Une rencontre dégoulinante [Miuna]

Étendue dans les hautes herbes de la prairie, je laissais les rayons solaires réchauffer ma peau. La matinée avait été agitée, donc cette pause était plus que bienvenue. Je ressentais des tensions dans tous les muscles de mon cou et mes épaules, conséquences directes de mon horaire surchargé. Je passai la main sur mes muscles tendus dans une vaine tentative de les détendre. Je fis rouler mes épaules qui protestèrent en émettant des craquements sourds. Le soulagement que j’en retirais était si bref qu’il était à peine perceptible. Une séance de massothérapie s’imposait, le problème c’est que je ne savais quand j’allais disposer d’assez de temps pour le faire. Je laissai la chaleur m’envelopper de sa douce étreinte. Cette sensation m’apaisait, m’emplissant d’une impression de légèreté. Pendant un court instant, je ne me concentrais que sur les sensations qui me parcouraient.

De l’agitation dans les hautes herbes me sortit de ma douce torpeur. Un joyeux grondement retentit près de ma tête et je sentis une langue bien baveuse sur mon visage. Je ne pus retenir une grimace de dégoût, alors que j’essayais d’enlever la salive de ma figure. Je me redressais sous les encouragements d’Hypérion qui me lécha à nouveau la face. Mon pokémon avait la manie de manifester son attachement de la façon la plus dégoulinante qui soit. Avec lui, les moments de quiétudes étaient de courtes durées. Parfois, son enthousiasme pouvait gruger de l’énergie, mais je n’échangerais mon pokémon pour rien au monde. Nous nous complétions de la meilleure manière qui soit.

Je repoussai gentiment la bête à l’affection dégoulinante. Le pokémon fossile se laissa tomber sur le derrière, la mine penaude. Comme pour s’assurer que je ne lui tenais pas rigueur ou s’excuser de son comportement excessif, il me lécha délicatement la main. Il se pelotonnait contre moi. Un sourire étira mes lèvres puisque je savais que ce moment de répit ne durerait que quelques minutes, enfin jusqu’à ce que quelque chose stimule sa curiosité. Je m’amusais à faire le décompte dans ma tête, je me rendis à 45 secondes ce qui était déjà un exploit lorsque son corps se tendit à nouveau. En moins de temps qu’il n’en faut pour le faire, il se dressa sur ses pâtes et repartit à l’exploration de l’étendue herbeuse. Il ne s’était jamais démarqué par sa discrétion, au contraire je pouvais suivre sa progression sans grandes difficultés.

Je me résignai à quitter ma couchette improvisée pour suivre mon pokémon, afin de m’assurer qu’il ne s’attire pas des ennuis. La dernière fois qu’il s’était éloigné, il avait provoqué la colère d’une nuée de Dardagnan. Je ne souhaitais qu’une mésaventure du même acabit se reproduise. Je ne savais pas ce qui avait retenu l’attention de mon pokémon, mais je ne voulais pas le découvrir lorsqu’il serait trop tard. À l’aide mon ouïe rendue plus sensible, je suivis la piste sonore d’Hypérion. J’entendis les grognements enthousiastes de mon ptyranidur. Je plissai les yeux pour tenter de voir quoique ce soit, mais ma vision en tunnel de plus en plus étroit m’empêchait de déceler ce qui se passait. Je percevais la présence d’une autre personne distinguant une silhouette.

— Qui est là? Est-ce que tout va bien, m’enquis-je légèrement inquiète.

En réalité, ce qui avait attiré l’attention d’Hypérion était une jeune fille aux cheveux foncés. Incapable de se contenir, le ptyranidur s’était jeté sur elle pour lui faire de grosse léchouilles dégoulinante d’affection. Inconscient de son imposante stature, il ne réalisait pas qu’il pouvait être effrayant pour un inconnu de voir un dinosaure se ruer sur soi.