente d'un diagnostic ou pour faire une pause de son périple. Tout autour, on discutait, patientait, s'affairait. C'était l'une des choses que j'adorais de ces bâtiments : ils étaient rassembleurs à leur manière. Tout le monde y était passé au moins une fois. Une visite au Centre Pokémon était une expérience universelle.

Je me contentai de suivre l'enseignante dans les tréfonds de l'établissement, machinalement, un peu perdue dans mes pensées. Rien de bien précis dans ma tête, que des ressentis et des impressions qui disparaissaient à la seconde où ils fleurissaient. J'étais dans la lune, tout simplement.

Dans sa course vers la sortie, un gamin portant un rongeur mauve dans ses bras me ramena sur terre. Le martèlement de ses baskets contre le sol et la petite brise soulevée par son allure m'ancrèrent au moment présent. J'esquissai un sourire nostalgique. J'avais moi-même connu ces instants propres à la jeunesse, ces débordements d'excitation, l'envie de combattre qui éclipse toute notion de politesse et nous propulse vers l'aventure.

Une infirmière que je n'avais pas remarquée jusqu'à présent ─ dotée d'une jolie tresse blonde et d'un uniforme typiquement médical ─ aborda le professeur Greenjaw. Elle lui fit des remontrances quant à l'état du Jungko ; je ne pus m'empêcher de ricaner doucement. Ainsi donc, même les adultes avaient droit à ce genre de réprimandes ? C'était la première fois que j'assistais à ça, et franchement, ça m'amusait.

Combien de fois mes parents m'avaient-ils balancé de telles phrases ? Plus souvent que je n'oserais l'admettre. Ils n'aimaient pas que mon Goupix et moi testions des stratégies, que nous prenions des risques calculés. Alpha acceptait volontiers d'encaisser les coups, de subir quelques altérations de statut. Le lien de confiance qui nous unissait était solide. Assez solide pour me permettre d'expérimenter responsablement. Mes parents, qui n'étaient pas dresseurs, ne pouvaient pas comprendre. Ils n'essayaient même pas de comprendre. Ils préféraient jouer les papa et maman Braségali et nous surprotéger tous les deux. Meh.

Le « putain de Rongrigou ! » d'Elisabeth me fit rire ─ un rire franc cette fois, moins intense que celui qui avait suivi le commentaire sur ce fameux Takeshi, mais tout de même notable. Putain de Rongrigou, c'était vraiment la meilleure façon de désigner cet énorme rongeur.

— Hein... quoi ? s'enquit la blonde, ce qui me fit réaliser qu'en effet, vues de l'extérieur, nos péripéties devaient paraître invraisemblables.
— Ouep, une bonne partie de mon équipe qui a morflé. Gueva s’en sort bien au final. D’ailleurs je suis pas toute seule dans ce cas, y a un goupix à surveiller aussi. Il a déjà reçu les premiers soins, mais vaut mieux s’en occuper plus sérieusement. Tiens d’ailleurs je te présente Kalian.

Intrigué, Alpha posa les yeux sur la professeure en l'entendant prononcer le nom de son espèce. Pour ma part, j'adressai un sourire avenant à l'infirmière ─ rictus que j'aurais accompagné d'un geste de la main si je n'avais pas eu mon renard entre les bras.

— C’est Crista, elle est interne ici. Je la croise souvent au centre.

Je hochai la tête. La soignante délaissa Guevara, auprès duquel elle s'affairait jusqu'alors, pour venir à ma rencontre.

— Enchantée Kalian ! Dis-moi, je peux l’ausculter rapidement ce goupix ? Tu lui a donné un surnom d’ailleurs ?
— Enchantée aussi, répondis-je, avant d'acquiescer : Bien sûr, allez-y. Il s'appelle Alpha.

Je fis passer l'une de mes mains sous une patte avant du renard et l'autre dans son dos, le fis basculer lentement, puis le décollai de moi afin de le tendre vers Crista. La concernée fit un pas de plus vers nous, prête à examiner sommairement le patient. Patient qui ne bougeait pas d'un poil, se contentant d'attendre.

