Traverse houleuse [PV Klaus et Meera]

La croisière se passait plutôt bien. J'étais arrivée tôt et je profitai maintenant du soleil qui reflétait contre l'eau azure de l'endroit où nous nous trouvions. Je ne connais pas le nom du bateau, d'ailleurs. Je me contente de profiter de son allure et de ses bénéfices : je peux me promener librement avec Ravena dans mes bras. Elle amuse certains et en effraie d'autres, mais moi, je l'aime très fort. Elle est ma plus précieuse amie, une véritable soeur. C'est un lien qu'on pourrait difficilement contredire lorsqu'on nous voit toutes les deux ensemble. Elle est lovée dans mes bras, dormant paisiblement pendant que mon visage bronze lentement. Je ressemblerai peut-être à un Écrapince demain, mais au diable. Je profitai du moment sans qu'on ne puisse m'en empêcher et ça, les amis, c'est ce mystère de la vie appelé la liberté.
Liberté. Ce mot est impossible à saisir pour certains, mais essentiel pour moi. Je me suis toujours retrouvée qu'avec ma mère et ses petits-copains, mais ceux-ci ne durent jamais bien longtemps. Ils avaient pour excuse les visions horribles que ma tendre Ravena leur faisait subir - j'ai toujours trouvé ça drôle, qu'ils disent avoir vu des horreurs. Quels menteurs!

Ma Mimiqui est sagement contre moi, elle est un peu plus réveillée, maintenant. « Alors, on se réveille, princesse? » Je lui caresse la tête en l'entendant grommeler dans ce caractéristique son qu'elle produit lorsqu'elle s'exprime. Je m’approche du pont où tout le monde semblait profiter du temps merveilleux et ma Mimiqui s’étire, grommelle, et repart dans un sommeil mystérieux. Je souris et je sens deux regards se poser sur moi. Avant même que je ne puisse agir et me retourner, l’un d’eux se déplace à mes devants et me fait face. Il est beau, c’est indéniable. Le jeune homme est suffisamment grand pour me dépasser, ce qui est un véritable miracle. De nos jours, rares sont les jeunes femmes aussi grandes que moi, et je fais rapidement une taille égale à celle d’un jeune homme en croissance. Lui est sensiblement plus grand et il a des cheveux foncés. Il a un sourire qui charmerait même la plus insensible des femmes et une façon de s’exprimer… Inhabituelle. Sirène? Il me traite de Poissirène, là ? J’ai une tête de poisson ? « Merci, je pense. Errrrr... » Je suis flattée. Visiblement, j’ai mal compris ses intentions. Il est véritablement charmant. « Meera. Je suis Meera. Enchantée également, puis-je -- » Avant que je ne termine ma phrase, on vient nous interrompre et une main se pose sur mon épaule.

Je sursaute et Ravena le sent. Elle se tourne et voit les deux garçons, le deuxième étant aussi beau que le premier. De blonds cheveux et un long peignoir qui laisse libre l’imagination quant à ce qui se trouve en dessous, il a tout pour faire rougir les femmes. Je la calme en lui caressant une oreille et elle ronronne presque dans mes bras. « Oh. Bonjour. Je vous présente Ravena, ma Mimiqui. Je suis Meera. » Je suis rouge jusqu’aux oreilles, j’en suis certaine. Nul besoin d’attendre à demain pour ressembler à un Écrapince. « Et vous exagérez, je suis certaine que de plus belles sirènes se trouvent sur ce navire... » Je retourne le regard, cherchant un échappatoire à la situation. Mais le seul est une piscine proche et je ne pense pas que ça arrangera les choses. Avec un geste subtile, le second, Klaus, me tend un bout de papier que je prends sans poser de questions. Bon sang, Meera. On pourrait te tendre une bombe qui explosera dans cinq minutes et tu la prendras quand même sans te méfier.
« Oh, vous êtes tous les deux de futurs étudiants aussi? » Je décide de jouer le jeu et de leur offrir mon plus beau sourire. Je remets une mèche de cheveux derrière mon oreille. J’empoigne une fraise qui se trouve sur un plateau non loin et je la déguste devant leurs regards avec un sourire charmeur. « J’étudierai en élevage. Et tous les deux? » Autant leur poser la question, puisqu’on en est là. Je continue cependant mon jeu de séduction puisqu’ils font la même chose et je sens que cette situation pourrait très vite être… Étrange. « D’où venez-vous? », continuais-je avec un sourire faible et en continuant de marcher un peu plus loin. Je m’approche davantage du bord du bateau pour admirer les Pokémon marins qui se trouvent dans les abysses bleues. Ils sont magnifiques, dans leur habitat naturel. Nous apercevons des Lokhlass qui se déplacent en bande et je suis complètement captivée, ne portant plus beaucoup attention aux deux garçons qui sont restés un peu derrière.

