« Mon cardio laisse à désirer. » | Ft. Ifrit

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« Mon cardio laisse à désirer. »

Ft. Ifrit

Un soleil clément se dressait dans ce ciel d'automne. Il était à presque midi quand Ketan arriva devant le portail de l'académie. Jusque-là, les choses avaient été des plus compliqués. Il n'aurait jamais soupçonné qu'il ne supportait pas le bateau. Pourtant, il avait passé le trajet, la tête au-dessus de l'eau, luttant pour ne pas vomir le peu qu'il avait mangé la veille. Le liquide azur avait été son seul paysage pendant le voyage et le cri strident des goélises, un son libérateur, annonciateur de la fin de son tourment. Une fois les pieds sur la terre ferme, un soulagement se fit entendre. Malheureusement, ce n'était que le début de la galère. Il rejoignit directement l'académie. Mais une fois arrivé il lui fallait aller poser ses bagages dans sa chambre. L'idée de parler à un autre être humain ne l'enchantait pas. Pas du tout même. Il avait déjà assez souffert pour ne pas s'infliger le supplice d'entrer en contact avec quelqu'un. Il agrippa la lanière de son sac fermement, puis pivota sur le côté droit. Il allait d'abord se promener un peu.

Sa main passa dans ses cheveux avant de venir replacer son casque. Il sortit ensuite ton baladeur puis monta alors le son de sa musique pour être sûr que personne ne viendrait le déranger. Une fois ses préparatifs terminés, il entama sa marche vers la forêt qui bordait l’académie. Il s’éloignait de plus en plus de l'académie et le décor se remplissait de plus en plus d'arbre. Un vif brise vient caresser son blazer. Il sentit un léger frisson et eut comme réflexe de se frotter les bras dans le but de se réchauffer un peu. Ses pas n'avaient pas de destination finale. Seulement un but. Ne croiser personne. Ce qu'il réussit plutôt bien à faire. Après une trentaine de minutes il s'arrêta au milieu du chemin qu'il avait décidé de suivre. Il attrapa son casque avec une seule main et l'abaissa jusqu'à le faire retomber sur ses épaules. La musique qui s'en dégageait était si forte que l'on pouvait l'entendre sans l'avoir sur les oreilles. Ketan fixa un point entre deux frênes. Des bruissements s’en dégagèrent. Même si ceux-ci étaient étouffés par le bruit de la musique ils restaient perceptibles. Le jeune dresseur se rapprocha alors, par simple curiosité mais ne vit qu’un amas de flamme souple et rapide s’enfoncer encore plus dans la forêt.

Un réflexe ? Un geste instinctif ? Non, Ketan n’était pas un pokémon. Pourtant il était bien entrain de courser cette forme flamboyante au travers de bois inconnus. Au moment où l’ombre quitta son buisson, le dresseur avait, presque instantanément jeter ses bagages par terre pour entamer à son tour sa course. Sa condition physique allait en pâtir. Il faisait en sorte de prendre son appui le plus loin possible. Allongeant ainsi un maximum ses foulées. La bête semblait bien plus puissante et endurante. Sans l’avoir vu il le sentait. Les flammes gracieuses qui ondulés entre les arbres. Une course que rien ne semblait perturber. Il ne pouvait s’agir que d'Ho-Oh ! Seul ce pokémon était capable d’exprimer un tel force par son seul déplacement. Alors que Ketan commençait à s’essouffler, l’écart entre eux se creusa. Il peina à éviter les quelques racines postées au milieu de son chemin. Ses mouvements se firent plus lents.La fatigue le touchait déjà. Il fallait dire que le sport n’était pas sa matière préférée. Il était plutôt du genre à travailler son esprit plutôt que son corps. À cet instant, il le regrettait fortement. Un souffle lourd se dégageait de sa bouche entre deux déglutissements. Les muscles de ses jambes commençaient à le faire souffrir. Par chance, la forêt finit par aboutir sur une prairie. L’herbe rêche et les racines laissèrent place à un sol verdoyant et lumineux. Le pokémon traqué finit par s’engager également dans cette prairie. Une chance pour le garçon qui pourrait enfin connaître l’origine de ce qu’il poursuivait. Malheureusement, le passage de l’ombre des arbres à la clarté du soleil ne se fit pas sans mal. La dernière racine eut raison de sa course frénétique. Il se prit le pied droit dedans, puis le tout chuta. Un basculement du buste vers l’avant entraîna le reste de son corps. L’impacte avec le sol était inévitable. Ketan essaya de se rattraper tant bien que mal en courbant sa trajectoire pour atterrir sur le flanc gauche. Cela eut pour effet, juste après un atterrissage sévère sur les côtes, de le faire rouler sur deux bons mètres suivant l’impact, lui faisant perdre ses lunettes au passage. Le jeune dresseur se crispa de douleur. Regrettant, maintenant plus que jamais, d’avoir quitté sa chambre à Rosalia pour étudier dans cette école débile. Il relâcha alors ses muscles et redressa son buste pour regarder le pokémon arrêté quelques pas plus loin. Il s’agissait un galopa au pelage crème. Imposant de par sa taille mais aussi sa carrure. Une corne aiguisée ornait le front de la bête. Ketan prit un instant pour admirer sa crinière de feu chancelante sous la brise qui parcourrait la prairie. Ce pokémon donnait l’air d’être puissant et dangereux. Le dresseur se tourna donc. Il plaça son dos contre le sol, la tête dans l’herbe et la main devant les yeux, pour éviter d'être à nouveau aveuglé par les rayons du soleil, avant de dire avec agacement :