— On a combattu un Dardargnan. L'ennemi lui a planté un dard dans le flanc. Une attaque Dard Venin, l'informai-je en surélevant inconsciemment mon Pokémon. Alpha a été empoisonné sur le coup. Il a été soigné un peu plus tard, avec des baies pêcha et sitrus.
— Ah oui. Assez désagréable ça, hein mon mignon ? fit la jeune femme, à l'intention d'Alpha.

Elle le jaugea un instant et m'adressa un regard, une question silencieuse. Pouvait-elle le toucher ? Je lui en donnai la permission d'un hochement de tête. Naturellement, qu'elle le pouvait. Elle s'exécuta avec précaution. Une ride de concentration apparut entre ses sourcils, ce qui, curieusement, ne délogea pas complètement la douceur de son visage. Ses doigts vinrent se poser près de la plaie, mais ne la touchèrent pas. L'infirmière écarta la fourrure dorée d'Alpha pour l'observer plus avant, puis la laissa retomber en place.

— Je vois, dit-elle en reculant. À première vue, ça ne m'a pas l'air trop grave. Mais tu as bien fait de l'emmener. Un examen plus poussé ne sera pas de trop.

D'accord, mais… Qu'entendait-elle par là ? Pas trop grave, mais tout de même grave ? Par Zacian, insinuait-elle que…

— Ne t'inquiète pas, tout ira bien, me rasséréna Crista, coupant court à mes pensées, avant de se tourner à nouveau vers Elisabeth : Tu disais que quelques membres de ton équipe ont morflé, hein ?

Elle nous intima de ne pas bouger, nous assura qu'elle reviendrait sous peu, puis s'éloigna. Je la suivis des yeux tandis qu'elle s'engageait dans l'un des couloirs adjacents au comptoir. Couloirs qui débouchaient assurément sur les salles d'examen, le bloc opératoire et autres joyeusetés du genre…

En attendant le retour de l'infirmière en formation, je plaquai mon renard contre moi et le serrai un peu plus fort que nécessaire. Un examen plus poussé, donc. La routine, sans doute, histoire de s'assurer qu'il ne garderait aucune séquelle de ce combat, que le poison avait été complètement anéanti par la baie, tout ça. Oui. Mieux valait suivre ce train de pensée plutôt que de nourrir les scénarios catastrophe qui cherchaient déjà à se tailler la part du Némélios dans mon esprit.

— Eh bah, j'espère que tout va bien se passer… Tant pour Alpha que pour vos Pokémon, dis-je avec un sourire pâle. En tout cas, je ne regrette pas d'être venue.

Dans le doute, toujours exprimer son ressenti. Toujours demeurer optimiste, aussi. Il y avait bien plus de positif que de négatif dans cette situation. Alpha avait reçu les premiers soins, il avait eu droit à une auscultation rudimentaire et je m'apprêtais à le laisser entre de bonnes mains. Ouais. Les visites au Centre Pokémon étaient toujours un peu anxiogènes, mais c'était pour une bonne cause. Pour le mieux.

J'inspirai profondément, expirai et arborai un air plus détendu. Il ne restait plus qu'à attendre le retour de Crista, maintenant.

Jusque là Elisabeth observait d’un regard presque captivant la façon dont Crista s’affairait avec douceur à manipuler sans brusquerie aucune le goupix avec des mains qui lui inspiraient la délicatesse même. Rien à voir avec ses propres mains un peu calleuse à force de travailler dans la serre. Ce qui la touchait chez la jeune infirmière c’était également ce visage qu’elle trouvait charmant et l’air attentionné qu’elle dégageait. De multiples traits qui semblaient plaire à l’enseignante qui en contraste pouvait paraître particulièrement rude. Lorsqu’elle s’éclipsa de nouveau vers l’un des couloirs, Elisabeth suivait Crista du regard, puis se dit avec un léger haussement de sourcils et un mince sourire qu’elle était aussi agréable à regarder par derrière avec ce joli petit c…

— Eh bah, j'espère que tout va bien se passer…Tant pour Alpha que pour vos Pokémon. En tout cas, je ne regrette pas d'être venue.

Elisabeth sortit aussitôt de sa vision envoûtante tandis que l’élève venait de reprendre la parole. Elle rebondit alors immédiatement à son affirmation.