Honnêtement, la situation amuse beaucoup Meera, qui se plaît bien à avoir deux hommes qui tentent de s'arracher son attention. Apparemment, Leon et elle sont dans le même cursus, celui de l'élevage. Elle est un peu surprise, à nouveau, par sa façon de s'exprimer mais elle le laisse faire, un sourire aux lèvres. « Je pense que nous avons le même âge. Pitié, tutoies-moi. Je ne suis pas encore assez vieille et ridée pour être vouvoyée. », qu'elle s'esclaffe de son rire cristallin. Ravena observe le spectacle, un peu intimidée par les jeunes hommes qui viennent quémander et tourner autour de sa dresseuse. La Mimiqui est un peu possessive, et si elle n'est pas très grande, elle est très forte pour son âge.

Lorsqu'il lui demande d'où elle vient, Meera ne peut répondre avant que Klaus n'intervienne. Sa phrase la fait rire aux éclats, elle ne s'attendait pas à une telle spontanéité venant du jeune homme. Elle est agréablement surprise et lorsqu'elle part sur le pont, il la suit pour assumer qu'elle vient de la belle région de Sinnoh. « Oh, j'n'en suis pas très loin, mais je viens d'Alola. » L'archipel lui manque beaucoup, déjà. Surtout le climat. Elle n'aime pas beaucoup les températures froides. « Mais c'est très gentil, merci. Si on m'avait dit qu'à ma première journée je rencontrerai deux charmants jeunes hommes, je ne l'aurais jamais crû. » Elle repense au dessin du jeune Klaus et elle rougit un peu. Il l'a dessinée avec une telle aisance. Elle est flattée, vraiment. « Qu'est-ce qui t'a inspiré à vouloir devenir ranger? Et toi, Leon ? Pourquoi devenir éleveur? » Elle sourit un peu plus, regardant l'horizon, laissant le vent s'entremêler à ses cheveux brillants.

« J'ai toujours voulu avoir ma propre ferme, avec mon élevage. Je pense élever des types fée, spécifiquement. Peut-être des types feu, aussi... » Elle pense avoir une magnifique Nymphali un jour, et pourquoi pas une jolie Gardevoir, aussi. Il y a tant de possibilités dans ce monde. « Vous avez des types préférés? J'adore les fées depuis que je suis enfant. C'est pour ça que ma mère m'a offert Ravena... Mais l'histoire des Mimiqui est bien triste. Vous savez, on dit d'eux qu'ils ont tellement été rejetés par la popularité de Pikachu qu'ils cherchent à leur ressembler... Mais que personne n'a jamais vu leur véritable identité. » Ravena tournoie un peu autour de la tête de sa dresseuse pour venir se poser sur sa tête par la suite, faisant remarquer que sous ce costume, c'est un peu sombre. Mais Meera, habituée, ne le relève pas et se contente de continuer à regarder la mer, pensive.

Mais où était donc Gaston? Comment l’autre idiot avait-il réussi à s’en débarasser aussi facilement? Du coin de l’oeil, Leon le vit courir en direction d’un Queulorior qui se faisait griller sur un chaise longue, juste à coté d’une table sur laquelle reposait… Un morceau de gâteau. L’imbécile s’était fait avoir par l’estomac.

Un apprenti ranger qui venait de Kalos. Leon poussa un grognement. Ses origines expliquaient grandement son attitude hautaine, les Kalosiens étant reconnu pour être des gens prétentieux et chiants. Quant à son cursus… Leon détestait les rangers, pour la plupart des écologistes qui aurait voulu que l’on interdise la chasse au Phogleur, alors que leur viande possédait des caractéristiques incroyables!

Une petite victoire pour le jeune Baker fut de voir l’autre se planter en essayant de déterminer la région d’origine de la jeune dame. On ne fait pas plus différent que Sinnoh et… Alola! Intéressant, une beauté des îles! Sa famille possédait une résidence secondaire là-bas et il y avait passé plusieurs vacances d’hiver pendant sa jeunesse.

”Aaaah belle Alola! Les magnifiques plages de Mele-Mele et les monts de Ula-Ula, des paysages réellement féeriques!”

Petit clin d’oeil, elle venait d’Alola, elle adorait les types fées, v’m’suivez? Hum, passons.

”Mon ambition pour devenir éleveur est simple, je veux devenir un maître cuisinier et je veux que les pokémons comme les humains puissent apprécier ce que je leur prépare! Côté humain, pas pour me vanter, mais peu cuisine comme Leon Baker… Côté pokémon par contre… C’est là que la formation entre en compte.

Il haussa les épaules, comme si il ne pouvait rien y faire pour l’instant. Oui, il avait choisi un peu plus tôt de ne rien dire, mais quand on lui demandait ses aspirations, c’était plus fort que lui, il ne pouvait pas s’arrêter.

”Quant à un type particulier… Les pokémon eau sont particulièrement bon en sushi, sinon, les types feu, bien que très assaisonné, ont un petit goût particulier!”