- « Tout ça pour un gros Ponyta avec une corne. Stupide pokémon ! »

Il prit un instant pour réfléchir à son choix initial. Courser le pokémon était de base une mauvaise idée. Ho-Oh est un oiseau légendaire. Il ne pouvait se trouver dans une simple forêt hautement fréquentée aux abords d’une académie de dresseur. Son raisonnement était erroné à la base. Il ferma sa main pour former un poing avant de se donner un léger coup sur le front. Mais il n’avait eu que peu de temps pour réagir. C’était la seule excuse qu’il arrivait à trouver pour son comportement qu’il jugeait plus que stupide.

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FEU BLANC

Ifrit surplombait le troupeau qu'elle guidait du haut de la colline, ses membres paissant paisiblement, chacun gardant un œil alerte à tour de rôle sur leur environnement. Sa poitrine se gonfla de fierté et son feu sembla rugir de plus belle en adéquation avec son sentiment envers son groupe. Le soleil les toisait depuis son pique céleste de cet après midi et la jument jugea son troupeau apte à se débrouiller sans aile pour le restant de la journée. Elle hennit alors brièvement pour les alerter de son départ et fut satisfaite des réponses qu'elle reçu en retour, lui permettant de partir l'esprit tranquille.
Elle débuta sa marche au pas, avant d'accélérer pour brûler l'énergie qui faisait rugir ses crins de feu, ses sabots martelant l'herbe de la prairie pour la mener plus vite que le vent aux abords de la forêt. Les obstacles qui se dressèrent sur son chemin la firent ralentir, mais jamais elle n'arrêta son galop libérateur, zigzaguant entre les troncs et sautant au dessus des racines et des arbres abattus. Les petits pokémons évitaient intelligemment d'être en travers de sa course et les plus gros laissaient apparaître une tête curieuse pour voir qui traversait la forêt ainsi.

Elle ne tarda pas à cette allure à atteindre le grand bâtiment qu'habitaient les humains, freinant des quatre jambes en même temps et soulevant un nuage de poussière dans son sillage alors qu'elle soufflait bruyamment une fois à l'arrêt. Elle leva ses grands yeux rubis vers l'endroit d'où allaient et venaient les humains avant de tourner sa tête vers la droite, longeant la forêt en expirant de longs souffles satisfaits après son effort qui la faisait frémir d'impatience. Elle désirait ardemment trouver un challenger pour une course, un challenger autre que les membres de sa harde. S'ébrouant, elle s'éloigna de l'Académie et marcha au travers de la forêt en ignorant certains pokémons curieux qui s'approchaient et s'éloignaient dans un ballet habituel, quelques types feu plus téméraires profitant de sa présence pour se percher sur son dos et profiter de la balade.

Ifrit erra ainsi un long moment jusqu'à ce que ses oreilles se tournent curieusement vers la source d'un bruit se rapprochant, lui faisant tourner une tête curieuse vers la limite de la forêt et vit alors un humain se balader. La scène n'étant pas nouvelle pour elle, Ifrit reprit sa route à travers la forêt, remarquant pourtant bien vite qu'elle avait un bruyant poursuivant. Elle accéléra alors la cadence jusqu'à un petit galop, maintenant une vitesse constante qui finit malgré tout par distancer son poursuivant. Leur arrivée dans un espace dégagé lui permis d'arrêter sa course à quelques mètres de la forêt pour enfin avoir un aperçu de son poursuivant qui n'était ni discret ni une véritable menace.

Elle vit débouler - et c'est le cas de le dire - l'humain qu'elle avait entendu un peu plus tôt. Elle l'observa chuter et s'arrêter à tout juste trois mètres d'elle, brièvement se relever pour l'observer puis retomber. Elle l'entendit dire quelque chose qu'elle ne comprit et ne s'attarda pas dessus, à la place elle préféra s'inquiéter qu'il ne se relève pas. Les jeunes qui tombaient dans son groupe se relevaient aussitôt car rester au sol était une dangereuse position de faiblesse quand personne ne les protégeaient. Alors elle émit un son inquiet pour le jeune. Toute fière et bouillante qu'elle était, Ifrit n'avait eu aucun désir de blesser le curieux humain.