« Oh, moi non plus je ne regrette pas d’être venue. Les infirmières ici sont plutôt bonnes ! Enfin j’veux dire… expérimentées quoi. Oui voilà. Rectifia la jeune femme sur la fin avant de poursuivre. En tout cas, tu n’as aucun soucis à te faire, à chaque fois mes camarades revenaient comme neuf. Après tout, c’est bien ce qu’on est en droit d’attendre d’un centre non ? Je veux dire, bon… ce n’est pas non plus une raison pour forcer et abuser de la gentillesse de ces charmantes personnes, surtout qu’on n’a rien à payer pour faire soigner ses pokémon et c’est quand même chouette. »

D’ailleurs pour la petite parenthèse, Elisabeth était contente que les centre pokémon n’avaient pas été privatisés. Dans le cas contraire les dresseurs plein de rêves se ruineraient et les directeurs de centre pokémon amasseraient une tonne de fric pendant que les infirmières seraient certainement sous-payées. Une vision capitaliste des choses qui répugnait la professeure. Mais elle se gardait bien de donner son avis à Kalian sur ces choses pour l’instant. La jeune dresseuse avait encore le droit et surtout le temps de s’émerveiller sur son avenir avant de réfléchir plus en profondeur sur la réalité du monde. Fin de la parenthèse.

Elle reporta un instant son attention sur le jungko qui vérifiait toujours un peu ses égratignures provoquées par les combats précédents et se massait aux endroits douloureux. Elle repensa alors à tout le chemin parcouru qu’ils avaient fait ensemble et à l’impressionnante créature qu’il était devenu à pouvoir gérer plusieurs dardargnan d’un coup. Le temps était loin depuis qu’ils avaient affronté un certain brutapode dans la jungle, une rencontre tout à fait déterminante bien qu’éprouvante. Elisabeth se dit alors que s’ils devaient de nouveau affronter l’insecte brutal, Guevara n’en ferait plus qu’une bouchée avec l’expérience acquise depuis ce jour. A cette pensée, elle tapota avec fierté le dos de son camarade.

« La prochaine fois je te laisserai affronter un sulfura hein ? »

Guevara tourna aussitôt la tête vers elle, les yeux plissés comme pour se demander si elle n’exagérait quand même pas un peu. La réaction valu aussitôt un rire franc à Elisabeth. Le jungko légèrement outré regarda de nouveau en face et croisa à présent ses pattes. Sa dresseuse mit un peu de temps à sortir de son rire et taquina son camarade à l’air vexé d’un petit coup de poings sur son épaule, valant une légère bousculade au jungko. Elle aimait bien être taquine avec lui.

« Roh allez j’déconne ! Allez détend-toi mon vieux. T’as quand même mis au tapis plusieurs dardargnan, c’est pas rien, hein Kalian ? »

Guevara ferma les yeux et détourna légèrement la tête. Il ne put réprimer un sourire de satisfaction malgré tout, pas mécontent du tout de son travail en effet. Puis la jeune femme enchaîna en direction de l’adolescente.

« Et puis Alpha s’est bien débrouillé aussi, il ne faut pas l’oublier. Héhé ! »

Juste après on entendit la porte du couloir s’ouvrir et Crista revenait en compagnie d’une autre infirmière. Les traits de son visage et la chevelure rose de celle-ci indiquait clairement qu’elle était une membre de la famille des infirmières Joëlle. Impossible de savoir s’il s’agissait d’une sœur ou même d’une cousine de l’infirmière de Rivamar ou d’une toute autre ville de Sinnoh voire d’une autre région, car leur généalogie semblait particulièrement complexe. Aussi cette même infirmière était accompagnée d’une leuphorie portant un couvre-chef d’infirmière et qui poussait un chariot. Le chariot comportait un coussin rose moelleux ainsi qu’un large étuis qui pouvait accueillir six pokéball. Après avoir salué les deux dresseuses, l’infirmière Joëlle réitéra le même procédé que Crista avec le goupix, cette fois-ci avec plus de rapidité et de maîtrise, signe de son expérience éprouvée par rapport à l’étudiante l’accompagnant. Joëlle lança un regard vers la leuphorie qui avait poussé le chariot juste en face et lui adressa la parole.