Nouveau clin d’oeil. Il réalise son erreur et le sens réel de la question, sourit un peu, a l’air con.

”Euh, en vrai, pas de préférence, un bon éleveur doit euh… Pouvoir s’adapter à tout.”

Bien rattrapé, champion.

Elle leur raconta ensuite les histoires qui entourait son pokémon, Mimiqui. Pas étonnant qu’il ait d’abord cru que c’était une peluche, si celui-ci essayait justement de ressembler à Pikachu. Bon choix d’ailleurs, un pokémon assez mignon et dont la viande n’est pas très populaire, on ne risque donc pas de se faire chasser par erreur. Son propre Goinfrex n’avait pas une histoire aussi intéressante, il décida donc de se taire, mais une autre question lui brûlait les lèvres, il se lança donc.

”C’est bien beau, le cursus et tout ça, mais pourquoi est-ce que tu… Il lança un regard vers Klaus, soupira. Pourquoi est-ce que VOUS avez choisi Gakuen? Il n’y avait pas d’autres écoles plus près? Moi-même je me demande encore ce qui m’a poussé à m’exiler si loin plutôt que d’aller par exemple dans un académie Unysienne à quelques heures de chez moi… Qu’est-ce qui nous attire là?

Il rapporta son regard vers l’horizon où l’on commençait à distinguer nettement la silhouette d’une bande côtière. Leur arrivé sur l’île d’Edenia ne saurait que tarder…

Alors là, je m’étais gourré sur toute la ligne. J’avais eu à peu près une chance sur cinq de ne pas me tromper. Jamais je n’aurais cru que c’était Alola.  Je faisai balancé mes jambes tranquillement, regardant le Goinfrex juste prendre le gâteau et le manger, sans déranger mon ami Pableau. Pauvre gâteau, si rapidement disparu dans l’estomac de cette créature.

Elle nous demanda à Leon et moi quelles étaient nos motivations à devenir éleveur et ranger. Pour sa part, elle voulait avoir une ferme de pokémons fées. Leon, lui, Veut devenir un maître cuisinier. Curieux, je l’inspectai davatage. Il ne me donnait certainement pas l’impression d’être un cuistot, seulement un gosse de riche prétentieux. Après, comme dirait le grand Oliver; “Il ne faut pas se fier aux apparences…”

“Pour ma part, je veux être en mesure de protéger l’environnement, la faune et la flore, les merveilles de la nature. Et je n’ai pas vraiment de type préféré."

Leon commençai à dire qu’il aimait bien les pokémons eau en sushi ou la viande de pokémon feu était particulière. L’idée de manger des sushis et de la viande me répugnai légèrement, mais je fis attention à ne pas le laisser paraître. Après tout, il était en droit d’avoir sa propre opinion et je n’allais pas lui faire la morale parce qu’il aime bien manger de la viande. Je suis un jeune homme bien élevé, moi.

Réalisant que ce n’était pas vraiment la question que Meera avait posé, il reprit avec un petit sourire un peu naïf. Je retins un petit rire à sa réponse pour la moins confiante. Est-ce qu’il venait de dire que Meera ne serait pas une bonne éleveuse parce qu’elle avait une préférence. Le boulet.

Meera nous raconta l’origine du Mimiqui. Pauvre petite créature, rejeté par les gens parce qu’elle était hideuse. Je ressentis une petite pointe de pitié envers la chose, aucune créature ne devrait se faire rejeter par cette simple raison. Prenez exemple sur Leon, il était moche, mais j’allais pas lui dire de s’en aller pour autant.

D’un petit saut, je descendis de mon perchoir pour voir ce que mes camarades regardaient. Leon prit la parole, nous demandant pourquoi nous avions choisi Gakuen et pas une académie dans notre propre région. Ce questionnant lui-même sur ses motivations.

“Bah, je vais à Gakuen parce que mon frère avant moi y a été.”

Je pris une petite pause pour y réfléchir.

“Je suppose, également, que j’avais besoin d’un peu de liberté, ni plus, ni moins. “

L’île s’approcha relativement assez rapidement. Pableau était problème en train de dormir et je devais aller ramasser les trucs dans ma chambre. Je m’approchai de Meera pour lui faire la bise, comme on faisait si bien à Kalos. Après, je m’approchai de Leon et je lui fis également la bise, bien que je pouvais voir sur son visage un petit air de dégoût, c’était amusant de le taquiner de la sorte.

“Je pense qu’on arrive bientôt à Edenia, je vais devoir aller me préparer.” Je partis vers ma chaise longue pour aller réveiller Pableau, je me retournai une dernière fois. “Hey, n’oubliez pas que vous avez mon numéro, si jamais vous avez besoin de quoi que ce soit !”

Je passai aux côtés du Goinfrex qui revenait vers son maître, tâches de chocolat au visage. Je lui fis un petit high five au passage avant de réveiller Pableau d’un petit coup amical. Il ramassa ses choses et nous partîmes en direction des chambres.