Elle fit quelques pas pour se rapprocher de lui en évitant ce qu'il avait laissé tombé dans sa chute et sa tête apparue pile au dessus du visage de l'humain, naseaux à quelques centimètres de sa peau alors qu'elle se permis de souffler puissamment en échappant quelques braises en même temps, ses yeux scrutant ses réactions. L'humain avait après tout un étrange comportement à rester couché par terre après sa chute.
Ifrit ouvrit alors la bouche et se saisit de la crinière de l'humain pour tirer un coup dessus dans l'espoir de le faire se relever, appliquant les même méthodes qu'au poulains récalcitrant à se relever après une chute de peur de retomber. Après tout, elle ne savait pas faire la différence entre les humain dans leurs âges. Elle ne pouvait différencier que les tout petit, des jeunes, des adultes et des vieux. Et les tout jeunes, les jeunes et les jeunes adultes restaient un mystère pour elle.
Peut être avait il un problème ?

Elle émit un son impatient en le fixant.

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Ft. Ifrit

Le vent glissa sur son corps. Immobile, Ketan ne prêta plus attention au pokémon sauvage. Il était occupé à penser à la raison de son acte. Il était conscient que son physique ne l’avantageait pas dans une quelconque épreuve sportive. Il détestait même ça, le sport. Une discipline inventée pour les élèves trop idiots pour obtenir la moyenne dans les matières classiques. Ce qui n’était pas son cas bien évidemment. Il jugeait son esprit bien plus perspicace et plus compétent que le commun de la plèbe. Il n’avait donc jamais eu le besoin, ni même l’envie, d’entraîner son physique. A contrario, si ce pokémon était un homme. Il cartonnerait en sport. Le jeune garçon souffla lourdement. Sa course frénétique lui avait provoqué un point de côté. Il posa une de ses mains sur le bas de son ventre, légèrement en dessous des côtes. À l'endroit même où le manque d’oxygène lui provoquait des douleurs abdominales. Avec cela, il en était convaincu. Le sport est dangereux. Alors qu’il essayait de reprendre son souffle tranquillement, un hennissement retentit. De toute évidence le pokémon était toujours là. Ketan, légèrement agacé par le son émis, lui exprima son désaccord :

- « Ferme là. Laisse-moi reprendre mon souffle. »

Il changea sa mains de place. Celle qui se tenait sur son point de côté vient se placer contre sa carotide. Il se mit alors à écouter ses battements de cœur. Après cet effort, son rythme cardiaque avait grandement augmenté. Il ferma les yeux, prit une courte inspiration avant d’expirer longuement et bruyamment. Il réitéra l’action jusqu’à qu’il sente son cœur battre moins vite. La douleur abdominale disparue petit à petit. Cela prit quelques minutes au cours desquelles le gros ponyta s’était rapproché dangereusement de lui. Ketan sentit un souffle puissant sur son visage. Il rouvrit les yeux presque immédiatement avec stupeur et effroi. Le pokémon se trouvait à quel centimètre de son visage. Le scrutant, interrogatif. Le dresseur essaya de se sortir de cette situation qui le gênait plus qu’elle ne l’énervait. L’équidé vint attraper les cheveux du dresseur qui se tenaient à sa porté puis tira légèrement dessus. L’action ne dura qu’un instant. Le dresseur se redressa rapidement pour se tenir assit par terre. Alors que le pokémon hennit d’impatience Ketan s’énerva face à ce contact injustifié.

- « Tu ne me touches plus jamais ! » Lui hurla-t’il avec un air sérieux.

Il passa une main dans ses cheveux avant de constater que la salive de la bête y avait été déposé. La quantité était moindre, négligeable. Mais cela le dégoûtait quand même au plus haut point. Il afficha son expression de dégoût sur son visage en fixant la main qui avait été en contact avec la substance visqueuse. Il secoua légèrement sa main avant de l’essuyer brièvement dans l’herbe. Il se releva doucement. Posant une main sur le sol sur laquelle il prit appui, donnant une légère impulsion à son corps pour l’aider à se redresser avant de poser sa seconde main sur un genou avant de relever son buste. Il se tenait droit face au pokémon. C’était la première fois que Ketan se trouvait devant un pokémon aussi grand. L’intimidation qu’il aurait pu ressentir face à une bête de cette envergure était balayé par la rage qu’il ressentait à cause de leur récent contact.

- « Pourquoi restes-tu là ? Va-t'en ! » Lui annonça-t-il en se tournant face à la forêt par laquelle ils étaient arrivés. « Et moi, pourquoi je parle à un foutu pokémon ? »

Il s’agissait d'une question rhétorique. De toute manière, personne n’était capable de répondre à sa question. Il avait l’habitude de voir sa famille parle aux pokémon comme s’ils les comprenaient. Ketan ne voyait pas l’intérêt. Certes, dans les livres il était écrit que la parole était le moyen le plus rapide et pratique pour interagir avec ces êtres et que même s’il ne parlait pas le même langage, les pokémon comprenaient. Pour le jeune dresseur cela semblait stupide. Il s’agissait plus d’un réflexe que d’une croyance en la capacité de ce gros ponyta à comprendre ses paroles. Il avança de quelques pas vers le lieu de chute, cherchant ses lunettes dans l’herbe verdoyante.

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