« Tu veux bien t’occuper du goupix je te prie Marigold ?
– Leuuuphoooo~ » répondit-elle d’une manière douce et joviale

Le pokémon rose s’approcha alors de Kalian et tendit ses pattes tout en poussant un bref « Leuu ? » interrogatif mais particulièrement avenant afin que la dresseuse lui confie Alpha. Le pokémon feu changea alors de porteur et Marigold déposa avec toute la douceur imaginable le goupix sur le coussin rose et confortable disposé sur le chariot. Pendant ce temps Joëlle prêtait attention au jungko, toujours aussi prestement avant de faire remarquer :

« Je vois, rien de grave. Ce ne sera plus qu’un mauvais souvenir. Vous avez d’autre pokémon à nous confier j’ai cru comprendre ?
– Oh oui, un insécateur un peu amoché mais qui tiendra le coup. Par contre je me sens plus concerné par mon canarticho, il a reçu une morsure violente et il est exténué.
– D’accord, vous pouvez nous confier vos pokéball ?
– Bien sûr. Elisabeth fouilla rapidement. Ces deux là, et celle-ci c’est pour le jungko.
– Merci ! »

L’infirmière récupéra les trois balls et les installa dans l’étui à pokéball. Ceci fait elle reporta son attention vers les dresseuses.

« Ne vous en faites pas, ce sera réglé rapidement. Prenez le temps de vous reposer pendant ce temps. Elle leva ensuite une main sur le dos du Jungko pour l’inviter à la suivre, ce qu’il fit sans broncher et finalement Joëlle poursuivit. Allez on y va, laisse-moi passer devant Marigold, je vais ouvrir la porte.
- Leuu, Leuphorie ! »

Et les infirmières s’en allèrent, Joëlle prenant la tête en compagnie de Guevara, suivis par Marigold poussant le chariot où devait être confortablement installé Alpha et les trois pokéball, Crista fermant finalement la marche. Mais avant que cette dernière ne s’éloigne trop, Elisabeth l’interpella :

« Ah au fait Crista !
– Hmm ?
– Ca te dirais pas qu’on aille se boire un truc après, comme la dernière fois ?
– Oh… ah ! Désolée Elisabeth, mais je vais finir tard aujourd’hui, vraiment. Une prochaine fois peut-être ?
– Hmpfff ! Ouai sans doute.
– Bon... je dois y aller, à tout à l’heure ! »

Elle disparut pour de bon derrière la porte et Elisabeth se gratta la nuque avant de finalement hausser les épaules. Ce n’était que partie remise pour elle. Bon quand même… elle se demandait si Kalian se doutait de quelque chose. D’ailleurs maintenant qu’elles avaient le temps d’attendre, elles auraient le temps de discuter. L’enseignante proposa alors à l’élève :

« Je me prendrais bien un café moi pendant ce temps… tu veux boire un truc ? J’imagine qu’il y a le choix avec tout ces distributeurs... »

Encore beaucoup à dire.

Je hochai doucement la tête. Oui. C'était fantastique de pouvoir faire soigner ses monstres sans frais. Cela faisait partie des nombreuses choses que l'on prenait trop souvent pour acquis ─ que je prenais trop souvent pour acquis. Serais-je plus prudente en combat si la médecine Pokémon était moins accessible ? Sans doute. Je me permettais d'expérimenter diverses approches et stratégies non seulement parce que j'avais confiance en Alpha et moi, et conscience de nos limites, mais aussi parce que j'avais la certitude qu'une main secourable serait toujours disponible pour soigner les blessures et altérations de statuts subies par mon renard de feu.

— La prochaine fois je te laisserai affronter un sulfura hein ?

J'émergeai de mes réflexions. Une fois n'est pas coutume, la complicité entre l'enseignante et son Jungko m'arracha un sourire. Je secouai la tête et soufflai légèrement lorsqu'elle le bouscula, amusée.

— Roh allez j’déconne ! Allez détend-toi mon vieux. T’as quand même mis au tapis plusieurs dardargnan, c’est pas rien, hein Kalian ?
— Ah non, c'était même très impressionnant ! complimentai-je, admirative. En tout cas, si vous affrontez un Sulfura un jour, il faut absolument me prévenir. Je tiens à être aux premières loges, surtout s'il vient de Kanto.

Je n'étais qu'à demi sérieuse, évidemment. J'avais conscience que les chances de rencontrer et d'affronter un Pokémon légendaire étaient minces, voire infiniment minces ─ mais je ne pouvais m'empêcher de rêvasser un peu. Comment ne pas imaginer un tel combat ? Un monstre aussi agile et résistant que Guevara contre une telle force de la nature, incarnation du vent et des flammes ? Ce serait magnifique.

— Et puis Alpha s’est bien débrouillé aussi, il ne faut pas l’oublier. Héhé ! commenta Elisabeth, me ramenant sur terre à nouveau.
— Merci pour lui, dis-je en rajustant machinalement la position du canidé dans mes bras. J'ai de la chance, c'est un excellent Pokémon, tant…

Tant au niveau du potentiel que du comportement, aurais-je conclu si Crista n'avait pas choisi ce moment pour revenir, accompagnée d'une collègue et d'un adorable Leuphorie. La dame en question était une infirmière Joëlle ─ sa ressemblance avec la responsable du Centre Pokémon situé près de chez moi, à Winscor, était sidérante. Devais-je être rassurée qu'une experte se penche sur nos cas ou angoisser à cette même idée ? Ne sachant que ressentir exactement, je me contentai d'acquiescer à toutes les requêtes qu'on me présenta. Ainsi, je lui accordai, comme à Crista, la permission d'ausculter sommairement Alpha avant de le remettre à la dénommée Marigold. J'aimais bien l'attitude de ce Pokémon. Elle débordait d'une bonne humeur rassurante, presque contagieuse.

Je profitai de l'attention que la docteure portait à Guevara pour me pencher sur mon propre monstre et déposer un baiser rapide entre ses oreilles. De quoi le rasséréner et me rasséréner en même temps.

— Bon courage. On se revoit tout à l'heure, murmurai-je avec optimisme.

Je me redressai et ébouriffai gentiment son pelage avant de reculer. Mon Goupix secoua la tête, embêté. Il n'en demeurait pas moins confortable sur ce coussin et me semblait à un cheveu de s'assoupir à nouveau. L'angoisse du combat et le stress du diagnostic reculèrent petit à petit. Ce n'était pas dans ma nature de céder complètement à la peur, et dans ce contexte, j'avais conscience de n'avoir aucune raison de m'en faire. Alpha était entre de bonnes mains, tout comme l'équipe d'Elisabeth.

— Ne vous en faites pas, ce sera réglé rapidement. Prenez le temps de vous reposer pendant ce temps. (Petite pause, le temps d'adresser un geste au Jungko.) Allez on y va, laisse-moi passer devant Marigold, je vais ouvrir la porte.

Assentiment énergique du Leuphorie. Le groupe commença alors à s'éloigner, se dirigeant vers le fin fond de l'établissement. Avant que la troupe soit hors de portée, Elisabeth héla Crista. Je détournai le regard et m'appliquai à observer n'importe quoi lorsqu'il fut question d'aller boire un verre après le boulot. Ça ne me regardait absolument pas, ça. Mieux valait donner à la situation l'intimité dont elle nécessitait ; tout le monde ne se sentait pas à l'aise de recevoir une telle proposition en présence d'un tiers.

Je me perdis au hasard dans la contemplation d'un homme qui lisait tranquillement, installé sur l'une des chaises de la salle d'attente. Sur la chaise juste à coté se trouvait un Mentali qui, penché sur son dresseur, semblait tout aussi absorbé que lui par le bouquin qu'il tenait. Impossible de déterminer clairement de quel volume il s'agissait, distance oblige, mais le fond bleu sombre, les nébuleuses multicolores et les étoiles laissaient deviner un fragment d'espace. De la science-fiction, sans doute.

J'eus beau regarder ailleurs, j'entendis tout de même la conversation s'achever. Elle n'avait duré qu'un instant ─ le temps d'un refus courtois. Ce n'était que partie remise, apparemment. Enfin, ce n'était vraiment pas de mes affaires. Le roulement du chariot s'éloigna progressivement, tout comme le personnel médical impliqué. Quelques secondes s'écoulèrent, puis l'enseignante m'adressa à nouveau la parole.

— Je me prendrais bien un café moi pendant ce temps… tu veux boire un truc ? J’imagine qu’il y a le choix avec tout ces distributeurs...
— Oh euh… Si on déniche un thé glacé, je suis preneuse, répondis-je en survolant lesdits distributeurs du regard. Merci ! D'ailleurs, si vous voulez quelque chose à grignoter, n'hésitez pas. C'est la moindre des choses.

Personnellement, je comptais bien mettre la main sur le sachet de croustilles de plantain que je venais tout juste de repérer. Tout en cheminant vers les machines, je fis glisser mon sac le long de mes bras et réalisai que je n'avais toujours pas mentionné mon sweatshirt potentiellement ruiné à qui que ce soit. Meh, j'aurais le temps de revenir là-dessus quand les examens et soins auraient été faits et prodigués. En attendant, il ne nous restait plus qu'à nous détendre, comme l'avait suggéré l'infirmière Joëlle. Je relançai la conversation dans cette optique :

— Par Zacian… si on m'avait dit que j'assisterais ─ et participerais ─ à des combats aussi épiques peu de temps après mon arrivée, je ne l'aurais pas cru. C'était carrément fou, tout ça ! Le volet pratique des cours de stratégie va me sembler bien terne à coté.

J'accompagnai mes dires d'un rire et m'éloignai un moment, le temps de récupérer la nourriture convoitée. J'attendis patiemment qu'un enfant reparte avec sa tablette de chocolat, un sourire de pur bonheur aux lèvres, puis m'activai. Les grignotines en main, je retournai auprès de mon interlocutrice, prête à la suivre dans l'une des nombreuses aires de repos. Se poser un peu ne serait pas un luxe après tant d'action.

Choisir un thé glacé semblait pertinent comme rafraîchissement. Après en avoir sué face à ces pokémon sauvage c’était un bon moyen de se désaltérer. Mais ce n’était pas la boisson favorite de l’enseignante qui, de son côté, était bien trop abonnée à la consommation de caféine. En dose tout à fait modérée bien entendu, bien que cela ne paraisse pas vraiment quand on voyait l’énergie qu’elle semblait dégager sans arrêt. On aurait pu se dire qu’Elisabeth en consommait plus que de raison, or non. Elle rebondit sur la remarque de Kalian à propos d’un truc à grignoter.

« J’avoue… j’ai un peu la dalle, alors que pourtant j’ai donné que des ordres ! Haha. » avait-elle dit en toute franchise, d’un air amusé.

De leur côté les pokémon avaient déjà profité auprès du lac d’un repas gratuit aux frais du Rongrigou, hormis Lancelot qui était tombé de fatigue et n’avait pu manger aucune baie. Ce dernier aurait quand même droit à quelque chose de spécial quand il serait remis d’aplombs. N’oublions pas le cas des deux autres pokémon qu’elle conservait encore sur elle, eux non plus n’avaient rien mangé, mais ils ne le méritaient pas après tout. Il fallait à tout prix éviter de nourrir Attila et Drake n’importe comment, ceci pour des raisons de dressage évident, sinon ils seraient intenable et dépourvus de docilité.

Bref, pensant de nouveau plutôt à sa personne, la jeune femme brune reporta son attention sur un distributeur, jeta son dévolu sur une barre de céréale agrémentée de fruits, mais attendit son tour avant de se servir. Pour l’instant elle sélectionna son choix sur le distributeur de boisson. Ce serait un café long pour elle. Aussitôt choisi, aussitôt la machine roula des mécaniques. Un gobelet en plastique apparu, puis le liquide brun s’écoula, suivit enfin par une touillette. Pendant que son café se faisait servir, elle en profita pour réagir à ce que venait de dire son acolyte brune à propos du combat.

« Je pense que tu n’es pas au bout de tes surprises. Sur cette île apparemment les pokémon se développent mieux qu’ailleurs et ils sont donc plus robuste, d’ailleurs cela n’empêche pas qu’ils se battent pour profiter d’une grande partie des ressources. Ce que je veux dire, c’est que ce n’est pas parce qu’on dispose de ressources en grand nombre dans notre entourage, qu’il n’existe pas de déséquilibre. Ce Rongrigou semblait en être la preuve. J’avais l’impression qu’il taxait tout ce qu’il pouvait ailleurs afin de s’engraisser. D’ailleurs tu as vu que certains Dardargnan étaient plus imposant ? Autant dire qu’ils profitent bien ici. »

Ainsi armée de son café et de sa barre d’énergie, elle s’approcha d’un table haute et ronde, y déposa le gobelet fumant et s’empressa d’ouvrir l’emballage pour y croquer un morceau.

« Hmm ! Fit-elle la bouche pleine avant de mastiquer puis avaler, poursuivant ainsi. Oh d’ailleurs, en parlant de cours de stratégie, je dois t’avouer que je n’en ai jamais bénéficié, du moins pas de façon académique. J’ai appris principalement sur le tas. Même si j’avoue avoir quelques lacunes sur certains sujets, il ne me faut pas longtemps pour tirer une leçon de mes erreurs. La pratique y a que ça de vrai ! Maintenant je sais que je ne dois plus sous-estimer de gros rongeurs aux airs pataud. Haha !»

Elle regarda ensuite sa pokémontre, mais en réalité il lui tardait que son équipe revienne, et plus particulièrement son vieux camarade de type plante. Quand il n’était pas dans les parages elle n’arrivait jamais à être complètement tranquille, même si elle paraissait toujours avoir l’air aussi à l’aise. Sans doute un peu d’inquiétude, même s’il n’y avait pas lieux. Les infirmières faisaient très bien leur boulot. Outre l’inquiétude, c’était le léger manque. Elle avait bien trop l’habitude d’interragir avec Guevara, de ressentir sa présence, même si c’était le pokémon le plus calme et discret de la Terre. C’était comme si on lui enlevait un jouet des mains, parce qu’il fallait le réparer. Elle survivrait mais elle ne savait plus quoi faire de ses mains.

Elle but une gorgée de café, il était encore assez chaud. En tout cas ce n’était pas ce liquide brun qui allait calmait sa légère agitation. Elle pianotait répétitivement ses doigts sur la table sans pour autant être bruyante. Puis reportant son attention sur une table à proximité, elle observait un homme dont le visage était caché derrière un journal. On ne voyait que son fedora à la teinte cendrée en guise de chapeau, ainsi qu’un imperméable noir assez vintage qui le recouvrait et pour finir les gants de cuir de la même couleur recouvrant ses mains portant le feuillet. L’hebdomadaire intitulé « L’Horizon d’Edenia » montrait à la Une la photographie de la célèbre actrice de Kalos, Dianthéa, de profil et souriante, levant une main en face d’elle tandis qu’un Nirondelle se trouvait posé sur le dos de sa main. Le titre de la Une indiquait « Exclusif ! Interview de Dianthéa » en gros, suivit du sous-titre en plus petit indiquant « suite à son tournage du film ‘Un Nirondelle à fait le printemps’, qui se déroulait à Rivamar ces derniers jours». Un article qu’elle trouvait peu intéressant, car déjà elle ne regardait pas de film et n’était surtout pas intéressée par la presse people.

Finalement Elisabeth préféra regarder ailleurs et reporta son attention sur l’adolescente, tout en buvant une autre gorgée de café. Elle s’apprêtait à ouvrir la bouche pour dire autre chose, mais au même moment une voix de garçon teintée d’un bonheur qui semblait jaillir soudainement venait de s’exclamer :

« Ah putain enfin ! Je l’ai eu rang S ! »

Elisabeth tourna la tête en arrière et compris que le cri de joie provenait d’un des ado scotché à son téléphone. Ceux qui jouaient aux cartes à proximité interrompirent un instant leur activité et l’un d’eux se mit à pester :

« Raaah le chanceux, en plus c’est celle de l’event d’été en bikini !
- Hein ? Boarf, je trouve que c’est n’importe quoi sa poitrine, répliqua l’autre joueur de cartes.
- Bah oui forcément, toi t’aimes les loli alors bon… renvoya son interlocuteur. »

L’enseignante quitta cette scène d’ado aux hormones en ébullition, pour regarder de nouveau en face d’elle et hocha la tête de façon exaspérée, poussant un faible soupir.

« Ah les jeunes... »

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